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Théorie De L'attachement Et Approche Systémique ParEdith Goldbeter Merinfeld

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Par   •  12 Avril 2015  •  5 823 Mots (24 Pages)  •  1 228 Vues

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Théorie de l’attachement et approche systémique

parEdith Goldbeter Merinfeld [1]

Contexte d’apparition de la théorie de l’attachement

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I

ntroduite vers la fin de la guerre par le psychanalyste britannique Bowlby (1944 ; 1958 ; 1980), la théorie de l’attachement ne suscita pas beaucoup d’enthousiasme auprès de ses contemporains. En effet, ce disciple de Mélanie Klein (cf. Guedeney & Le Meur, 2005) minimisait l’importance des pulsions dans le développement de l’enfant au PROFIT de celle des relations ; il considérait le bébé comme un « être de relation » (cf. Pierrehumbert, 2003, p. 60) et insistait sur l’importance pour l’enfant tout petit d’être attaché à quelqu’un, sa « base de sécurité », ce qui constituerait un socle sur lequel il pourrait croître et s’autonomiser.

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Soulignons que les travaux de Bowlby se développeront à une époque où d’autres chercheurs vont s’intéresser, indépendamment les uns des autres, aux relations précoces des touts petits. Parmi eux, le psychanalyste René Spitz (1947) observa aux États-Unis une centaine de nourrissons abandonnés et créa le concept d’hospitalisme pour décrire la forme de dépression grave qu’il identifiait chez les bébés qui avaient été séparés de leur mère plus de 5 mois vers les âges de 6 à 8 mois.

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L’éthologue Konrad Lorenz découvrait de son côté vers 1935 l’imprinting (empreinte), processus d’apprentissage par lequel certains animaux (comme les oies cendrées) s’attachent de manière irréversible au premier objet en mouvement qu’ils voient. Il en déduisit que certains comportements sociaux des animaux sont appris et pas seulement innés.

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Un autre éthologue, Harry Harlow (1958), étudia les effets de la privation de la présence maternelle chez les singes et fit des expériences célèbres qui comparaient les réactions de petits singes en contact avec une « mère fil de fer » ou une « mère de coton ».

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John Bowlby fut par ailleurs influencé par la théorie évolutionniste de Darwin. A titre anecdotique, mentionnons que Sarah Blaffer Hrdy (2002) nous apprend que Darwin avait 8 ans lorsque sa mère mourut, et qu’il développa un syndrome d’hyperventilation par la suite. Devenu adulte, il présenta une série de symptômes (angoisses, dépressions, maux de tête, sensations de vertige et d’évanouissement, crises de larmes hystériques, sifflements dans les oreilles, eczéma, nausées et vomissements) qui, aux yeux de Bowlby, constituaient la marque d’une rupture précoce de l’attachement et de peurs remontant à l’enfance.

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Il est intéressant de noter qu’à l’époque où le champ psychanalytique voyait avec méfiance les tentatives d’introduire « l’être en relation » au côté de l’être perçu du point de vue intrapsychique, le groupe de Palo Alto aux États-Unis manifestait un mouvement de rejet, parfois violent, à l’égard de la « boîte noire » humaine au PROFIT de l’interaction et de la communication et proposait de mettre le vécu entre parenthèses pour se centrer sur la relation et ses effets.

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John Bowlby suscitera les foudres de ses collègues psychanalystes ainsi que des féministes qui lui reprochaient de présenter la femme comme un « animal maternel » uniquement cantonné dans son rôle de mère (cf. Guedeney & Le Meur, 2005) alors qu’il précisera pourtant que la figure d’attachement est surtout la personne qui s’occupe le plus de l’enfant, en particulier dans ses moments d’angoisse (comme au cours de la nuit). Il aura des collaboratrices et disciples brillantes, comme Mary Ainsworth et Mary Main dont nous évoquerons les travaux dans la suite de cet article.

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Étant donné les aspects relationnels mis en évidence, il n’est pas étonnant que certains systémiciens se soient inspirés de la théorie de l’attachement. Ils l’ont également critiquée, en particulier pour ce qui concerne le fait qu’elle traite essentiellement de contextes dyadiques et qu’on ne peut la transposer automatiquement aux triades, voire aux familles (Kozlowska & Hanney, 2002).

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Pourtant, John Byng-Hall (1995b) relève l’influence de Bowlby sur les débuts de la thérapie familiale à partir de l’un des premiers articles écrits à propos de cette approche (Bowlby, 1949). Dans ce texte, Bowlby préconise l’utilisation d’un travail familial en cas de blocage d’une thérapie individuelle. Dans les faits, il ne travailla qu’avec des dyades mère-enfant qui lui paraissaient constituer des ensembles plus faciles à investiguer. C’est cependant en étant convaincu que Bowlby avait commencé à avoir une pratique de thérapie familiale que John Bell (1961), l’un des pionniers de la thérapie familiale, s’y lança et contribua à sa popularisation aux États-Unis au retour d’une visite à Londres.

Théorie de l’Attachement : concepts de base

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L’attachement désigne le comportement de l’individu qui cherche à se rapprocher d’une personne particulière (sa figure d’attachement) dans les situations potentiellement dangereuses. Le processus d’attachement a donc essentiellement une fonction adaptative (Pierrehumbert, 2003, p. 87-88). Il constitue un besoin social primaire et comprend quatre étapes de développement (Ainsworth et al., 1978 ; Pierrehumbert, 2003, p. 88-89) :

• Avant 2 mois : phase de préattachement ; le bébé manifeste des comportements-signaux sans différencier les personnes.

• De 2 à 7 mois : étape de l’attachement « en train de se faire ». L’enfant a recours à divers comportements visant à obtenir la proximité physique du parent. Il différencie les personnes, mais la substitution de la principale figure d’attachement est encore possible.

• A partir de 7 mois : étape de l’établissement d’une relation d’attachement franche, et sélective envers une personne privilégiée ; la substitution n’est plus possible. De la détresse se manifeste lors des séparations.

• Dès l’âge de 3-4 ans : étape du « partenariat ajusté ». L’enfant est capable d’une certaine compréhension du point de vue de l’autre, va chercher à influencer celui-ci afin d’obtenir

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