LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Essai de réflexion sur Foi et Savoir de Jacques Derrida

Analyse sectorielle : Essai de réflexion sur Foi et Savoir de Jacques Derrida. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Février 2020  •  Analyse sectorielle  •  1 621 Mots (7 Pages)  •  705 Vues

Page 1 sur 7

ESSAI DE REFLEXION

Vous réfléchirez sur la logique du religieux dans l’essai de J. Derrida, Foi et Savoir. En quoi est-ce une logique ?

Le titre du livre Foi et Savoir invite à penser la religion et science non plus comme ennemis – comme il est d’usage dans la philosophie des lumières – mais plutôt comme deux amies qui se sont mutuellement influencées. Il ne s’agit pas de les penser séparément : le connecteur logique ‘et’ implique qu’il faut penser à la fois le Savoir et la Foi. On peut se demander si l’ordre a de l’importance, pourquoi la Foi avant le Savoir ? Une interprétation possible est la suivante : la Foi précède le Savoir. Mais la Foi ne peut s’abstraire du Savoir (connecteur ‘et’) : peut-être la Foi est-elle pour Derrida systématiquement accompagnée de Savoir ? Dans ce cas, le Savoir impliquerait la Foi.

Nous avons, plus tôt, introduit les notions de religion et de science sans expliciter leurs liens avec le titre. Tentons de définir – c’est un mal pour un bien – les termes de ce titre.

La Foi est la croyance en quelque chose qui ne s’est pas manifesté, c’est croire sans preuve. La preuve est ici une raison de croire. Avoir foi c’est croire sans raison de croire. Le mot foi tire son origine de la racine grecque ‘Fides’, cette racine est notamment partagée par le mot fidèle. Le ou la fidèle peut être celui ou celle qui ne trompe pas son, sa ou ses partenaires ; le ou la fidèle est aussi celui ou celle qui a la foi en sa religion. La foi est le lien entre le fidèle et sa religion ou sa croyance.

Le mot Savoir prend racine dans la langue latine dans le mot ‘sapere’ qui a donné ‘sapiens’. Cette racine latine nous l’avons tous entendue dans l’expression bien connue ‘Homo sapiens sapiens’ : l’être humain qui sait qui sait. ‘Sapere’ signifie percevoir les saveurs : il s’agit ici de sentir, d’appréhender le monde qui entoure le sujet. Le verbe ‘savoir’ est synonyme de ‘connaître’ dans le langage courant. Le substantif du verbe allie cependant l’étymologie et le sens courant : le savoir est l’ensemble de connaissances procédant de l’appréhension empirique du monde. Cette appréhension du monde est permise par la conscience et par les sens : c’est l’expérience. Le Savoir est donc l’ensemble de connaissances accumulées après maintes expériences. Cette démarche empirique est à la base de la démarche scientifique. La science permet d’atteindre le savoir. Le Savoir est à l’homo sapiens sapiens ce que la Religion est au fidèle. La science est au Savoir ce que la Foi est à la religion.

Évidemment les liens établis ci-dessus procèdent de simplifications de concepts bien trop complexes qui pourraient faire – et ont fait – l’objet d’études et de réflexions si longues que l’homo sapiens sapiens saura trois fois avant que le consensus soit atteint. La validité de la démarche n’est cependant pas la problématique d’intérêt ici : on se demandera plutôt, pourquoi cette démarche ? Et quelle est-elle ?
Jacques Derrida estime que définir un concept c’est l’abstraire de son milieu, et l’abstraction est mauvaise. C’est cependant une démarche presque automatique : confrontés à un problème, on essaie d’abord d’en trouver les limites. Une fois les limites posées, on essaie de trouver une solution de façon plus ou moins rationnelle.
Supposons ici que lors de cette démarche, le sujet s’y adonnant essaie sincèrement de trouver la solution et de ne pas se tromper.

L’inférence est le chemin intellectuel permettant de partir de ce problème pour arriver à une solution. Elle peut être fini ou non-finie. L’inférence implique le langage. Derrida s’est beaucoup intéressé au langage, à l’étymologie des mots et leurs influences sur les idées, les concepts etc. Dans l’inférence le langage a joué un rôle primordial. L’étude de l’inférence est appelée la logique.

Le mot logique vient du grec ‘Logos’ signifiant ‘langage’ ou ‘raisonnement’. La logique constitue donc l’ensemble de règles et de critères permettant de juger la validité d’un raisonnement. La cohérence est un produit de la démarche logique.
La logique est indissociable du langage. Le langage permet la logique, il lui est nécessaire.
Pourquoi la logique ? Pour convaincre, pour se faire comprendre, entre autres. Après avoir longuement travaillé sur le sujet de la religion, Derrida prétend vouloir partager des messages. Il les expose notamment dans son livre. Évidemment, son but n’est pas que son ouvrage soit totalement incompréhensible – même s’il est vrai que ce philosophe pour les philosophes n’a rien à envier aux mathématiciens – il veut partager ces messages et ce partage implique un pont préexistant entre le lecteur et Derrida. Ce pont c’est le langage, certes, mais pas seulement. La logique et le langage sont des cofacteurs de la compréhension et du partage.

C’est parce que le message transmis est cohérent et valide que je le comprends. Sans langage je ne pourrais décrypter les mots qui me sont transmis, sans logique je ne pourrais comprendre le sens du discours.

Or, dans tout son ouvrage, Derrida insiste sur le fait que le religieux entretien une relation intime avec le langage. Le religieux s’est et se construit grâce, sur, à l’aide du langage. Notre langage s’est et se construit grâce, sur, à l’aide du religieux. L’auteur va même plus loin : pour lui la religion est une langue. On ne parle pas de religion, on parle religion. Or la langue est un pont entre les individus qui parle cette même langue. Pour que ces individus parlent cette langue, il lui faut une logique, pour qu’elle soit cohérente et compréhensible. Dans ce sens, la religion est logique, sinon elle ne serait pas une langue.
Historiquement, cette logique se confirme puisque les religions sont des mouvements collectifs, ce qui implique un partage des idées. Que ces idées soient vraies ou fausses importe peu dans la mesure où le moyen d’y parvenir, le partage de ces idées est permis par le langage et par la logique.

...

Télécharger au format  txt (10.2 Kb)   pdf (68.9 Kb)   docx (10.5 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com