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Peur Chez Les Enfants

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Par   •  5 Janvier 2014  •  3 039 Mots (13 Pages)  •  1 439 Vues

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La peur du noir chez les enfants

Nicole Eckmann Lévy, Ariane Regusci-Theurillat et Edouard Gentaz.

Laboratoire du développement sensori-moteur, affectif et social (SMAS) de la naissance à l'adolescence, FPSE, Université de Genève, Suisse

La peur est une émotion que les enfants expérimentent fréquemment. Les enfants âgés de 2 à 5 ans manifestent souvent la peur du noir et leurs parents se retrouvent alors confrontés à la difficulté de faire face avec eux à ce genre de situation. A quel moment doivent-ils s’en inquiéter ? Comment peuvent-ils aider leur enfant ? Quels sont les moyens à leur disposition ? Voici quelques-unes des questions auxquelles les recherches en psychologie scientifique cherchent à répondre.

La peur est une émotion présente dès le plus jeune âge. Elle se manifeste sous diverses formes et ces peurs font partie du développement typique de l’enfant. Nous nous intéresserons ici plus particulièrement à la peur du noir. Dans l’obscurité, l’enfant perd ses repères et ne peut plus contrôler son environnement (par exemple, il ne peut pas s’assurer de la présence ou non d’un monstre, il ne retrouve pas son doudou, ni le sens de son lit ou tout simplement le chemin des toilettes, …). L’obscurité devient donc un piège pour l’enfant qui se sent démuni. Il s’endort difficilement, se réveille la nuit, pleure et appelle. La peur du noir fait partie d’un ensemble de peurs plus large, comprenant différentes peurs liées à la nuit (« nighttime fears ») : peur liée à sa propre sécurité, peur liée à la perte ou à la séparation, peur de créatures imaginaires, peur des cauchemars…et peur du noir [1]. Une bonne compréhension de la peur du noir nécessite dans un premier temps un détour par le développement des peurs de manière plus générale.

LE DEVELOPPEMENT DES PEURS

Gullone [2] propose une revue très détaillée des recherches portant sur le développement des peurs ayant été menées au cours des cent dernières années. Tout d’abord, il s’agit de différencier entre les peurs normales, qui sont adaptatives, et les peurs cliniques, les phobies. Les critères permettant de différencier ces deux types de peurs sont : l’âge ou le stade développemental auquel une peur s’exprime, sa persistance dans le temps ainsi que son impact sur le fonctionnement quotidien. Nous resterons ici centrés principalement sur les peurs non-cliniques, de même que l’a fait une grande partie des recherches afin de déterminer le profil développemental, l’intensité et la durée permettant justement de distinguer les peurs normales des peurs pathologiques.

Contenu des peurs

L’ensemble de la littérature présentée par Gullone [2] permet de dégager plusieurs types de peurs partagées par un certain nombre de jeunes enfants. Parmi celles-ci, on trouve par exemple : la peur des personnes étrangères, des bruits forts, de certains animaux, d’être laissé tout seul, …et la peur de l’obscurité. Ces peurs diminuent au cours du développement et ont toutes pratiquement disparu à l’âge de 6 ans, à l’exception de la peur des serpents (qui aurait un rôle particulièrement adaptatif). De manière générale, le profil développemental typique observé consiste en une diminution de la tendance à être craintif (« fearfulness ») avec l’âge.

Si l’on s’intéresse de manière plus détaillée aux différences d’âge liées au contenu des peurs, de nombreuses études ont permis de mettre en évidence le profil suivant [2]. Les enfants jusqu’à l’âge de 1 an ont surtout peur des stimuli présents dans l’environnement immédiat (bruits soudains) ou de nature concrète. Vers la fin de la première année, on observe une augmentation de la peur des personnes et objets nouveaux (témoignant d’une certaine maturation cognitive, d’un développement de la mémoire, permettant de distinguer le familier du nouveau). Un peu plus tardivement dans les années préscolaires, les enfants manifestent souvent la peur d’être laissés seuls ainsi que la peur du noir. La peur des animaux est également très présente à cet âge. On voit donc que, progressivement, les peurs des enfants ne sont plus seulement basées sur des éléments immédiats et concrets mais intègrent aussi des aspects d’anticipation et des éléments de nature imaginaire ou abstraite. Concernant plus directement la peur du noir, on peut dire qu’elle est très fréquente chez les enfants à partir de 18 mois-2 ans, rapportée plus souvent par les filles que par les garçons et qu’elle tend à disparaître spontanément au cours du développement.

Fréquence et intensité des peurs

Nous venons de voir que les peurs tendent à diminuer voire à disparaître avec l’âge. Cependant, il faut rester attentif au fait qu’une diminution du niveau manifeste de peur ne correspond pas forcément à une diminution de l’intensité de la peur. En effet, avec l’âge, la capacité de régulation émotionnelle des enfants se développe également. Les enfants d’âge préscolaire peuvent par exemple reporter l’expression de la peur ou encore choisir l’interlocuteur auquel ils souhaitent en faire part. Ces éléments seront à prendre en considération lors de l’évaluation et de la prise en charge des peurs.

Durée des peurs

Les données étudiées par Gullone [2] montrent que les peurs normatives sont habituellement de courte durée. Les enfants de 3 à 7 ans ne manifestent par exemple plus la majorité des peurs qu’ils manifestaient un à trois ans auparavant. Si cette période de temps est relativement courte par rapport à l’ensemble du développement, elle peut néanmoins paraître longue pour l’enfant qui en souffre et son entourage. Nous discuterons plus loin dans le texte de la prise en charge possible de la peur du noir.

D’OU VIENNENT LES PEURS ?

Avant de nous intéresser plus en détail à l’évaluation et la prise en charge de la peur du noir, il nous semble utile de nous attarder un peu sur l’étiologie des peurs. Les peurs de l’enfance seraient dues à une interaction complexe entre processus biologiques, environnementaux et cognitifs [3]. Nous serions préparés biologiquement à avoir peur dès le plus jeune âge. La peur de stimuli potentiellement menaçants est en effet adaptative et l’obscurité semble représenter une situation ayant pu

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