Histoire des institutions depuis l'Antiquité

Chapitre I : De la Société archaïque à la cité classique

La cité grecque apparaît comme un Etat constitué vers le VIIIe siècle avant notre ère. Elle atteint son apogée au Ve siècle, puis entame son déclin dès le IVe siècle. Mais elle ne disparaît pas et continue à exister sous une forme amoindrie sous l’empire romain.

 Deux grandes civilisations précèdent l’organisation de la cité, la civilisation crétoise et la civilisation mycénienne (section I). Cette époque, très longue voit l’apparition de civilisations très brillantes, crétoise et mycénienne, qui sont nécessaires à envisager rapidement pour comprendre l’évolution ultérieure de la Grèce. Lorsque celles-ci s’effondrent, les «siècles obscurs» durent environ quatre siècles, jusqu’à la Renaissance du IXe siècle (renaissance carolingienne), dont la société de l’époque homérique est l’exemple avec beaucoup de souvenirs de cette époque obscure (section II). 

        Section 1 : Les sociétés archaïques 

§ 1 La Crète ( v. 2000-1450)

La Crète a abrité une civilisation pré-hellénique (époque qui précède l’invasion dorienne en Grèce) découverte seulement entre 1900 et 1905 par l’archéologue anglais Evans.

Cette civilisation est connue dès les environs de 2000 av. JC. Des principautés puissantes existent, centrées autour d’un palais. Les villes ne sont défendues ni par des murailles ni par des forteresses. Ces principautés semblent surtout occupées de commerce et ce devait être une flotte puissante qui en exerçait la sécurité. Mais vers 1700, les palais sont détruits probablement à cause de séismes.

Jusque vers 1450 av. JC, c’est l’apogée de la civilisation crétoise. Elle sombre alors dans une catastrophe dont la plupart des éléments nous échappe encore. Mais elle fut sans doute provoquée par de nouvelles invasions achéennes.

On trouve deux sortes d’écriture, dite linéaire A et linéaire B.

 Le linéaire A est attesté dès le XVIIIe siècle av. JC et est de type hiéroglyphique i.e. comme les Egyptiens, ce sont des symboles qui traduisent les sons. C’est proprement la transcription d’une langue minoenne, i.e. crétoise.

Datant du XVe siècle, le linéaire B est une langue grecque, semblable à celle du continent et montre qu’à cette époque, la Crète qui avait eu sa civilisation propre devient tributaire des Grecs.

Cette civilisation était essentiellement urbaine. Les routes sont dallées, on trouve un système de poids et de mesures, des lingots et des disques pour servir de monnaie. Ceci montre que le commerce était florissant.

Mais il ne concernait pas seulement un commerce interne à l’île. Le commerce est extérieur avec le monde méditerranéen et est maritime. Les princes crétois commercent avec l’Anatolie, Chypre, Rhodes, la Syrie, l’Egypte grâce à une flotte puissante. C’est pourquoi on parle de thalassocratie, i.e. du pouvoir de la mer. 

L’époque des premiers palais, entre 2000 et 1700 av. JC. Puis, après la crise de 1700, la ville de Cnossos exerce une suprématie sur la plus grande partie de la Crète, tandis que subsistent quelques princes locaux qui deviennent peut-être les vassaux du roi de Cnossos.

Cette royauté de Cnossos est appelée minoenne du nom du roi Minos. Cette royauté est puissante. C’est ce que montre l’ampleur gigantesque du palais de Cnossos, ampleur qui a certainement donné naissance à la légende du labyrinthe.

Cette ampleur implique l’existence d’une administration importante, de bureaux et la tenue d’archives. Cette administration concernait probablement les finances, l’armée et la flotte, qui étaient les bases de la civilisation crétoise. Ces bureaux sont connus par des milliers de tablettes d’argile qui ont été conservées après un incendie car la chaleur les a fait cuire et les a durcies.

Pourtant, il ne semble pas que le roi, dont la fonction religieuse était primordiale, gouvernait seul

Cette civilisation s’effondre pourtant d’un seul coup vers 1450. Il semble que la civilisation minoenne ait été affectée par le désastre de Santorin. Cette île volcanique explose, faisant disparaître la civilisation brillante qui y était installée. L’effet a donc dû être désastreux pour la flotte minoenne. Ayant perdu son rempart maritime, la civilisation fut affaiblie. Elle dut certainement faire alors face à une nouvelle invasion venue de la mer qu’elle ne put ni éviter ni combattre du fait de la perte de la flotte.

§ 2 La société mycénienne (1550-1200)

Cette civilisation s’est développée dans la péninsule grecque alors que la civilisation minoenne était encore florissante. Cette civilisation est certainement née du contact entre les guerriers achéens arrivés en Grèce et la civilisation crétoise.

Vers le XVe siècle avant JC, ces civilisations existent dans le monde grec centrées autour de l’idée de cité, combinée à un palais ou une forteresse. Leurs murailles sont

imposantes, atteignant par exemple six mètres d’épaisseur à Tirynthe

 Petit à petit le prestige du guerrier va réduire le rôle de la femme et orienter la société vers un type patriarcal de type autoritaire.

Il n’y eut pas de rôle centralisateur ou fédérateur comme en Crête. En effet, une certaine rivalité semble régner car les territoires sont fortement exigus.

Apparemment, au sommet de l’Etat, c’est un roi prêtre qui dirige l’Etat, appelé wanax. Cette monarchie est essentiellement militaire et sans doute héréditaire dans certaines familles. Il est intéressant de noter qu’à la tête de l’Etat, l’individu s’efface derrière la fonction car le wanax n’est connu que par son titre, jamais par son nom, alors que les grands officiers et ses rois, les baliseis, sont connus par leurs noms. Enfin, une bureaucratie de scribes tient des archives. Ce sont ces archives, encore difficilement comprises, qui nous sont parvenues, sous la forme de tablettes d’argile.

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