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L'idée de monde

Dissertation : L'idée de monde. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Mai 2019  •  Dissertation  •  1 787 Mots (8 Pages)  •  882 Vues

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Khôlle philo : L'idée de monde

        Si on pose qu'il y a une idée de monde, on pose le monde comme objet, c'est-à-dire comme phénomène ou comme chose en soi. En fait on peut bien penser le monde, on peut a priori en avoir une idée et ce fait là nous amène à penser que le monde a bien une existence. Or, il se pourrait tout à fait que l'on puisse penser le monde mais qu'il n'y ait pas de référent à la pensée et que finalement l'objet de la pensée soit interne à la pensée elle-même. L'existence du monde selon la définition qu'on lui donne n'est pas certaine. Dans la métaphysique antique et classique on a souvent défini le monde en tant que chose en soi, comme totalité inconditionnée  des phénomènes. Cependant, on peut se demander comment on peut prétendre l'existence d'une chose en soi qui vienne expliquer la totalité des phénomènes alors que l'on n'a pas accès à cette chose par expérience.

        Il nous faut déjà examiner quelles sont les définitions de l'idée de monde et leur possibilité.

        On pourrait déjà concevoir l'idée de monde comme le monde physico-mathématique. Le monde serait une collection de phénomènes, c'est-à-dire une certaine quantité de choses juxtaposées, une certaine quantité d'être. Le monde serait alors en quelques sortes l'addition des choses sensibles. Mais, on constate dans la réalité extérieure des cycles comme les saisons et les périodes de lune, on constate aussi des répétitions et des lois comme la vieillesse et la mort. Ces rapports constants entre les phénomènes incitent à penser qu'il n'y a pas qu'une juxtaposition de phénomènes mais une organisation. Cet ordre nous amène à penser que le monde n'a pas qu'une réalité physico-mathématique, mais qu'il est une organisation des phénomènes et donc une totalité. De plus, on doit différencier les termes monde et ensemble : non seulement on constate une organisation des phénomènes mais l'idée de monde elle-même implique une organisation. D'une part, le monde physico-mathématique conçu comme une collection de phénomènes juxtaposés ne peut pas vraiment porter le nom de « monde » ; on doit l'appeler « ensemble », ie une diversité sans unité intrinsèque. D'autre part, l'idée de monde est idée de monde en ce qu'elle désigne l'unité ordonnée d'une multiplicité d'êtres quelconques.

        Pour approcher une définition de l'idée de monde, on peut notamment faire référence au cosmos qui est une conception du monde née chez les Grecs anciens. Le cosmos se définit comme une totalité organisée, harmonieuse et donc belle. Le cosmos est le résultat d'une organisation à partir du chaos qui est lui une multiplicité totalement désorganisée. Selon cette conception, il  y aurait un principe physique organisateur comme le feu, le vent, l'eau, le sec, l'humide… et c'est le principe organisateur qui rend le monde cohérent et bon. Par conséquent, chaque chose prend sens par rapport à l'organisation du monde. Le monde est ainsi un système achevé du réel. Dans la conception du cosmos, le monde est une chose en soi, il est une unité qui explique la totalité des choses qui le composent. On peut aussi voir d'autres conceptions de l'idée de monde mais elles désignent toujours un système achevé du réel. Dans De l'origine radicale des choses Leibniz définit le monde comme « agrégat des choses finies ». Pour Leibniz, si on essaye de trouver la cause d'un phénomène, on doit remonter à sa cause première, qui est hors de la série causale des causes efficientes, physiques et qui vient achever l'explication. Leibniz pense que le principe de raison suffisante régit à la fois la pensée et le monde. Pour achever une explication, on doit remonter à la cause première, qui est la raison suffisante. Dieu est la cause première qui rend compte de l'existence du monde et le monde rend compte de la totalité des phénomènes. Le monde est donc un inconditionné et il est un inconditionné en tant qu'il contient la totalité des phénomènes. Aussi cet inconditionné est appelé ainsi parce qu'il n'est précédé d'aucune condition mais contient et détermine la totalité des conditions.

        On a donc pu définir dans cette partie le monde comme une chose en soi, comme une totalité inconditionné des phénomènes. Cependant, on avait constaté l'ordre du monde à travers une série de phénomènes comme les saisons, les périodes de lune, la vieillesse et on en avait déduit l'existence d'un monde en tant que totalité inconditionnée des phénomènes à partir de cet observation des phénomènes. Mais n'est-ce pas précisément glisser subrepticement d'une réalité phénoménale à une réalité des choses en soi ? Peut-on légitimement poser l'existence d'un monde comme chose en soi sans le connaître par expérience ?

        Il nous faut maintenant examiner dans cette deuxième partie quelles sont les conditions de possibilité de l'idée de monde. L'idée de monde est-elle un concept ou une pensée tournant à vide, sans référent dans la réalité extérieure ?

        Selon Kant dans Critique de la raison pure, l'idée de monde comme réalité transcendante, c'est-à-dire la totalité inconditionnée des phénomènes est une illusion. L'idée de monde émerge d'un désir d'absolu, c'est-à-dire de trouver une unité achevée, absolue, inconditionnée. Pour Kant, un glissement s'opère du plan des phénomènes à celui des noumènes, c'est-à-dire la réalité intelligible comme chose en soi qui ne peut être l'objet d'une connaissance empirique. Ce glissement s'effectue par la confusion établie entre la « nécessité subjective d'une certaine liaison des concepts, requise pour le bon fonctionnement de l'entendement » et la réalité objective ; la « nécessité subjective » est donc tenue pour « une nécessité objective de la détermination des choses en soi », comme l'écrit Kant. En somme, nous prenons une liaison nécessaire entre nos pensées pour une liaison nécessaire dans l'être. En fait la raison « demande la totalité absolue des conditions pour un conditionné donné et, comme le dit Kant, cette totalité ne peut absolument se rencontrer que dans les choses en soi ». Une illusion résulte de « l'application de cette idée rationnelle de la totalité des conditions partant de l'inconditionné aux phénomènes comme s'ils étaient des choses en soi ».  Ainsi l'idée de monde est le produit d'une illusion transcendantale de la raison qui objective son désir dans la réalité. Il s'agit pour elle d'arrêter la régression à l'infini en se reposant sur une unité fictive.  

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