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Descartes, le Discours de la Méthode VI

Commentaire de texte : Descartes, le Discours de la Méthode VI. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Février 2021  •  Commentaire de texte  •  2 593 Mots (11 Pages)  •  1 308 Vues

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Commentaire de texte

Descartes, Discours de la méthode, VI

Le Discours de la méthode est un texte de Descartes, initialement proposé comme une préface à trois traités scientifiques du même auteur : La Dioptrique, Les Météores et La Géométrie. Il était donc une base méthodologique, un ensemble de six articles cherchant à fonder les sciences rationnellement, à partir de son principe le plus célèbre – le cogito : la certitude atteinte par le doute, en trouvant ce qui échappe au doute – et pour s’éloigner de la conception ambiante des sciences à son époque, celle de la scolastique, qu’il juge trop spéculative. C’est aussi un moyen d’expliquer le chemin qu’il a parcouru depuis ses études, pour justifier l’existence et la légitimité du discours. En effet, Descartes le rédige dans un contexte de révolution des idées et des conceptions métaphysiques et scientifiques, après le débat opposant héliocentrisme et géocentrisme. Ce même contexte l’a poussé, étant marqué par l’incident du procès de Galilée, alors qu’il souhaitait défendre l’héliocentrisme et faire de la cosmologie (au travers d’un ouvrage qu’il a préféré ne pas faire paraître), à s’orienter vers la philosophie. Le présent Discours de la méthode, et les trois traités le suivant, sont une forme de réécriture de ce texte à vocation scientifique – Traité du monde et de la lumière – qu’il avait d’abord écrit. Il n’en reste pas moins influencé dans son travail philosophique, puisque dans ce texte, un des objectifs est de mettre la raison et les principes, l’acte de philosopher sans faire d’erreur, au service d’une recherche scientifique bien construite, et dans le but d’appliquer les progrès de la science au réel, d’améliorer la technique. La sixième partie du livre porte sur les raisons qui ont poussé Descartes à écrire : qu’est-ce qui le motive à vouloir fonder une méthode permettant d’éviter l’erreur ? Qu’est-ce qui, en définitive, vient à le faire écrire sur la bonne utilisation, et la construction rationnelle, de la métaphysique, des sciences ? Le passage que nous étudions a pour objet le rapport entre la science et la technique, et répond à ces questions en montrant la finalité morale de l’application concrète de notre savoir scientifique sur le monde, et sur nous-même. Il est justement question de sortir d’une science uniquement spéculative, c’est-à-dire à un développement purement théorique de celles-ci : Descartes cherche à montrer qu’il faut aller plus loin, et nous permettre d’agir sur le monde environnant, en quelques sortes, de maîtriser la nature. L’utilité des sciences est son application sur le monde, dans le but de le contrôler pleinement, cela étant motivé par l’idée qu’une telle application est profitable à tous. Est-ce dire qu’il faut voir la nature comme un bien humain, et en faire grâce à la science, pour ainsi dire, ce que nous en voulons ? Ou bien est-ce une responsabilité que d’être comme ses maîtres, un devoir nécessaire pour l’humain ? Derrière le rapport des sciences et de la technique, derrière une position sur le progrès que peuvent apporter les découvertes, l’enjeu du texte est la situation de l’homme vis-à-vis de la nature, le monde matériel qui l’entoure. On sait qu’il est un sujet pensant, qu’il a la raison comme guide pour comprendre le monde et pour se comprendre lui-même : y-a-t-il alors l’humain d’un côté et la nature de l’autre, comme si cette dernière n’était qu’un ensemble de ressources et d’objets sur lesquels il agit, mais dont il ne fait pas partie ; ou bien y-a-t-il une forme de parenté, voir une assimilation, entre l’humain et la nature, de sorte qu’il doit agir sur elle pour améliorer son savoir et sa condition ?

Il faudra d’abord voir comment la science que Descartes analyse et conçoit peut-elle servir, et être bénéfique moralement aux hommes : les motifs de Descartes d’argumenter à son sujet (l.1 à 6). Ensuite, il s’agira de comprendre comment il souhaite fonder une forme de philosophie pratique, par l’application des sciences au réel, en comprenant le rapport entre théorie et application scientifique (l.6 à 13). Enfin, nous verrons la finalité, et aussi la conséquence, de cette nouvelle utilisation de la science, sur la nature et sur l’homme, et verrons comment le texte conclut sur la place de ce dernier dans celle-ci. (l.13 à 22).

Comme dans cette sixième partie, il est question pour Descartes d’expliquer ce qui l’a amené à écrire, il commence par préciser pourquoi il souhaite argumenter sur le rôle de la science. Il se fonde donc sur les connaissances théoriques qu’il possède (« Sitôt que j’eus acquis quelques notions générales touchant la physique » l.1), l’approfondissement qu’il a fait à leur propos (« et que commençant à les éprouver en divers difficultés particulières » l.2) : il est à voir qu’il sa connaissance suit un cheminement des « notions générales » à des « difficultés particulières », il s’agit donc de formuler une conception théorique pour ensuite l’assimiler dans divers cas particulier. C’est de cette forme de cheminement qu’il est ainsi possible de remarquer la portée du savoir scientifique : « j’ai remarqué jusqu’où elles peuvent conduire » (l.3). Descartes tire donc ses motivations de ses résultats, d’approfondissements qu’il a lui-même effectué sur son savoir : sa motivation n’est pas que personnelle, elle a une plus grande importance car elle est liée à la vérité. Mais comment la science dont parle Descartes peut-elle avoir une importance aussi grave sans qu’on ne le sache déjà, ou plutôt, qu’est-ce qui différencie (« et combien elles diffèrent des principes dont on s’est servi jusqu’à présent » l.3, 4) la science telle que Descartes la comprend avec la science comprise à l’époque de la rédaction du Discours de la méthode ? Car c’est bien d’abord parce que la science cartésienne a une différence avec la science enseignée des scolastiques qu’elle permet un nouveau discours, de nouvelles implications (« jusqu’où elles peuvent conduire »). Pour comprendre ce texte, il faut donc saisir la différence qu’il y a entre la vision finaliste de la science d’Aristote, où la matière est expliquée selon ses propriétés, ses qualités, et où elle a une existence qui n’est pas exclusivement corporel, c’est-à-dire mathématisable. La science de Descartes, mécaniste, réfléchit en terme de causes, et perçoit la matière par ses propriétés de longueur, d’étendu, de mouvement : en cela, Descartes peut prendre pour objet de la science la nature tout entière, le monde matériel animé

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