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Gorgias, Voltaire

Cours : Gorgias, Voltaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Mars 2020  •  Cours  •  698 Mots (3 Pages)  •  473 Vues

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Bakeroot Audrey (1g8)

        

        Voltaire est un écrivain et philosophe appartenant au XVIIIe siècle. Il a écrit plusieurs œuvres célèbres comme Candide en 1759, d'ou nous allons étudié un extrait du chapitre 19.  Cet extrait, efficace dans sa brièveté, a pour but de faire constater avec intensité l'inhumanité de l'esclavage. Voltaire dénonce une pratique qui atteint la dignité de l'être humain, et en cela il rejoint un courant de son époque. En même temps, il apporte une nouvelle preuve pour étayer son argumentation contre les doctrinaires de l'optimisme. Nous allons donc nous demander dans quelle mesure la portée pathétique et ironique de cet extrait est un moyen de persuader le lecteur de la barbarie de l’esclavage. Nous verrons premièrement que Voltaire utilise un vocabulaire cru, puis qu'il tente de mouvoir ses lecteurs.

        Premièrement, le ton dépouillé de l'horreur brute dans les quelques lignes de description du "nègre", est d'abord pour évoquer son désespoir : "un nègre tendu par terre", comme condamné à rester dans une situation médiocre. Puis son état physique est énoncé avec la neutralité d'un constat : "il manquait ce pauvre homme...droite." Les adjectifs ne manifestent pas la pitié mais la brutalité nue du fait. La relation maître-esclave est pleinement affirmée par les moyens les plus simples. Déjà, le rapport de soumission est fortement marqué dans le "j'attends mon maître..." Ensuite, le nom-portrait du maître : "Vanderdendur" soit "vendeur-dent-dure" accentue l'effet d'une autorité brutalement revendiquée et appliquée. Enfin, une épithète, "le fameux négociant", en énonçant la situation officielle du maître, marque la légalité de sa conduite, comme celle d'un homme de bonne réputation, un notable de la servitude et non un esclavagiste clandestin. Dans le langage de l'esclave, le choix d'un style nu fait particulièrement ressortir la brutalité des faits : "Quand nous travaillons... la jambe". Les propositions sont courtes comme des coups. Les verbes concrets ont une charge de violence, "coupe" répété 2 fois. Usage du présent est présenté comme un présent d'habitude. La forme impersonnel "on" montre la relation déshumanisée. L'absence d'adjectifs souligne la simplicité, l'objectivité d'un constat. Et l'absence de pathtique apparent dénonce une sincérité dans la cruauté : "c'est l'usage", remarque l'esclave, présentant les mauvais traitements comme des faits habituels, donc anodins. La simplification du réel accentue encore la rigueur des sévices : on passe directement de "...nous attrape le doigt" à "on nous coupe la main" en économisant l'explication (l'amputation pour viter la gangrène). C'est de même pour "on nous coupe la jambe" : on coupait le jarret des fuyards pour éviter la récidive sans trop nuire leur rendement. Enfin, la soudaineté de la chute fait éclater l'inhumanité en soulignant la disproportion de l'effet de la cause : "C'est ce prix que vous mangez du sucre en Europe" ; la juxtaposition est insoutenable entre les membres coups et la friandise.

        

        Pour persuader, Voltaire ne veut pas seulement démontrer, il veut aussi mouvoir, d'ou le recours au style direct. Le choix de la 1ère personne permet de conférer un pathétique discret l'évocation. Le narrateur limite la partie descriptive. Puis il ouvre un dialogue, qui implique Candide, mais donne surtout largement la parole à la victime. De plus, le Nègre dit souvent « nous », soulignant ainsi son appartenance à une communauté souffrante dont il est solidaire. La tonalité change, à partir de "Cependant lorsque ma mère" : le dialogue devient plus pathtique, et analyse plus intellectuellement la situation. L'esclave adopte alors le langage d'un homme rationnel et sensible. Il analyse et excuse fort bien la décision des parents-vendeurs.

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