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Qu'est-ce qu'une nation ?

Commentaire de texte : Qu'est-ce qu'une nation ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Septembre 2021  •  Commentaire de texte  •  2 029 Mots (9 Pages)  •  340 Vues

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Problématique : Qu’est-ce qu’une nation ?

  1. Critique de la définition objective allemande
  1. Les critères mal-fondés de celle-ci
  2. Une critique subtile de l’annexion de l’Alsace-Lorraine
  1. Le fondement de la définition subjective de la nation
  1. L’histoire importante du terme
  2. La vision de Renan sur la Nation

Introduction

Depuis la Révolution française, la définition et le concept de nation est au cœur de nos sociétés. Effectivement, celui-ci varie selon les époques, mais aussi les pays. Le texte soumit à notre étude est alors la retranscription d’un discours d’Ernest Renan, historien, philosophe et écrivain français du 19e siècle. Celui-ci à été prononcé lors d’une conférence à la Sorbonne, fameuse université de Paris, le 11 mars 1882, le titre étant « Qu’est-ce qu’une nation ». Une nation peut alors se définir comme un groupement humain dans lequel les individus se sentent unis les uns par rapport aux autres par des liens à la fois matériels et spirituels, et se conçoivent comme différents des individus qui composent les autres groupements nationaux (selon le professeur Jean Gicquel). Le discours est contemporain notamment de l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine par l’Allemagne en 1871 à la suite de la défaite française à Sédan, ce qui a crée de vifs débats quant à la définition de « nation », divergeant drastiquement entre les deux pays. Ernest Renan a alors pour vocation, dans son allocution, à transmettre sa vision dites « subjective » de la nation et de l’opposer à celle allemande, dites « objective ». L’objectif de sa conférence est alors, comme le titre de celle-ci l’indique, de répondre à la question « Qu’est-ce qu’une nation ? ». Pour se faire, il élabore une critique de la définition objective du terme (I) pour poursuivre par exposer le fondement de la définition subjective de la nation (II).

Chapeau introductif I

Il convient donc d’abord d’étudier la critique de la définition objective allemande du concept de nation formulé par E. Renan, basé notamment sur les critères mal-fondés de celle-ci (A.) mais aussi de voir comment l’orateur expose sa critique subtile de l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine (B.) aux vues de cette définition et d’autres éléments.

Effectivement, pour Ernest Renan les critères de la définition objective allemande de la nation, issu du déterminisme, se trouvent être complètement infondés. Ces critères sont, pour le rappeler, la race, la langue, la religion, les intérêts communs ou encore les frontière natuelles que l’orateur va déconstruire un a un. Dès le début de sa conférence, il attaque ce principe objectif en disant : « … on confond la race avec la nation, et l’on attribue à des groupes ethnographiques ou plutôt linguistiques une souveraineté analogue à celle des peuples réellement existants. ». Il annonce ici sa thèse, qu’il développe ensuite en 5 axes suivant les 3 éléments de définition. L’historien expose l’idée que la race ne peut être considérée comme un élément de définition de la nation. Effectivement, l’ethnographie ne peut être un fondement de cette définition puisqu’aucun peuple est une « pure race ». Il développe cette idée en développant les origines ethniques primaire de chaque nation « La France est celtique, ibérique, germanique. L’Allemagne est germanique, celtique et slave … », il ajoute donc que même l’Allemagne, alors qu’à l’origine de cette définition, n’est pas un pays germanique pur selon l’histoire, comme aucun pays ne pourrait l’être. S’appuyer sur ce point est donc selon Renan insuffisant, voire impertinent pour définir une nation. La langue est pour lui également un élément superflu pour la définition d’une nation : il justifie cet argument en s’appuyant sur l’exemple de l’Espagne et l’Amérique latine, parlant la même langue mais ne formant pas une nation, où à l’inverse la Suisse où l’on parle de nombreux dialectes différents mais qui représente une véritable nation. Il dit même que : « La langue incite à se réunir ; elle n’y force pas », expliquant ainsi qu’une langue commune est bien évidemment un outil facilitant la constitution d’une nation puisqu’elle permet aux différents partis de se comprendre mais qu’elle n’est en rien une condition nécessaire. Il finit par aborder le critère religieux, qu’il décrédibilise en expliquant qu’aujourd’hui « il n’y a plus de religion d’Etat ». En effet, il expose l’idée qu’on peut être de n’importe quelle nationalité et pratiquer le culte de notre choix. A l’échelle française, cela fait alors référence à l’article 5 de la DDHC qui dispose que « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. », ce qui garantit depuis la Révolution une liberté de culte, que beaucoup de pays européen ont finit par reconnaître également. Ainsi, c’est un critère selon lui mal-fondé qui n’a pas sa place dans la définition car la religion est une information personnelle et une liberté qui ne devrait avoir de conséquence sur une notion aussi fondatrice que celle de la nation. Il aborde ensuite l’idée que les intérêts communs jouent un rôle en politique mais n’ont pas de grande importance dans la constitution d’une nation, qui est un concept bien plus spirituel que cela. Les frontières sont pour lui, dans un certain sens comme les intérêts généraux : elles sont utiles d’un point de vue stratégique mais non dans la définition d’une nation. Ainsi, il évoque au début les « communauté sans patrie, maintenant par le lien religieux », montrant que cet indicateur est négligeable dans la définition d’une « nation ». Finalement, les critères de la définition objective critiquée par Renan paraissent dans leur ensemble plus facteur d’exclusion que d’unification.

Transition A-B

Maintenant que nous avons vu la position de Renan et ces critiques quant à la définition allemande du terme de « nation », nous allons pouvoir voir comment il s’appuie sur ces remarques pour critiquer l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine, tout en complétant son argumentation par d’autres éléments.

En effet, l’historien, en plus de critiquer la vision objective de la nation allemande, critique également vivement leur annexion des deux régions françaises, à la suite de la bataille de Sédan en 1871, donc 10 ans avant le discours. Il introduit cette subtile critique en disant : « La famille germanique, par ex, selon la théorie que j’expose, a le droit de reprendre les membres épars du germanisme, même quand ces membres ne demandant pas à se rejoindre. Le droit du germanisme sur telle province est plus fort que le droit des habitants de cette province sur eux-mêmes. On crée ainsi une sorte de droit primordial analogue à celui des rois de droit divin ». Renan ne dit pas clairement qu’il aborde le sujet de l’annexion des provinces françaises, mais le contexte nous pousse à penser que cela concerne cet évènement. Sa critique ressort très vivement dans cette citation puisqu’il explique que l’Allemagne s’octroie un droit selon un critère biaisé qu’est la race (comme expliqué précédemment), tout en ne portant aucun crédit à l’avis de la population, comme dans un régime monarchique : elle annexe ces territoires sans préavis et explications raisonnés, dans une optique complètement antidémocratique. Il continue cette critique plus tard dans son discours, lorsqu’il expose que selon lui, « une nation n'a pas plus qu'un roi le droit de dire à une province : « Tu m'appartiens, je te prends ». Une province, pour nous, ce sont ses habitants ; si quelqu'un en cette affaire a droit d'être consulté, c'est l'habitant. Une nation n'a jamais un véritable intérêt à s'annexer ». Ainsi, ce discours argumentatif, en plus d’avoir une portée informative quant à la définition de la nation, est également marqué par une forte portée critique, venant du ressentiment français à la suite de la perte des territoires alsaciens et lorrains. Cette convergence d’avis quant à la définition d’une nation provient finalement également d’une convergence générale entre les deux pays.

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