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Suis-je seul avec ma raison ?

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Par   •  12 Décembre 2022  •  Dissertation  •  1 778 Mots (8 Pages)  •  222 Vues

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DISSERTATION PHILOSOPHIE

Suis-je seul avec ma raison ?

     

     On peut considérer que nous sommes seuls avec notre raison dés lors qu'elle nous restreint l'accès aux émois des sentiments. Cependant, la raison permet également d'avoir du monde une vision générale, absolue. L'usage de la raison nous condamne-t-il à la solitude ? Naît-il des hommes doués de raison et d'autres qui n'en connaîtront jamais les principes ? Le problème est de savoir si le choix de la raison nous oblige à un repli sur soi, et les conséquences de celui-ci. Nous établirons tout d'abord les liens qui unissent l'homme à sa raison et les moyens d'une telle réunion. Nous observerons ensuite la place qu'occupent le doute et autrui dans ces considérations. Nous admettrons alors que la raison nécessite un certain isolement du monde, tout en conférant un universalisme authentique.

     La raison, notion philosophique et morale majeure, est une notion évolutive. Elle fait partie de l'être qu'elle sert mais lui est en-même temps extérieure, puisqu'elle peut « se perdre » tout comme « se retrouver ». La raison, que nous définirons ici comme au service de la vérité et de la justice, suppose l'abandon de notre particularité, de notre vie sensible. Elle s'acquiert donc par expérience, des suites d'une longue réflexion. C'est ce qui est illustré dans l'allégorie de la caverne de Platon, où l'élève, enchaîné par ses opinions et ses émotions au fond de la grotte, ne peut se faire une idée de la vérité des choses se trouvant au-dehors. L'école le poussant à sortir de son refuge, il finit par y trouver la raison. La raison est aussi étroitement liée à la justice, puisque certains philosophes soutiennent que raisonner et synonyme de bien juger. Ainsi, Descartes et Platon considèrent que la raison doit se confronter à l'inconnu afin d'établir le Mal et le Bien. En effet, chez Descartes, cela nécessite une rencontre avec d'autres cultures, avec le monde dans sa globalité. Pour Platon, cela s'exprime par une altercation avec le monde intelligible, auquel on accède grâce à l'éducation. Mais ces réflexions se concentrent ici sur l'individu, sur son cheminement personnel et sur une raison lui  étant propre. Or, si la fonction de la raison est, comme nous l'avons établie plus haut, de « bien juger », elle se doit d'adopter un point de vue universel, et donc opposé à tout individualisme.

     La raison, initialement présente en chaque être humain, se situe donc dans son intériorité. Or, se situe aussi en l'homme les éléments dont il doit se détacher pour trouver la vérité, éléments que nous avons auparavant énumérés ; les opinions, les mœurs, les passions, les centres d'intérêts... La raison présente en chacun de nous doit donc sortir de notre être pour se placer « en haut », pour prendre du recul. Sans cela, elle risque d'être biaisée et faussée par notre vie sensible. Ce mouvement réflexif sous-entend un voyage vers l'ailleurs, un contact avec l'Autre avant de revenir en nous. Cela n'est pourtant pas à considérer comme une accumulation d'expériences mais plutôt comme une méthode servant à aiguiser son libre-arbitre, sa capacité de jugement, dans le but de discerner la vérité des apparences. En suivant toujours l'idée selon laquelle la raison répond à une recherche d'absolu, on peut donc se demander si le choix de la raison n'est pas le choix du conformisme. En effet, là où les opinions sont diverses et uniques, garantissant l'originalité de chaque individu, la vérité ne permet pas la pluralité des points de vue, elle se place comme seule guide de la réflexion dont chacun devrait faire l'usage. Cependant, on peut également rappeler que dans nos sociétés, basées sur la consommation et l'appel de la publicité, les opinions et désirs sont constamment utilisés par les instances qui nous gouvernent. Ainsi, Epictète qualifie de comportement grégaire, « moutonnier », l'appel du corps, et y oppose une vie dictée par la raison. L'enjeu est aussi ici d'être humain, de ne pas s'abandonner à nos origines animales, comme le souligne le philosophe Aristote dans sa célèbre formule : « L'homme est par nature un animal raisonnable ».Le rapport entre l'homme et sa raison nous apparaît donc comme relevant de l'universel, de ce que chacun devrait penser, mais nous semble également être une notion très privée et intérieure, puisqu'elle préexiste en nous à toutes réflexions et cheminement personnel. Elle est donc constitutive de notre être autant qu'elle en est dissociée.

Il nous faut cependant observer le comportement de nos pairs fassent à notre raison ainsi que les frontières créées par l'apparente inaccessibilité de cette dernière, toujours dans le but de définir si nous nous trouvons seuls lorsque nous usons de la raison.

     Comme nous l'avons vu précédemment, pour affûter sa raison, il est nécessaire de prendre du recul. Mais ce recul ne s'étend-t-il pas à un retrait plus général, de soi-même tout d'abord, mais également de la société et de l'environnement dans lequel nous avons évolué depuis notre naissance, à savoir notre famille, nos amis, nos semblables ? Si nous imaginons que nous sommes la seule personne de notre entourage à s'être élevée vers la vérité, la réflexion de nos pairs est donc toujours soumise aux aléas de leurs opinions et de leurs particularité. De ce fait, une barrière se crée entre notre manière d'appréhender le monde et la leur. Hors d'atteinte de la menace que représente l'écoute de nos désirs et de nos passions, il nous devient instinctif d'exercer sa raison pour juger des situations alentours. Cette situation pourrait présenter des aspects favorables, comme la capacité à pouvoir devenir un être de raison n'étant pas atteint par le monde sensible. Mais elle peut également déclencher une série de désagréments. Tout d'abord, cette situation nous amène à nous couper des mœurs de la civilisation, de la société, de la masse, en bref, de la sphère publique des opinions. La cause de cela est premièrement que cette vie publique nous ennuie, de pars son manque de clarté et de connaissances, comme cela est suggéré à travers l'allégorie de la caverne de Platon. En effet, si l'élève parvenu à s'habituer à la lumière, qui est l'image de la vérité, était subitement ramené en bas, il ne pourrait certainement pas retrouver sa vision du fond de la caverne d'autrefois, et il ne verrait rien comme lors de sa montée vers la lumière. Ainsi, il ne serait pas ébloui mais aveuglé. L'ennui conduirait donc à un repli sur soi, à un retranchement vers un monde plus juste. Cette situation est similaire à celle que conte Descartes, dans Discours de la méthode, lorsqu'il rend compte de ses multiples voyages en Europe. Il narre ici que les conversations extérieures ont finit par l'ennuyer, et que, pouvant pleinement se consacrer à l'exploration de son « soi-pensant », il préféra la solitude. Cette idée appuie le fait que le recul évoqué dans la première partie de notre dissertation permet d'étoffer sa raison, de trouver en soi les clés de la vérité universelle. De plus, il serait inutile d'essayer de changer nos pairs, étant donné que l'on ne peut leur enseigner la raison, mais seulement la réveiller en eux. Mais nous pourrions nous demander si la certitude de l'universalité de notre pensée suffit vraiment à faire de nous des êtres de raison, c'est à dire capables d'exercer un jugement critique et libre, sans être influencés par des opinions toutes faites ou des principes imposés.

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