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Analyse d’un discours politique en France: Le discours de Robert Badinter sur l’abolition de la peine de mort

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Par   •  30 Novembre 2021  •  Discours  •  1 791 Mots (8 Pages)  •  1 992 Vues

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Analyse d’un discours politique en France: Le discours de Robert Badinter sur l’abolition de la peine de mort

Introduction

Robert Badinter naît dans les années 30 à Paris. Il fait d’abord des études de droit et devient avocat et professeur dans ce domaine, avant de devenir une figure politique française importante. En effet, il est nommé garde des sceaux par Mitterrand et devient par la suite président du Conseil constitutionnel jusqu'en 1995, puis est élu sénateur PS des Hauts-de-Seine jusqu'en 2011. Robert Badinter est un homme engagée, connu pour sa volonté de faire évoluer le code pénal français, ainsi que pour son combat contre l'antisémitisme, mais surtout pour sa lutte contre la peine de mort et pour la réinsertion des détenus. 

Le 17 septembre 1981, alors ministre de la Justice du Gouvernement de Pierre Mauroy, il prononce à l'Assemblée nationale un discours dans lequel il défend un projet de loi pour abolir la peine de mort en France. 

Le positionnement du garde sceaux au sujet de la peine de mort a toujours été radical (il en parlait déjà dans une émission en 1960) et pour lui, il était nécessaire que quelque chose change à ce sujet. En 1972, Roger Bontems, reconnu comme complice de meurtre alors défendu par maître Badinter, est condamné à mort et guillotiné à la prison de la santé. Cette expérience terrible, vécue comme un échec par M.Badinter, fut déterminante dans son combat contre la peine de mort. A partir de cette date, il se consacre à cette lutte et développe son talent oratoire. 

Alors, dans son discours de 1981, quels éléments Robert Badinter utilise-t-il pour toucher son auditoire et contrer ses adversaires (favorables à la peine de mort) ?

Une entrée en matière non-négligeable 

Dans son exorde, M.Badinter commence par remercier les membres de son auditoire. Il leur annonce ainsi implicitement qu’il n’est présent que pour leur bien, et parce que c’est eux qui ont choisi de venir l’écouter. 

Il poursuit en parlant de la France et fait son éloge. Il la présente de manière sous jacente comme le  pays des droits de l'Homme : “La France est grande”, “elle a été la première en Europe à abolir la torture”, “parmi les premiers pays du monde à abolir l'esclavage, [...] qui déshonore encore l'humanité”. Il la complimente également, en la personnifiant (“la marche de la France") et en évoquant sa “puissance” et son “éclat”. Il ne cache pas son patriotisme. 

De plus, Il rappelle que la légitimité de la peine de mort a pour la première fois été remise en question en 1791, période de Terreur en France, où la purge politique était normalisée. Il construit donc son argumentation sur l'Histoire française, et crée ainsi un sentiment de proximité avec son auditoire, essentiellement français. Par ce même biais, il montre le réel problème d’utilité de la peine de mort, et remet en question le droit sur l’atteinte à la vie d’autrui. 

Par ailleurs, l’orateur ne met à aucun moment son statut politique ou professionnel en avant, et se place de cette manière sur le même pied d’estale que ceux qui l’écoute, donnant ainsi encore plus de crédibilité à ses dires. 

Un texte oratoire

Par des outils linguistiques variés, Badinter parvient à captiver son public. En effet, il fait des énumérations à plusieurs reprises : "Et Carrein, et Rousseau, et Garceau", "Truands raisonnables profiteurs du crime, criminels organisés,...”  pour garder son attention. Il fait aussi usage de paralogismes pour faire apparaître chacun de ses arguments comme valides, même s’il généralise. Par exemple, on retrouve ce processus dans sa phrase : “...ceux qu'on appelle les crimes atroces sont commis le plus souvent par des hommes emportés par une pulsion de violence …. À cet instant de folie, ... l'évocation de la peine, qu'elle soit de mort ou qu'elle soit perpétuelle, ne trouve pas sa place chez l'homme qui tue”. 

Par ailleurs, il parle souvent à l’impératif et utilise des formules telles que “croyez-moi” ou “si… vous n’auriez” et s’adresse ainsi directement aux députés pour tenter de les prendre à parti et afin qu’ils se sentent directement concernés par ses propos. 

De plus, il fait plusieurs anaphores comme "jamais vous ne les trouverez dans ces situations-là. Jamais !" ou encore  "Tous, tous se rejoignent sur la conclusion que j'évoquais" pour donner du pouvoir à ses mots, et pour gagner la concentration et l’implication de son public. A la fin de son discours, par le biais de ces fameuses anaphores, M.Badinter insiste sur le fait que les députés peuvent être acteurs de quelque chose de bon,  et qu’il ne dépend que d’eux que des changements vers une meilleure version du monde soient faits : “· "Demain, grâce à vous … Demain, grâce à vous, il n'y aura plus … Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées.". 

Une question au-delà de politique : éthique

Tout d’abord, au début de son discours, Robert Badinter fait comprendre à son auditoire qu'il n'est pas question de politique, mais que cette problématique vient s’inscrire dans le domaine de la morale. Il parle de “débat de conscience”. Il précisent que toute personnalité et toute orientation politique peut et doit être contre la peine de mort. En effet, pour lui, être contre cette condamnation, c'est simplement avoir de la "raison" et du “cœur”. Il insiste en disant qu’il est de l’ordre de l’empathie d’être contre la peine de mort et qu’ “en vérité, la question […] est simple”, et qu’il suffit de faire les bons “choix”. 

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