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Analyse du Gorgias de Socrate

Fiche de lecture : Analyse du Gorgias de Socrate. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Février 2021  •  Fiche de lecture  •  5 870 Mots (24 Pages)  •  1 737 Vues

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GORGIAS. FICHE DE LECTURE

Première partie : Socrate face à Gorgias. Définition et valeur de la rhétorique. (p.123 à 166).

  1. Dans le discours de Gorgias, relevez au moins deux moments où celui-ci se présente comme un homme de savoir.

  • Premièrement, en affirmant « qu’il aurait réponse à tout » (l.124), Gorgias se présente comme homme de savoir, puisqu’il suggère apporter une connaissance, en répondant à toutes les questions qui lui sont posés.
  • Deuxièmement, Gorgias se présente comme un homme de savoir lorsqu’il est interrogé sur l’art de la rhétorique. Face aux questions de Socrate, Gorgias finit par employer le terme « savoir » pour qualifier l’objet sur lequel porte la rhétorique : « cette conviction porte sur toutes les questions où il faut savoir ce qui est juste et injuste ». En se servant d’un art qui reposerait sur le savoir, Gorgias se présente comme un homme de connaissance pour la deuxième fois, avant de se rend compte d’une incohérence dans ses propos : la rhétorique ne repose finalement pas sur le savoir mais la croyance.

  1. Quelle est, finalement, la définition la plus aboutie que Gorgias propose de la rhétorique. Pourquoi peut-on dire que cette définition est aussi l'œuvre de Socrate ?

En reliant toutes les réponses données par Gorgias, sa définition la plus aboutie de la rhétorique est la suivante : « la rhétorique est un de ces arts qui accomplissent toutes leurs actions en se servant de discours », et dont la pratique produit un sentiment « de conviction qui tient à la croyance », portant « sur toutes les questions ou il faut savoir ce qui est juste et injuste ».

Cette longue définition n’est toutefois pas donnée entièrement par l’orateur. L’intervention de Socrate a été nécessaire pour concevoir cette définition, puisqu’il oblige Gorgias, à plusieurs reprises, de compléter son explication qu’il considère comme incomplète. Au fur et à mesure de l’entretien, Socrate ne cesse de revenir sur sa question qu’il explicite cinq fois lors de son dialogue avec l’orateur : « Sur quel objet porte la rhétorique ?». Si Gorgias semble éviter la question en formulant de nombreuses réponses imprécises telles que « Les discours » ou encore « Les plus importantes des choses humaines […] et les meilleures », il finit par admettre que la rhétorique repose sur « le savoir [entre] ce qui est juste et injuste ». Cette précision qu’apporte Gorgias au sujet de la rhétorique est importante pour Socrate. En effet, elle n’est que l’œuvre Socrate, puisqu’elle permet au philosophe de rapprocher la rhétorique et la justice.  Si Socrate amène Gorgias à rapprocher ces deux disciplines, ce n’est que pour qualifier la rhétorique d’un « savoir-faire » et d’une contrefaçon de la justice dans son entretien avec Polos.

L’objet sur lequel porte la rhétorique n’est pas seulement l’œuvre de Socrate. D’autre part, il est question du sentiment de conviction que produit la rhétorique : repose-t-elle sur le savoir ou la croyance ? Bien que l’orateur emploie le terme « savoir » dans sa définition, Socrate amène Gorgias, par l’intermédiaire de nombreuses questions brèves, à considérer que la rhétorique « fait croire que le juste et l’injuste sont ceci et cela, mais elle ne les fait pas connaître ». Si Gorgias finit par associer son art à la croyance et non au savoir, en avouant finalement que cette « conviction tient à la croyance », ce n’est qu’à cause de Socrate.

Enfin, il est important de préciser que cette définition n’est complétée que par les termes du philosophe, ce qui témoigne véritablement de l’œuvre de Socrate dans cette définition. Gorgias, qui ne peut répondre au philosophe que par de brefs discours, ne formule pas cette définition mais acquiesce simplement à celle proposée par Socrate. Tout le travail de raisonnement (ce dont témoignent ses questions), et de formulation (à savoir sa définition), est accompli par le philosophe.

  1. Quels exemples Gorgias propose-t-il à Socrate pour illustrer la puissance de la rhétorique et la supériorité de l'orateur sur le spécialiste ?

Pour illustrer sa conviction, Gorgias s’appuie sur deux exemples :

  • Premièrement, l’orateur souligne l’intervention des orateurs lorsqu’il s’agit de « construire des murailles », « des ports et des arsenaux ». Les constructeurs, les architectes et autres spécialistes qui ont été sélectionnés pour participer à l’aménagement de la ville, partagent leur savoir, mais n’emportent pas la décision finale. L’orateur reprend ainsi l’exemple du philosophe, et explique que le mérite de la construction « des arsenaux », « des murs d’Athènes » et des ports ne revient pas aux spécialistes, mais aux orateurs des « conseils de Périclès » et « de Thémistocle. De ce fait, Gorgias démontre la supériorité de son art sur les autres, car la décision ultime revient aux orateurs, qui font « triompher leur point de vue ».

  • L’orateur propose deuxièmement une opposition entre le médecin et l’orateur. En évoquant sa propre expérience, il explique qu’il a réussi, par le pouvoir de la rhétorique, à convaincre des malades de prendre leur médicament « là où le médecin était impuissant à les convaincre ». Cette situation concrète permet non seulement à Gorgias d’affirmer la puissance de la rhétorique, mais aussi d’induire sa supériorité sur les autres arts. Si l’art de l’orateur l’emporte sur le savoir du médecin (l’orateur réussit tandis que le médecin échoue), il en est de même pour tout autre discipline.

  1. Comment selon Gorgias faut-il user de la puissance de la rhétorique ? Pourquoi ? (page 146/147)

Selon Gorgias, il faut « se servir de la rhétorique comme tout autre art de combat ». Cette comparaison singulière, permet d’une part à l’orateur de légitimer son art.  La rhétorique n’est finalement pas qu’un simple outil de conviction, mais un moyen d’affronter un adversaire, de même que les armes ou les poings. En établissant une similitude entre la rhétorique et « l’escrime » ou encore « le pancrace », l’orateur souligne la dangerosité de son art, ce qui l’amène deuxièmement à s’expliquer sur la manière dont il faut se servir de la rhétorique par le biais d’une métaphore : « ce n’est pas parce qu’on a appris à se battre aux poings » qu’il faut « frapper ses amis, pour les percer de coups et pour les faire périr ». Notons que cette métaphore n’est pas choisie au hasard. Gorgias, en expliquant la manière dont il faut se servir de la rhétorique, se sert de la rhétorique. Cependant, il déclare qu’il faut s’en servir à bon escient. En insistant sur la puissance de la rhétorique, il souligne sa dangerosité et invite ceux qui pratiquent cet art à l’utiliser au service du bien et du juste

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