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La théocratie

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Par   •  22 Septembre 2012  •  Cours  •  9 206 Mots (37 Pages)  •  1 080 Vues

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Le terme théocratie — θεοκρατία (theokratía) — est formé sur les mots grecs « Θεός (Theós) » pour « Dieu » et « κράτος (krátos) » pour « pouvoir ». « Théocratie » signifie « gouvernement de Dieu ». Dans la théocratie, le titulaire de la souveraineté est en effet la divinité.

Dans son acception première, le terme théocratie désigne uniquement l'idée que Dieu gouverne et il est inventé par Flavius Josèphe pour justifier un désintérêt des croyants pour la politique1. En ce sens l'idée de théocratie implique que « l'agir humain, dans toute son ampleur, reçoit sa norme du divin2 », mais ne correspond à aucune forme de gouvernement humain.

Au contraire, depuis le xixe siècle, le terme théocratie est le plus souvent employé pour désigner des régimes politiques fondés sur des principes religieux ou gouvernés par des religieux. Dans ce cas, certains auteurs préfèrent parler de « hiérocratie », terme proposé par Max Weber et qui désigne spécifiquement le gouvernement des religieux3. Cependant l'usage le plus répandu est de parler de théocratie dès qu'il y a confusion entre politique et religion.

Sommaire [masquer]

1 Introduction

1.1 Évolution du sens du terme théocratie au cours de l'histoire

1.2 Problème d’universalité du concept de théocratie

2 La théocratie comme gouvernement de Dieu dans l'Antiquité

2.1 Flavius Josèphe

2.2 Règne de Dieu et pouvoir des hommes dans le Nouveau Testament

2.3 Le gouvernement providentiel de Dieu d'après Lactance

3 Utopies théocratiques et essais de démocratie à la Renaissance

3.1 Savonarole

3.2 Calvin

3.3 Spinoza

4 La théocratie en temps de révolutions

4.1 La Révolution comme effet de la Providence

4.2 Socialisme théocratique russe

4.3 Voltaire et la critique de la papauté

4.4 La théocratie de Félicité de la Mennais

5 Hiérocraties ou théocraties dans l'histoire

5.1 Théocratie, hiérocratie et césaropapisme : problèmes de concept

5.2 La théocratie pontificale

5.3 Le gouvernement tibétain

5.4 Le gouvernement théocratique du Bhoutan

5.5 Le gouvernement théocratique du Népal

5.6 L'Égypte antique

6 Actualité de la question

6.1 Débat américain

6.2 Dans le monde musulman

7 Compléments

7.1 Références

7.2 Bibliographie

Introduction[modifier]

Évolution du sens du terme théocratie au cours de l'histoire[modifier]

Moïse recevant la loi et la donnant au peuple, Daniele da Volterra

Chez Flavius Josèphe (env.37-100) la théocratie est pensée à partir du don de la Loi (Thora) par Dieu4. Chez Lactance (env.250-325), le gouvernement de Dieu est pensé à partir de l'idée que Dieu dirige l'histoire par sa Providence5. Chez l'un et l'autre, l'idée que Dieu gouverne permet de distinguer clairement le pouvoir de Dieu du pouvoir politique qui est à l'époque celui des Romains. Elle justifie ainsi un désengagement des religieux de la politique. La théocratie est en ce sens apolitique.

Au cours de l'histoire, l'idée que Dieu gouverne a cependant joué un rôle dans l'élaboration de théories politiques et la mise en place de différentes formes de gouvernements civils. Cette réflexion sur le gouvernement de Dieu est présente dans les écrits de Savonarole (1452-1498), Calvin (1509-1564), Spinoza (1632-1677) et, plus tard chez Joseph de Maistre, Félicité de la Mennais et Alexis de Tocqueville (1805-1859) ainsi que chez certains acteurs de l'élaboration d'un socialisme chrétien en Russie aux xixe et xxe siècles.

Si l'on considère que tout le monde peut connaître la volonté de Dieu, le projet d'une théocratie peut déboucher sur une démocratie directe ou sur l'anarchie (absence de gouvernement) ; si l'on considère qu'il existe une catégorie déterminée de personnes qui est autorisée à dire ce qu'est la volonté de Dieu, et que c'est ceux-là qui doivent gouverner, le projet d'une théocratie peut déboucher sur une forme de régime totalitaire dirigé par des politiciens-religieux. Pour Savonarole, il n'y a pas de milieu entre l'anarchie et la dictature, il faut que ce soit l'un ou l'autre6. Pour Spinoza, la théocratie est au contraire le moyen d'éviter toutes forme d'extrémisme politique. Chez Spinoza, l'idée de démocratie dans le sens d'un régime politique qui respecte les libertés est coextensive de celle de théocratie7.

Au cours des xixe et xxe siècles, des auteurs cherchant à interpréter les bouleversements historiques dont ils étaient les témoins, y ont vu les effets de la manière dont Dieu dirige le monde. Ainsi, Pour Joseph de Maistre la Révolution n'a pas été menée par des hommes mais elle est le résultat de l'action de Dieu qui détruit pour reconstruire. Pour Tocqueville la démocratie qu'il voyait se mettre en place en Amérique est une forme de régime politique qui s'impose de lui-même dans l'histoire comme un effet de la Providence.

Cependant, à la même époque, sur fond des polémiques qui entourent les révolutions, la séparation de l'Église et de l'État, ainsi que la fin des États pontificaux, le terme théocratie commence à désigner, non plus le gouvernement de Dieu, mais celui des religieux. Il sert alors à traiter du rapport entre l'Église et le pouvoir civil. L'idée de théocratie comme gouvernement par des religieux devient alors complémentaire de celle de césaropapisme, notion elle-même élaborée à cette époque. Le Césaropapisme désigne la volonté du pouvoir

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