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Les Sondages : Un Artefact ?

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Par   •  1 Avril 2013  •  1 676 Mots (7 Pages)  •  1 619 Vues

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Nicolas Hubé est maître de conférences en sciences politiques à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre du Centre européen de sociologie et de science politique de la Sorbonne. Il enseigne l’histoire politique et économique des medias en France ainsi que les théories de la communication, de l’opinion publique et la sociologie politique. Il anime également un séminaire professionnalisant à l’Institut d’Etudes Politiques de Strasbourg sur les métiers de la communication en France et en Allemagne.

Il a ainsi étudié le mécanisme des sondages dans Faut-il croire aux sondages ?, dont est extrait le texte que nous allons commenter.

Le sondage est une technique statistique permettant de déduire les propriétés de toute une population à partir de l’analyse d’un échantillon représentatif. Les sondages d’opinion sont l’application la plus connue du grand public de cette technique. Ils sont essentiellement réalisés par des instituts de sondage.

Les sondages d’opinion sont apparus dans les années 30, ils étaient à l’origine un outil marketing servant à connaitre les attentes des consommateurs.

Aujourd’hui, les sondages sont une manière de mesurer l’opinion publique sur un échantillon réduit. Si l’on pouvait mesurer l’opinion sur chaque individu de la population on ne ferait pas un sondage mais un recensement et il n’y aurait plus de problème d’estimation. Seulement il serait extrêmement coûteux, peu réaliste, voire impossible de mesurer la variable d’étude sur toute la population et on doit donc se contenter de l’observation d’un échantillon souvent aléatoire.

Les sondages sont considérés comme un outil similaire au forum antique, dans lequel chacun pourrait donner son opinion, et permettre à la démocratie directe de s’exprimer. Un de ses fondateurs, Georges Gallup disait même que « le sondage est un outil d'expansion du champ démocratique, et est indispensable pour satisfaire à cette dernière exigence. »

Mais les sondages sont aussi vus comme un instrument donnant une vue d'ensemble, une connaissance scientifique de l'opinion On comprend alors beaucoup mieux l’intérêt que lui portent tous les acteurs du champ politique, ainsi que les medias, et le rôle de pouvoir qui lui est ainsi conféré. Les sondages tirent en effet l’essentiel de leur notoriété des sondages politiques, même s’ils représentent seulement 1% du chiffre d’affaires des instituts les réalisant.

Il est vrai que les politiques y portent une grande attention, mais pour autant, peut-on se fier aveuglément aux sondages, et avoir une foi absolue en leurs qualités prédictives, ce qui en ferait des oracles scientifiques ? Force est de constater que les sondages se trompent, ce qui invalide le postulat de départ.

Ainsi, les sondages mesurent-ils réellement l’opinion publique ?

Nous verrons dans une première partie que la méthodologie des sondages est contestée (I) avant d’étudier dans une seconde partie comment ils « fabriquent » l’opinion publique (II).

I - La méthodologie contestée des sondages

A/ Représentativité de l’échantillonnage ?

Le premier problème majeur dans la représentativité concerne le nombre important de non-réponses. En effet, le taux de refus est très important : le nombre de personnes acceptant de répondre aux sondages est très faible, et il va en diminuant. Pour Patrick LEHINGUE, il est compris entre 54 et 98%, pour Nicolas JALLOT, il est d’environ 40%, alors qu’en 1974, il avait été calculé par Frédéric BON à 7%. Pour obtenir un panel de 1000 personnes, il faut en appeler en moyenne 6000. Cela remet en cause la représentativité des sondés.

Le second problème est la représentativité des sondés : comme l’auteur le souligne, les sondés « ne sont pas n’importe qui ». Ils sont généralement surdiplômés, et plus politisés que la moyenne de la population. En effet, les gens les moins informés, avec le moins de compétence politique refuseront généralement de répondre. Pour répondre aux sondages politiques, il faut disposer d’une certaine culture politique, comme le souligne Pierre Bourdieu. En moyenne, les sondés appartiennent à une classe socioprofessionnelle plus élevée que le reste de la population.

Les quotas : la meilleure façon de représenter toutes les catégories de population a minima, serait le tirage aléatoire de l’échantillonnage. Mais les instituts français préfèrent la méthode des quotas. Se pose alors la question du choix de ces quotas. Pourquoi un quota d’ouvriers, ou de femmes de plus de 30 et pas, par exemple, un quota de locataires/propriétaires ? La classification classique par CSP par exemple, n’est peut-être pas, ou plus, la plus déterminante des choix sociopolitiques.

B/ Remise en cause des postulats du sondage

- Tout le monde a une opinion. Or :

Tout le monde n’est pas politisé. Comme on l’a expliqué, le taux de refus est très important, en partie parce qu’une grande partie de la population n’est pas très sensibilisée à la politique. Or, les sondages sont présentés comme le résultat d’un consensus sur les sujets auxquels les sondés s’intéressent.

De la même façon, les sondages posent des questions que les individus ne se posent pas spontanément. Les enquêteurs, ou plutôt les commanditaires des sondages, imposent leur problématique et leurs préoccupations, qui sont celles des groupes dominants, et pas forcément celles des sondés.

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