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« Faut-il Préférer Le Bonheur à La vérité ? »

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Par   •  4 Février 2013  •  6 155 Mots (25 Pages)  •  1 593 Vues

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Introduction

Quand vient la nouvelle année, nous ne souhaitons pas à ce que nous aimons de trouver «  la vérité ». Nous leur exprimons nos meilleurs vœux de bonheur. Est-ce à dire que le bonheur « vaut » plus que la vérité, que le bonheur est plus « souhaitable » que la vérité- qu’il faut, donc, « le préférer à la vérité » ?

Peut-être en effet que cet être cher à qui nous souhaitons tant de bonheur sera incapable d’en profiter justement parce qu’il ne connaît pas « la vérité », soit au sens de « vérité métaphysique » (vérité du monde ou de la condition humaine), soit au sens de « vérité personnelle » ou intime.

On pourrait en effet imaginer cet être cher incapable d’être heureux parce qu’il pense que la vérité de la condition humaine n’est qu’alternance de souffrance et d’ennui, ou parce qu’il souffre de ne pas trouver de réponse à la question même de la vérité du monde ou de nos vies humaines : l’imaginer, donc, incapable d’être heureux à cause de « la vérité ».

On pourrait aussi imaginer qu’il ne peut trouver le bonheur parce qu’il n’a pas trouvé « sa vérité » personnelle objective, parce que son existence ne lui permet pas de manifester sa valeur : cette vérité de lui-même qui doit, selon Hegel, être objective dans l’action et reconnue par les autres pour rendre l’homme vraiment heureux.

Enfin, cette vérité personnelle peut aussi être entendue en un sens plus intime, comme sa vérité purement subjective, celle qu’une psychanalyse, par exemple, vise à faire entendre à l’homme sur le divan. Même si cet ami, affable et souriant le soir du réveillon, semble aller très bien, il peut être dans un déni de sa vie subjective qui le coupe d’une certaine sérénité, et donc du bonheur.

Dans tous les cas, la vérité renvoie à l’adéquation entre un discours et le réel (réel du monde ou de sa vie personnelle), et le bonheur à un bien être durable dont nous avons conscience. Faut-il donc, pour être heureux, ne pas se tromper sur la réalité des choses ? Notre bonheur ne se joue-t-il pas au contraire dans le fait de privilégier ce « bien-être » durable et conscient à la question même de la vérité du monde ou de soi ?

Bien évidemment, c’est la nature du bonheur qui sera en jeu, car le bonheur peut renvoyer aussi bien à l’état d’insouciance de celui qui ne se pose pas de questions (même pas celle de son bonheur !), qu’à la quête de l’homme cherchant quelque chose, mû par une insatisfaction qui donne un sens et une intensité à sa vie.

Dans ce dernier cas, ce que l’homme recherche pourrait bien être la vérité.

Ce bonheur-là se veut conscient de lui-même, intensifié par la réflexion ou par l’introspection. Impossible de le « préférer » à la vérité : il en est la conséquence ou le complice.

Face à lui surgit la tentation d’un autre bonheur, qui s’éprouverait dans l’insouciance ou même dans l’illusion, en tout cas dans une forme de vie débarrassée du souci de la vérité : de cette vérité qui peut être insupportable, blessante ou intéressante, introuvable ou inexistante.

Faut-il alors préférer le bonheur de la vérité ou au contraire refuser une telle préférence, au motif, par exemple, que bonheur et vérité vont ensemble ?

Pour le dire autrement, quel est le vrai bonheur, le plus plein et le plus durable : le bonheur insouciant ou le bonheur lucide ?

1. Oui. Il faut préférer le bonheur à la vérité. La vérité ou la recherche de la vérité rendent malheureux.

A. Il faut préférer le bonheur à la vérité parce que la vérité est insupportable.

Peut-être que « la vérité » dans son sens le plus général- la vérité du monde la vérité de notre condition humaine-est horrible, insupportable. Peut-être que nos souffrances humaines n’ont pas de sens, que l’injuste inégalité entre les hommes n’aura jamais de fin, que notre existence est absurde : que c’est cela… « la vérité ». Alors il faudrait s’en détourner, n’y plus penser et effectivement, lui préférer le bonheur, si toutefois nous pouvons être heureux dans l’évitement de cette vérité.

Mais c’est bien ce que présuppose le libellé : « faut-il préférer le bonheur à la vérité ?» laisse en effet entendre, d’une part, qu’il est possible de les dissocier : de vivre heureux sans se soucier de la vérité, ou de vivre pour la vérité mais en sacrifiant son bonheur.

On trouve dans la première œuvre de Nietzsche, La Naissance de la tragédie, cette idée que la vérité de la condition humaine est trop dure à supporter, qu’il nous est impossible de regarder en face : impossible de regarder en face le fait que notre souffrance n’est ni mérité ni rédemptrice, impossible de regarder en face le grand rire amoral de Dionysos, le Dieu de l’Ivresse et de la Cruauté, devant l’absence de sens de nos vies. C’est pourquoi, poursuit Nietzsche, nous avons besoin de nous détourner de cette vérité, qu’il nomme donc dionysiaque, et de la fuir en l’embellissant avec des formes apolliniennes : avec cette beauté superficielle de l’art capable de nous donner un peu de bonheur.

« Nous avons l’art, pour ne pas mourir de la vérité », Nietzsche, la naissance de la tragédie (1782), folio, 1989

En généralisant cette idée, nous pouvons affirmer que, si la vérité ne peut que nous rendre malheureux, il nous reste la possibilité de la fuir et de chercher notre bonheur dans cette fuite même.

Cela revient à dire, sur le plan psychologique, individuel cette fois et non plus métaphysique, que si la vérité est trop horrible, il faut cesser d’y penser, et lui préférer le bonheur : ce bonheur, précisément, qu’il n’y a ne plus penser à cette vérité, voire, tout simplement, à ne même pas la connaître. Prenons l’exemple d’un enfant abandonné tout jeune, adopté, mais qu’il ne le sait pas. Il ne connaît rien de son histoire mais vit parfaitement heureux, entouré de l’amour de ses parents adoptifs. Faut-il vraiment briser son bonheur en lui révélant la vérité ? Ne faut-il pas, ici, « préférer le bonheur à la vérité » ? Suivre le sens commun qui nous répète à l’envi que « toute vérité » n’est pas bonne à dire » ou à entendre ?

Toutefois, s’il peut être tentant de « préférer

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