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Les Sondages

Mémoire : Les Sondages. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Février 2014  •  1 622 Mots (7 Pages)  •  960 Vues

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L’opinion publique, c’est ce que mesurent les sondages » selon George Gallup. Cela met en évidence une des questions les plus épineuses concernant les rapports entre les médias et ce qu’on appelle l’opinion publique. Elle renvoie en effet à la difficulté de définir cet objet incertain, souvent utilisé dans le débat public et en particulier par la sphère politique. Si l’on admet que l’opinion publique est une représentation socialement construite (par la presse, les sondages,...) de ce qu’est censé penser l’ensemble de la population, il faut s’interroger sur son élaboration et sur les instruments de son expression, et en particulier sur le rôle que jouent aujourd’hui les grands médias dans ce domaine.

Ces derniers ne sont-ils que le reflet d’états de l’opinion qui préexisteraient à leur mise en lumière par la presse écrite, la radio, la télévision ou Internet, ou jouent-ils un rôle actif dans la de construction de l’espace public ? La question n’est pas si simple : dans les sociétés démocratiques, les grands moyens d’information ne bénéficient pas vraiment de la crédibilité dont ils devraient bénéficier en tant qu'outil du débat public. Cependant, l’espace public ne se réduit pas à une transmission unilatérale manipulatrice des médias vers des citoyens passifs : ceux-ci disposent d’espaces d’autonomie qui amènent à relativiser les procès faits aux médias. Il est donc nécessaire de s’interroger sur le rôle des médias dans la définition même de ce qu’on mobilise comme étant « l’opinion publique » et en particulier de l’importance du sondage comme image tangible de cette opinion, avant d'étudier les effets directs ou indirects que les conditions de fonctionnement et les pratiques des médias peuvent avoir sur la construction des opinions. Dans une troisième partie nous étudierons les limites que la liberté du jugement oppose à cette influence, en se souvenant que se forger une opinion reste un acte individuel.

Tremplin Questions - 4 - Contemporaines

La notion d’opinion publique utilisée par les médias fait l’objet d’une controverse critique plus particulièrement dans sa mise en forme par les sondages. Les grands médias d’information, la presse écrite, la radio, la télévision et certains sites Internet revendiquent une fonction sociale et politique de réceptacle de l’opinion publique. Historiquement, la presse écrite en particulier a été, dans les pays démocratiques, un facteur important de l’émergence de l’espace public, espace de confrontation des opinions individuelles sur les grandes questions collectif. Mais l'impressionant développement des médias, notamment audiovisuels, a peu à peu éloigné le débat public de ces lieux traditionnels d’expression pour le concentrer dans l’univers médiatique. Cette agglomération d’opinions individuelles suscitées par un dispositif d’enquête est présentée comme reflétant « l’opinion publique ». Ce concept ne fait cependant pas l’unanimité. Le sociologue Pierre Bourdieu en a dressé une critique sévère, en considérant que le sondage produit un artefact sans validité dans la mesure où il agrège des opinions de « densités » inégales en raison des compétences inégales des sondés face au sujet sur lequel on les interroge. Il reproche également au sondage de poser des questions qu’une partie des sondés ne se pose pas spontanément. Par ailleurs, le sondage imposerait un sujet comme important (au détriment d’autres sujets) réalisant ce que P. Champagne appelle « un coup de force » sur les consciences. D’autres critiques mettent en cause l’effet de réel perfide que le sondage opère sur l’objet qu’il étudie, par exemple en simulant une « élection en miniature » dans des conditions artificielles. Enfin, la production technique de ces « images » de l’opinion publique suscite des réserves : les échantillons sont réduits, des « redressements » parfois arbitraires sont opérés sur les résultats bruts … etc. Mais les impératifs de la machinerie médiatique sont tels que, quelles que soient les protestations de bonne foi des journalistes, les sondages sont souvent utilisés sans précaution, à l’appui de prédictions imprudentes ou pour justifier des analyses sans nuances. Le concept d’opinion publique ne peut donc pas se réduire à celui de « l’opinion sondagière » même si aujourd’hui, dans l’esprit du public, les deux notions se superposent souvent.

On peut, dans ces conditions, se poser légitimement la question du pouvoir d’influence et éventuellement de manipulation des médias sur la constitution des jugements collectifs. Les médias ont en effet une double fonction d’agenda de l’actualité et de construction des schémas d’interprétation du réel, fonction qui nourrir le soupçon d’un pouvoir de manipulation.

La fonction « d’agenda » semble, en premier lieu évidente. Cette expression désigne le fait que, dans une certaine mesure, les médias sont, en matière d’information, un peu « maîtres de l’ordre du jour ». La quantité d’informations disponibles est telle qu’il est inenvisageable d’en rendre compte intégralement dans les espaces qui lui sont consacrés (les 30 minutes d’un JT ou d’un journal radio). La marge de manoeuvre de la presse écrite est un peu plus large, mais elle aussi est confrontée au problème de la sélection et

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