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Qu'est-ce qu'un homme seul?

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Par   •  6 Mars 2017  •  Dissertation  •  3 763 Mots (16 Pages)  •  1 873 Vues

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Qu’est ce qu’un homme seul?

La question de l’autrui, pousse souvent en philosophie à s'interroger sur le rapport qu’a l’homme face a la solitude. Que ce soit en littérature, avec Robison Crusoe, ou en philosophie, la question de l’homme seul est présente a tous les niveaux, amenant souvent a la même conclusion, la solitude est le destin même de l’homme. De l’artiste à l’autiste, de l’ermite au misanthrope, du Prince au clochard; de Dieu, solitaire en sa perfection, jusqu’au damné, enfermé dans l’abandon, la solitude est le concept qui garde sa pertinence quels que soient les types d’existence considérés. La solitude est donc un aspect de l’humanité que l’on retrouve partout meme si elle s’exprime de manières très différentes. La solitude peut être choisie, ou subie; elle peut être physique ou intellectuelle, seule caractéristique est que la solitude apporte a un débouché: apportant le plus souvent la destruction de l’humanité du sujet, ou elle peut amener a une recherche positive de l’inconscient.

La solitude semble donc être le point commun de tous les hommes, leur destin commun, tout en étant l’aspect qui contrevient radicalement à l’essence même de l’homme, celle de la sociabilité dans une vie de communauté, comme le souligne Marc Aurèle, dans Pensée pour moi-même. Pour Aristote, « L’homme est naturellement un animal politique », par politique Aristote entant ici "qui appartient à la polis" c'est-à-dire, en grec, à la Cité. Aristote veut dire que l'homme est un animal qui vit dans une société organisée politiquement, régie par des lois et que cela le définit, le distingue des animaux. Pour Aristote, c’est bien dans les lieux communs philosophiques de l’existence communautaire et politique, que l’humanité réside.

La solitude semble a première vue être un paradox, puisqu’elle est simultanément la condition même de l’homme et l’obstacle qu’il doit surmonter pour ne pas succomber à la déréliction. C’est ce paradox qui nous pousse a nous demander si sommes-nous faits pour la solitude, si a solitude est bien la finalité de l’homme?

Pour cela, nous étudierons tout d'abord l’idée que l’homme est un être relatif et donc relationnel, un être social, politique, un être de dialogue, par conséquent l’humanité est impensable dans la solitude. Nous verrons ensuite l’idée comme quoi l’homme est fait par la solitude, puisqu’elle le révèle, l’authentifie.

Pour commencer, nous étudions l’idée que l’humanité est impensable dans la solitude . Pour cela, nous étudierons l’idée présentée par Pessoa, visant a dire que dans la solitude « je » ne suis personne, puis nous verrons que c’est aussi le regard de l’autre qui nous construit et enfin nous verrons que pousse a l’externe, la solitude est une representation terrestre de l’enfer. Nous verrons ensuite que l’homme est fait par la solitude. Pour cela, nous étudierons la solitude comme moteur du désir, puis la solitude comme fait ontologique est la condition même de la liberté et enfin la solitude permet l’authentification de la singularité.

Cette premiere partie, évoque l’apport qu’a autrui sur le sujet, puisque l'autre est nécessaire à mon existence en tant qu’Homme. L’homme semble avoir besoin d'autrui non seulement pour subvenir à ses besoins premiers, mais aussi pour développer ses facultés intellectuelles (comme le langage, le savoir, la connaissance) et affectives. Si un sujet n’est pas entouré par ses semblables dés la naissance, comme Victor de L’Aveyron, découvert vers l'année 1800, dans le sud de la France, il n’aura pas les acquis d’humanité des êtres sociaux. Victor est un enfant sauvage qui ne parle pas, fait des gestes désordonnés, et est tout à fait inadapté socialement. Un débat entre psychologue s’ouvre alors, pour les uns Victor est un 'arriéré mental incurable'. Pour les autres, Victor souffre d'un déficit éducatif dû à un isolement social prématuré et prolongé. Quoi qu’il en soit, Victor l’enfant sauvage a réussi a survivre dans la nature, laissant de côté les facultés intellectuelles, tel que la parole et l‘interaction sociale. C’est cet example, repris meme de nos jours, qui montre bien l’idée principale: l’homme sans les autres n’est pas homme, il reste au stade animal comme Victor.

C’est Aristote qui souligne cette nécessité pour l'Homme de vivre entouré de semblables au début de son œuvre La Politique: l'Homme est par nature un être politique, c'est-à-dire un être qui vit parmi ses semblables à l'intérieur d'une cité. Ainsi, celui qui vit isolé est, pour Aristote, soit un être humain dégradé, soit un surhomme, c'est-à-dire un dieu, mais tout sauf un homme doté de toute son humanité. Cette dépendance de l'Homme à ses semblables est notamment illustrée par l'histoire de Robinson Crusoë. Le naufragé, qui se retrouve isolé sur une île déserte, s'empresse de reconstruire une altérité, en écrivant un journal ainsi qu'en perpétuant les habitudes sociales de l'Angleterre contemporaine. Le livre montre donc le besoin qu'a l'Homme d'un système social et d'une altérité. Michel Tournier, qui reprend cette histoire dans Vendredi ou les limbes du Pacifique, insiste tout particulièrement sur cet aspect. Le système mis en place par Robinson sur son île est bancal : on ne peut être à la fois prêtre et paroissien, gouverneur et gouverné. Le héros, privé d'une altérité, sombre dans la "souille" et voit sa propre personnalité désagrégée. Le livre évoque donc l'impossibilité de rester un humain dans un monde où l'altérité n'existe plus : sans autrui, l'Homme perd jusqu'à son identité.

En plus de la presence d’autrui qui se relève indispensable pour se construire soi-même, le regard d'autrui, c'est-à-dire l'image que l'autre me renvoie de moi-même, est nécessaire pour la conscience de soi et pour la connaissance de soi. En effet, comme le souligne notamment Sartre dans l'Existentialisme est un humanisme, autrui joue en quelque sorte le rôle d'un miroir pour la conscience, « Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l’autre. ». En effet, le faite de saisir la façon dont autrui me perçoit me permet en retour d'affiner la conscience que j'ai de moi-même et de ce que je suis. Dans cette perspective, l'ami semble bien incarner la figure privilégiée de cette connaissance de soi par l'autre. En effet, l'ami, comme alter ego, joue un rôle décisif

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