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Être libre, est-ce faire ce que l'on veut ?

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Par   •  13 Mars 2013  •  2 139 Mots (9 Pages)  •  1 423 Vues

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"Être libre, est-ce faire ce que l'on veut ?"

Notre objectif est de dégager une problématique, c'est-à-dire d’être en mesure d’identifier des enjeux, ce qui se cache derrière le sujet et que celui-ci ne « dit » pas. Cela pourrait se faire à partit du présupposé suivant :

- Premier moment ou présupposé (fondé sur une évidence, une observation immédiate) : il semble qu’effectivement, à première vue, la liberté soit l'absence de toute contrainte. C'est-à-dire la capacité d’agir en toute indépendance, sans avoir de comptes à rendre à personne, d’autre qu’à nous-mêmes. En effet, il semble que cette définition "par défaut" nous conduise logiquement à faire plusieurs constats :

Cette liberté se manifesterait en opérant des choix, en prenant des options d’abord abstraites. Nous concevrions ce qui pourrait nous convenir au mieux. Et, tant qu’à faire, autant considérer que ces choix puissent être neutres, c’est à dire jamais opérés « sous influence ». Alors, notre capacité de choix ne serait-elle jamais entravée par les errances de nos désirs, mais par le seul effet de notre volonté indépendante. Ainsi, seule notre pure intuition du bien-fondé de nos choix serait-elle opérante. (voir le libre-arbitre chez DESCARTES)

Par ailleurs, force est de constater que s’il s’agissait de les réaliser, nous expérimenterions nos choix en les concrétisant dans notre métier, notre vie familiale, amicale, relationnelle, nos loisirs. Et, si possible, sous la forme d’actes réussis. Autrement dit, qu'est-ce que vouloir, sinon agir sur la réalité qui nous entoure en étant efficace, en y imprimant la marque de notre puissance, la force de notre imagination ?

Finalement, agir et « faire ce que l’on veut », qu’est-ce d’autre que d’agir en croyant tout dominer, tout maîtriser par nous-même, sans gêne, sans entrave de sorte que le réel devienne pour ainsi dire porteur des marques de mon existence, de ma personnalité, de mes rêves et des mes ambitions (voir les Epicuriens, HEGEL ...) ?

Ainsi, que pourrait signifier « être libre » sinon avoir le sentiment intime et puissant de sa propre liberté, qui ne serait rien d’autre qu’un affect qui s’impose à nous, certes, mais rien d’autre qu’une pure donnée affective, à la limite de l’onirisme ? (voir les Stoïciens, DESCARTES...) ;

- Second moment ou limite du présupposé (le problème, c'est-à-dire la difficulté face à cette évidence) :

Toutefois, notre définition initiale "par défaut" présente plusieurs failles majeures, parce qu’alors :

Ce projet d’acte neutre se manifesterait en opérant, soi-disant, des choix non influencés. Toutefois, choisir hors de toute contrainte, selon un total désintéressement, ne serait-ce pas une pure utopie ? Qui pourrait prétendre opérer en toute neutralité, hors de tout contexte, sinon dans ses rêves ? En effet, notre corps, notre environnement, les exigences sociales, les difficultés des apprentissages ne viennent-ils pas nous rappeler constamment que nous sommes environnés par un nombre incalculable de contraintes, d’exigences et de lois ? Dans ces conditions, un choix totalement indépendant paraît donc fortement compromis. (voir SPINOZA)

Par ailleurs, dans la vie réelle, comment pourrait-on vivre ses choix autrement qu’en les concrétisant ? Autrement dit, qu'est-ce que vouloir ? Sinon être se heurter à des difficultés, à des exigences, voire à des impossibilités ? Qui pourrait prétendre pouvoir se passer de respirer, de boire, manger ou dormir ? Qui pourrait raisonnablement penser une minute qu’il agit en toute neutralité, sans aucun désir ? Qui pourrait sans jamais rien apprendre, prétendre être efficace ? Qui pourrait supposer un instant que les autres n’existent pas, qu’ils ne comptent pas ? (voir SARTRE)

Alors, « faire ce que l’on veut » paraît de plus en plus aussi vain qu’absurde. En fait, nous ne pouvons ignorer certaines évidences. En effet, comment passer outre plus longtemps les lois de la nature qui se rappellent à nous constamment ? Comment ignorer que l’on puisse être efficace, à condition que la reconnaissance de cette efficacité soit patente ? Comment se passer des autres qui nous sont si précieux par l’héritage qu’ils nous lèguent, les savoir-faire, les règles et les lois ?

Alors, selon notre idée de départ, que signifie être libre sinon faire le rêve de voler sans air (voir KANT), alors que notre conscience nous rappelle constamment notre appartenance au monde et à ses réalités beaucoup moins utopiques ?

- Troisième moment ou problématique (traitement de la question en respectant toute son ambiguïté) :

Ainsi, si la volonté consistait exclusivement à se plier à ses désirs, ceux-ci seraient toujours impossibles à satisfaire et deviendraient vite tyranniques (voir ÉPICURE, FREUD ...) ; si, au contraire, la volonté consistait à prendre conscience des raisons qui articulent nos actes volontaires, la réflexion nous ferait indéfiniment réaliser combien nous sommes cruellement déterminés par le réel, c'est à dire sous son influence (voir ÉPICTETE, SPINOZA ...). Force est de constater que nous avons probablement mal posé le problème.

De fait, la liberté ne consisterait-elle pas d'abord à agir en acquérant une autonomie concrète, il s'agirait par là de comprendre et de constater que ce sont des situations précises qui nous imposent des exigences mais aussi, et ce n’est pas accessoire, nous forgent une authentique personnalité. Alors, il deviendra évident que pour ne pas rester un éternel adolescent, il faudra agir dans le réel, et, pour ce faire, ne nous faudra-t-il pas composer avec le réel ? Ne faudrait-il pas le connaître pour le questionner afin de transformer chaque instant en un moment de constitution de moi-même autant que du monde environnant ?

Or, si la maîtrise du monde est à ce prix, ne devrions-nous pas penser qu’à chaque instant, nos acquisitions même pénibles sont autant d’avantages qui nous aident à mûrir, et probablement, à faire grandir l’humanité que nous incarnons et portons simultanément en nous également ? Le monde aurait-il progressé sans l’efficacité simultanée du travail et de l’éducation ? (voir HEGEL, BATAILLE…)

Or, rien de tout cela ne semble pouvoir s’opérer sans le concours, la participation, les dons d’autrui, avec et parmi les autres. En effet, comment apprendre à écrire, parler, penser, mais aussi exercer un métier ou vivre en société, tout seul ? Comment vivre sur

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