Pour atteindre le bonheur faut-il le chercher ?

Si, par bonheur, on entend un état de satisfaction complète et durable, bref le fait d'être comblé, d'avoir réalisé tous ses désirs et projets, alors, il semble au premier abord aller de soi que pour être atteint, celui-ci doive être activement recherché. En effet, l'atteinte d'une fin ne saurait aller sans la mise en oeuvre de moyens. Ainsi des désirs: leur assouvissement demande un effort de ma part, puisque ne sachant se satisfaire d'eux-mêmes, à la différence de ce qui serait un simple souhait. Par exemple, si ce qui me comblerait serait d'être un écrivain reconnu, on ne voit pas comment je pourrais le devenir sans m'exercer encore et encore à l'écriture. Pour autant, on sait aussi que le talent, d'ordre inné, ne saurait s'acquérir seulement par le travail ou l'apprentissage, lesquels au mieux le développent, et que de manière générale, je ne possède pas une maîtrise absolue sur ce qui m'arrive, ni sur ce que je m'avère être. Est-il alors si évident que le bonheur soit entre nos mains ?

On pourrait alors en venir à penser que le bonheur ne dépend au fond nullement de nous, pas plus que de nos actes ou décisions: ce dernier serait plutôt affaire de chance. De fait, c'est bien là, précisément, l'étymologie même du mot bonheur. Et il faut admettre que bien des évènements essentiels de nos vies sont affaires de coïncidences. Pire encore, il s'avère que bien souvent, la chance peut tourner, et que parfois, le destin semble se dresser contre moi sans que je n'y puisse rien. Aussi faudrait-il, dans cette perspective, finalement se résoudre à ce que le bonheur ne soit pas à notre discrétion: plutôt qu'à lui courir après, n'y aurait-il pas qu'à l'attendre tout en étant disponible à sa venue ?

Tout le problème consistera ainsi à déterminer si le bonheur est entre nos mains, auquel cas une recherche active serait nécessaire pour l'atteindre, ou bien au contraire, si, ne dépendant pas de nous, il faut et il suffit de se borner à l'attendre.

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