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La nation peut-elle exister sans État ?

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Par   •  14 Février 2024  •  Dissertation  •  2 674 Mots (11 Pages)  •  38 Vues

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La présumée tentative de meurtre de l’indépendantiste corse Yvan Colonna dans la prison d’Arles a suscité l’embrasement des grandes villes de Corse. En effet, les nationalistes corses accusent l'État français d'avoir trop longtemps refusé d'accorder à Yvan Colonna la levée de son statut de détenu particulièrement signalé, et d’être responsable de son agression. Derrière cette vague d’indignation en soutien à dernier, se dissimule la volonté de reconnaissance du peuple corse par l’Etat français, que certains appellent guerre d’indépendance. «  On n’a jamais été français, on est français malgré nous » (VA Plus, Les NATIONALISTES embrasent la CORSE). À travers cette notion nous pouvons distinguer deux notions apparentes qui se confrontent. Tout d’abord celle d’État, qui se définit comme une unité souveraine formée par des populations vivantes sur un territoire défini et soumis à un appareil politico-judiciaire, et doit être reconnue comme tel par la communauté internationale. Puis celui de nation qui est quant à lui plus complexe à définir. En effet, c’est une notion subjective, qui est propre à l’historicité de chaque État. Dans l’ordre des choses nous pouvons distinguer différentes conceptions de cette notion, utilisant des critères subjectifs notamment comme une communauté politique imaginée ou une unité spirituelle, ou encore objectif ralliant des critères linguistique ou cultuelles ou encore juridique émanant davantage d’une définition d’Etat-nation. Cette dernière est un concept qui juxtapose une notion d'ordre identitaire, la nation (c'est-à-dire des individus qui se considèrent liés entre eux) et une notion d'ordre juridique, l'État (en tant qu‘organisation politique) et réalise donc la fusion entre deux entités qui ne coïncident pas nécessairement. Cependant le détour historique va s’avérer ici, encore une fois, utile pour remettre en cause ce qui apparaît comme une évidence : en effet les nations sont le produit de l’État autant que les États sont le produit des nations. Pourtant, de nombreux exemples démontre l’existence de nations malgré leur absence d’Etat, ou dans l’exemple Corse de nation au sein ou géographiquement en retrait et ne puisant pas sa souveraineté dans la reconnaissance de ce dernier.

Ainsi une question peut émaner de ce paradoxe : la nation peut-elle exister sans État ?

Pour y répondre, nous allons dans un premier temps déterminer les différentes conceptions que peut émaner cette conception de nation et ensuite de sa création afin de démontrer qu’une nation peut être construite sans la nécessité d’un État. Enfin dans un second temps nous allons démontrer que malgré cela, la présence d’un Etat n’est pas sans enjeu, permettant son entretien et la pérennité de cette nation.

I) La nation comme entité indépendante de l’État : 

A) la recherche de critère

Toutes les nations ont été construites tant comme des corps politiques que comme des communautés culturelles. Ainsi, la dimension politique de la nation est universelle mais aussi abstraite car elle suppose le recours à des particularisme qui sont propres à la zone géographique et donc à des cultures singulières. C’est ce que nous pouvons constater à travers la distinction entre la conception française de la nation dite subjective et celle allemande dite objective. Il y aurait une définition politique de la nation héritée des idéaux de la révolution française qui mettrait l'accent sur la dimension élective et spirituelle de la nation française. Elle serait présenté comme « un plébiscite renouvelé tous les jours » (Ernest Renan dans Qu'est-ce qu'une nation ?). On l’oppose à la conception allemande dite objective, qui met l’accent sur les particularismes linguistiques et historiques, dans lesquels il voit l’expression authentique du « génie national », de « l’esprit du peuple » (volksgeist). Apparu à la fin du XVIIIe par le philosophe allemand Johann Gottfried von HERDER et reprise par Johann Gottlieb FICHTE dans les Discours à la nation allemande, ce discours vise à éveiller un sentiment national et à promouvoir la création d'un État national allemand qui naîtrait des ruines du Saint-Empire romain germanique. Ces deux conceptions de la nation relèvent de discours politique qui tente de défendre des valeurs et de nourrir un projets d’organisation sociale et politique. D’une part, la France qui veut récupérer l’Alsace-Lorraine et et d’autre part l’émancipation vis-à-vis de la France et l’unification allemande. Cependant, il est important de préciser que cette construction nationale est indépendante à celle de l’Etat. Elle émane fondamentalement d’une « communauté politique imaginée », défini par le philosophe Benedict Anderson. Le fonds de sa pensée évoque que c’est avant tout un imaginaire qui fait exister la communauté nationale. Cela est d’abord un produit de la pensée, un construit symbolique et ce qui fait exister la nation, c’est la conviction d’une appartenance commune et la conscience de ce partage, le sentiment subjectif de l’appartenance. Ainsi, il n’y a pas de critère objectif de définition de la nation. Contrairement à G. Noiriel, décrivant la nation d’une manière plus objective comme une comme collectivité institutionnalisée d’individu.

B) Un sentiment national 

La nation s’accompagne et est fondé par un sentiment national qui se crée. C’est l’idée d’une culture commune partagée formant l’unité nationale afin de souder une communauté. Anne Marie Thiesse l’envisage comme acte patriotique, où les élites contribuent à une large diffusion d’idée issus des Lumières et de représentations valorisant la nation, dans un contexte de révolution française et d’une césure avec l’ancien monde, désigné ainsi comme un ennemi. Ainsi à travers cet objectif, une culture nationale va être crée à travers une sélection du lot historique que possède cette entité dans un but de souder une communauté de façon transsociale. En effet, l'hétérogénéité culturelle est importante dans les société pré-nationales. Par cela, le sentiment national se propose d’être fier de son pays et plus particulièrement de sa nation. Ainsi, le passé occupe une place fondamentale dans la construction des identités nationales et dans leur consolidation. De surcroit, la création des identités nationales selon A.-M. Thiesse se fait par 3 points, notamment par l’identification des ancêtres (« nos ancêtres les gaulois », racine judeo-chrietienne

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