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L'excision en Côte d'Ivoire

Mémoire : L'excision en Côte d'Ivoire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Janvier 2020  •  Mémoire  •  3 902 Mots (16 Pages)  •  1 005 Vues

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INTRODUCTION

Une excision est, dans son sens le plus général, l'ablation d'une partie de tissu biologique. Le terme est plus communément utilisé pour désigner l'ablation du capuchon du clitoris voire du clitoris en entier, pratique également connue sous le nom de mutilation génitale féminine (MGF).

Cette pratique des mutilations sexuelles en Afrique en général et en Côte d’Ivoire en particulier a été l'objet de plusieurs études. Celles-ci ont permis d'appréhender les facteurs sanitaires, économiques, sociaux, culturels et même environnementaux qui expliquent cette pratique.

Malgré la prise en compte des résultats de ces études dans les programmes et politiques de sensibilisation et de son éradication, certains pays Africains, en particulier la  Côte d’Ivoire continuent de pratiquer  la mutilation génitale féminine (MGF).

. Il s'avère alors nécessaire de poursuivre les recherches sur de nouveaux aspects de cette pratique en vue de cerner d'autres fondements de l’excision des femmes ainsi que les variables qui concourent à sa persistance. C’est dans ce souci que nous avons choisi de réfléchir sur le thème intitulé "l’excision des femmes Africaines, cas de la Côte d’Ivoire" dans le cadre de notre mémoire pour l'obtention du diplôme de fin d’étude.

Dans la suite de notre recherche nous verrons les motivations et les populations exposées à la pratique, les risques qu'encourent ces populations et les actions menées par le gouvernement  Ivoirien et les ONG en vue de soutenir les victimes et éradiquer cette pratique.

Le présent mémoire s'articule autour de trois chapitres. Le premier expose la prévalence des MGF en Côte d’Ivoire. Le deuxième est consacré aux différentes  motivations qui poussent  les populations à la pratique de l’excision et les risques qu'encourent les victimes. Enfin, le troisième chapitre traitera le cadre juridique et institutionnel et l’attitude face à cette pratique.

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LA PREVALENCE DES MGF EN COTE D’IVOIRE

CHAPITRE 1 : LA PREVALENCE DES MGF EN COTE D’IVOIRE

  1. LA PREVALENCE DES MGF EN COTE D’IVOIRE

Selon les derniers chiffres du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF, 2016), le taux de prévalence de l’excision est de 38% pour les femmes âgées de 15 à 49 ans. Ce chiffre tombe à 10% pour les filles de 0 à 14 ans.

Si en 2013, le tiers des femmes ivoiriennes étaient excisées, cette proportion ne reflétait pas une réalité homogène sur l’ensemble du territoire. Les variations demeurent très importantes selon les groupes ethniques et le niveau d’éducation des parents. Il apparaît que le lieu de résidence n’est pas un critère déterminant : parmi les filles excisées âgées de 0 à 14 ans, la prévalence de 10% est stable en ville comme en zone rurale. De même, un seul point de variation était observé entre les personnes considérées comme riches et celles considérées comme pauvres. Plus de la moitié des excisions ont été pratiquées sur des fillettes de moins de 5 ans.

L’enquête de démographie et de santé (EDS-MICS) conduite par les autorités ivoiriennes en 2011 et 2012 concluait que l’excision restait une pratique courante chez les femmes musulmanes (64%) et les femmes animistes (42%).

Selon l’historienne Sophie Bessis, en 2004, la prévalence pour la population urbaine ivoirienne était de 40% tandis que la population rurale était concernée à 48%. Le taux de prévalence augmentait jusqu’à 61% pour les femmes analphabètes. 27% des femmes ayant un niveau d’instruction primaire étaient excisées tandis que 17% l’étaient parmi celles qui avaient un niveau secondaire ou supérieur.

Les MGF sont aujourd’hui très répandues chez les femmes musulmanes (80%), qui représentent le tiers de la population féminine totale, elles sont courantes chez les pratiquantes des religions traditionnelles (environ 40%), et plus rares chez les chrétiennes (moins de 20% en moyenne, mais ce chiffre est plus important à l’Ouest). Ces différences s’expliquent moins par la religion que par le fait que les ethnies chez qui les MGF sont traditionnellement pratiquées sont de confession musulmane.

  1. Dans le Nord

Selon l’EDS-MICS de 2011-2012, dans le Nord, la prévalence était de 73,7%. A l’époque, parmi les filles de 0-14 ans, 11% étaient déjà excisées.12

Les ethnies des régions du Nord et du Nord-Ouest sont celles qui pratiquent le plus l’excision. Entre 2004 (selon l’ONG No Peace without Justice) et 2011-2012 (selon l’EDS- MICS), la prévalence pour les Mandé du Nord, est passée de 75% à 66,8% et pour les Mandé du Sud, de 70% à 51%. Pour les Gur et Voltaïques, le taux est passé de 65 à 64,1%.

Le Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire est la région la plus concernée par le phénomène de l’excision. Selon l’EDS-MICS de 2011-2012, 79,5% des femmes y étaient excisées.14 Selon l’UNICEF, cette prévalence était encore supérieure à 80% en 2013.

  1. Dans le Centre et le Sud

Selon les sources qui datent de 2004 et de 2011-2012, la prévalence s’établit entre 12,2 et 22,9% dans le Centre et le Sud du pays.16 Chez les Akan, elle est de 2,4%. Selon ces mêmes sources, la prévalence de l’excision pour la ville d’Abidjan s’établit entre 34 et 36,1%.

  1. Dans l’Ouest

En 2011-2012, la prévalence était de 57,1% dans l’Ouest du pays.18 Selon les sources (Sophie Bessis, 2004 et l’EDS-MICS 2011-2012), chez les Krou, elle s’établit entre 13 et 19%. En effet, la région de l’Ouest connaît des différences importantes selon les ethnies : si les Krou la pratiquent peu, ce n’est pas le cas des Dan (Yacouba). En 2014, le directeur régional du ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et de l’Enfant de Man, expliquait que les localités de Gbonné, Biankouma et Sipilou constituaient le

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