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Fiche de lecture: Le bon gouvernement, Pierre Rosanvallon

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Par   •  28 Octobre 2016  •  Fiche de lecture  •  3 604 Mots (15 Pages)  •  1 727 Vues

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Fiche de lecture:

ROSANVALLON, Pierre. Le Bon Gouvernement. Paris: Éd. Du Seuil, 2015[pic 1]

PROPOS INTRODUCTIF:

        « Nos régimes peuvent être dits démocratiques, mais nous ne sommes pas gouvernés démocratiquement » telle est la première phrase qui inaugure l’ouvrage de Pierre Rosanvallon et qui donne le ton de cet essai. Pierre Rosanvallon est un historien et sociologue français. Après un diplôme obtenu à HEC en 1969, il devient conseiller économique de la CFDT (confédération française démocratique du travail). Il s’impose dès lors comme un des principaux théoriciens de la « deuxième gauche ». Proche de Michel Rocard il publie notamment l’Âge de l’autogestion (1976), puis Pour une nouvelle culture politique (1977). Renonçant à une carrière politique, il rejoint le milieu universitaire (à l’université de Paris-Dauphine). Il publie avec Claude Lefort une thèse de troisième cycle en histoire. Elle est publiée en 1979 sous le titre Le Capitalisme utopique. Histoire de l’idée de marché. Puis il dispose d’un doctorat d’État ès lettres et sciences humaines avec Le Moment Guizot, 1985. Il consacre par la suite une série d’ouvrage à l’histoire du modèle politique français. Il devient également directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Pierre Rosanvallon est élu en 2001 Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’histoire moderne et contemporaine du politique. Il entreprend un travail historique sur les mutations des démocraties notamment avec La Contre-démocratie : la politique à l’âge de la défiance (2006), La Légitimité démocratique : impartialité, réflexivité, proximité (2008) et La Société des égaux (2011). En 2002, il lance La République des Idées, qui publie une collection aux éditions du Seuil. Il crée également une revue en ligne qui permet information et analyse.

L’auteur estime l’histoire de la démocratie comme une problématique. Comme il peut le noter, « Parce qu’elle est fondatrice d’une expérience de liberté, l’histoire de la démocratie, a-t-il noté, n’est pas seulement celle d’une expérience contrariée ou d’une utopie trahie : en elle se sont enchevêtrées l’histoire d’un désenchantement et l’histoire d’une indétermination ».

Cette démarche historique de la démocratie lie un travail universitaire conséquent et une certaine préoccupation pour les enjeux actuels. Tel est le contexte de publication de l’ouvrage Le Bon gouvernement publié en 2015. L’auteur a choisi ce titre d’après le nom d’une fresque du XIVème siècle située dans le palais communal de Sienne et peinte par Ambrogio Lorenzetti qui avait pour but de montrer les effets de l’action d’un bon gouvernement prônant la concorde, la paix sociale face à celles d’un mauvais gouvernement corrompu. L’historien veut ainsi montrer la continuité des enjeux soulevés notamment par rapport aux qualités des gouvernants. La qualité des gouvernants est ainsi une question qui revient aujourd’hui. Comme nous l’avons vu, dans toute son oeuvre l’auteur se questionne sur les limites de la démocratie et tente d’apporter une réponse aux carences de nos régimes. Ce livre est alors un ouvrage qui mêle une analyse historique voulant comprendre les formes que la démocratie tend à prendre. Il dresse un portrait global principalement de la révolution française (voire plus tôt). L’écrit de Rosanvallon veut montrer que nous sommes passés d’une démocratie d’autorisation et de représentation (ayant pour question principale la bonne représentation) à un modèle présidentiel où la qualité des gouvernants est plus importante. Le point central se trouvant ainsi dans la relation entre gouvernants et gouvernés. Nous pouvons alors tenter de nous demander en quoi Pierre Rosanvallon, en modifiant l’approche traditionnelle de la démocratie qui ne cherche pas à perfectionner le régime, nous propose-t-il une théorie du gouvernement représentatif qui doit évoluer d’une démocratie d’autorisation à une démocratie d’exercice.

  1. LA DÉMOCRATIE COMME DÉMOCRATIE D’AUTORISATION SE CRISTALLISANT AUTOUR D’UN PHÉNOMÈNE DE PRÉSIDENTIALISATION

Dans cet ouvrage Pierre Rosanvallon dépeint l’histoire moderne des démocraties pour en comprendre l’essence. Il note ainsi l’évolution des pouvoirs notamment l’exécutif. Il note par là une présidentialisation des régimes suite à un relatif effacement du parlementarisme qui mène à une personnalisation forte du pouvoir mais qui présente tout de même des limites certaines.

  1. La présidentialisation et le renforcement de l’exécutif

        Pierre Rosanvallon occupe sa fonction d’historien et nous propose une vision rétrospective de l’exécutif. En France mais plus généralement en Europe, le pouvoir exécutif a subi une sorte de disqualification et d’écartement. Les expériences absolutistes ont ainsi donné à l’exécutif un terne image. S’impose par conséquent, un pouvoir qui se veut impersonnel et qui consacre le règne de la loi. Ce pouvoir recherche un maître plutôt impartial, le plus anonyme et qui domine sans opprimer, qui commande sans aliéner. C’est notamment le modèle défendu par beaucoup d’utilitaristes et libéraux et cela dès le début du XIXème siècle avec Bentham par exemple. De multiples personnes influentes des Lumières jusqu’au début du XXème siècle reconnaissent l’intérêt de contenir au mieux le pouvoir exécutif. L’idéal est ainsi à la prédominance du pouvoir législatif. Necker qui cite un orateur d’une assemblée stipule « le pouvoir exécutif sera toujours l’ennemi du pouvoir législatif ». Il faut ici comprendre que cela résulte d’une logique particulière. Le peuple doit être législateur, pour cela le pouvoir législatif qui exprime la généralité doit être au coeur du système politique. Notons tout de même que le pouvoir exécutif n’est pas nié mais plutôt bridé. Sieyès, l’un des pères de la première constitution française, réclamait la présence d’un pouvoir législatif capable de justement brider le pouvoir exécutif. La voix du peuple souverain devait alors vivre à travers ses représentants, le pouvoir exécutif n’étant finalement qu’un instrument d’application des lois émanant du peuple.

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