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Don Et Abandon Des Enfants En Afrique

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Par   •  17 Septembre 2014  •  5 747 Mots (23 Pages)  •  1 043 Vues

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Don et abandon des enfants en Afrique

Don et abandon des enfants en Afrique , in Le bébé face à l’abandon, le bébé face à l’adoption, sous la direction de Myriam Szjezer. Albin Michel, 2000.

« Il y a quelque honte , en Europe à se départir volontairement d’un rejeton que l’on pourrait élever soi même . Et il y a pour nous de forts obstacles à saisir de « l’intérieur » comment procède autrui , apparemment avec sérénité, lors d’une démarche aboutissant à la cession de son rejeton » Suzanne LALLEMAND (1993 ).

Comment se fait-il que l’Afrique noire qui compte les pays les plus pauvres du monde ne connaissent qu’un phénomène limité d’abandon des enfants ? par ailleurs si les enfants sont tellement valorisés dans ce continent , quel est le sort réservé à ceux qui ne sont pas désirés ? Pour parler des phénomènes de don et d’abandon en Afrique nous nous situerons dans le cadre plus large des concepts de la solidarité , de la famille élargie et de la primauté de la parole sur l’écrit .

Selon Amadou Hampaté BA (1991), Il n’y a pas une Afrique , il n’y a pas un homme africain , il n’y a pas une tradition africaine valable pour toutes les régions et toutes les ethnies . Malgré cette diversité , il existe quand même des traits généraux de la culture africaine que le poète sénégalais Léopold Sédar Senghor qualifia autrefois sous le terme de négritude qu’on peut définir comme l’ensemble des valeurs de civilisation communes aux négro-africains .

Dans le contexte africain » la communauté pour un individu commence par son origine ethnique et son rang familial. Elle se matérialise par un réseau de relations verticales et horizontales que tout individu doit assumer » Mahieu (1993) . La conséquence de cet état de fait est que la communauté est solidaire de ce qui arrive à l’individu , et l’individu est solidaire de tout ce qui arrive à la communauté . Il y a comme l’explique Cheik Anta Diop (1960) » une invasion réciproque des consciences , des libertés individuelles . Autrement dit on se sent des droits matériels et moraux sur la personnalité d’autrui et réciproquement » . La solidarité africaine n’est pas seulement matérielle , elle se traduire aussi en investissement temporel , présence auprès des siens pendant les fêtes ou les funérailles . L’absence à ces cérémonies sera compensée par une somme d’argent envoyé à la famille concernée. Comment expliquer cet altruisme ? Jacqueline Rabain ( 1994 ) » pense que ce réflexe naît dans l’éducation de l’enfant ou on lui demande continuellement de partager ce qu’il a avec les autres . Pour Edmond et Marie Cécile Ortigues (1984) la solidarité africaine est un moyen de compenser la rivalité entre frères , l’idéal conscient étant fondamentalement d’être avec les autres , comme les autres « s’accompagner avec, être toujours ensemble , partager tout … Les manifestations d’agressivité sont ainsi évitées »

Cependant la réalité n’est pas aussi idyllique , Claudine Vidal (1994 ) parle d’un mythe à revisitée , en partant des études faites par des chercheurs africains sur les échanges entre citadins et villageois, elle montre que cet altruisme répond à des règles de réciprocité systématique » l’effet de solidarité ne se produirait qu’a l’avantage de ceux qui ont eux aussi les moyens de se montrer solidaires , « .Bidima (1997) note aussi qu’on trouve des sociétés africaines extrêmement individualistes comme les kigas du Rwanda et du Sud de l’Ouganda . La solidarité chez eux n’est pas automatique, elle est médiatisée par les rapports de parenté, les obligations des pactes matrimoniaux , le rang occupé dans l’échelle sociale .

Définir la famille africaine est un exercice très difficile , comme le dit Thérèse Locoh (1995 ,a) il y a une multiplicité d’approches possibles , Qui plus est , le terme est chargé de connotations affectives et éthiques . Il renvoie inévitablement à l’expérience personnelle de chaque observateur , à ses conceptions morales voire à ses stéréotypes concernant les familles des autres sociétés . Par le jeu des multiples alliances symboliques et biologiques personne ne peut dire ou commence et termine une famille africaine. Nadel cité par Jacques Barou (1991) parlant des Nupé du Nigeria dit « il y a dans chaque famille un certain nombre de parents que l’ont connaît comme dengi (parent) sans que personne puisse dire exactement le degré ou la nature de la relation » . Chez les Ashanti et les Akans de l’Afrique de l’ouest » les morts , les vivants ,ceux qui vont naître dans la tribu font tous partie de la famille » , Noble (1991). Les démographes ont tenté une approche descriptive en distinguant la famille biologique (proche du modèle nucléaire qui est le lieu de la reproduction), les unités domestiques (qui prennent en compte des personnes ayant des arrangements résidentiels communs entre membre d’une même famille) et les institutions familiales ( qui régissent les rôles familiaux et les normes culturelles) .

Pour comprendre la famille africaine il vaut mieux se référer à la notion de parenté élargie qui met l’accent sur des caractéristiques communes partagées par des individus qui peuvent être celle d’appartenir au même lignage ou à la même génération . Ainsi les Wolofs du Sénégal le mot parent est désigné par Mbokk , terme qui vient de Bokk « partager en commun , avoir en commun » (Bara Diop 1985 ). C’est la notion de génération qui structure les différentes formes de la parenté .On appellera ainsi papa toutes les personnes qui ont l’âge du père , maman toute celles qui ont l’âge de la mère , et frère ou soeur ceux qui sont de la même génération .

Si le vocabulaire sur la famille africaine est assez pauvre celui concernant la parenté est par contre assez riche .C’est une parenté qui n’est pas biologique mais sociale , on est parent parce qu’on partage le même espace social , c’est ce qu’on appelle une parenté de fréquentation (Barou, opt cité ), on peut l’observe par l’usage fréquent du mot frère , soeur etc.. entre personne qui n’ont souvent aucun lien biologique de parenté .Un africain fréquentant un marché en Afrique , ou le métro parisien peut se faire souvent interpellé en terme de frère , même quand il ne connaît pas son interlocuteur, la fréquentation du même espace social qu’est la France crée un lien de parenté , Au sein de la communauté noire aux Etats-Unis les termes de Brothers et Sisters révèlent la persistance de cette forme de parenté sociale .

Entre le desir d’enfant et les mythologies .

Plusieurs raisons expliquent

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