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Peut-on Agir Inconsciemment

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Par   •  8 Janvier 2013  •  6 536 Mots (27 Pages)  •  2 867 Vues

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Problématisation :

Nous ne saisissons pas toujours immédiatement le sens de nos passions voire même de nos actions. Notre conscience n’aperçoit pas non plus toujours chacune des modifications qu’en tant que corps inscrit dans le monde nous subissons. L’expérience nous indique que nous pouvons agir, penser sans l’avoir voulu. Ces productions involontaires peuvent néanmoins être expliquées : elles sont les conséquences d’un fléchissement de mon attention ou de ma volonté. Ma conscience s’assoupit et se laisse gouverner par le déterminisme naturel. Cependant, Freud ne se satisfera pas de ces explications. Ce qui était renvoyé par la psychologie classique au mécanisme aveugle et non signifiant du corps est élevé par Freud au plan du spirituel et du finalisé : l’inconscient, lui, donne un sens à ce qui n’en avait pas pour la conscience classique (une cause n’est pas un sens!). Est-ce assez pour admettre, avec la psychanalyse que tel acte manqué ou lapsus par exemple, sont l’expression d’un vouloir inconscient et que le moi n’est pas maître chez lui ?

Il est donc légitime de se demander si l’existence de l’inconscient est une certitude ou une hypothèse ? En d’autres termes, la réalité, le fait même de ce qui échappe par définition à la conscience est-il prouvé, avéré, ou n’est-il qu’une supposition ? Peut-on considérer comme bien réelle car prouvée ou seulement vraisemblable mais utile, l’existence d’un vouloir échappant à la conscience ?

Cette question fait problème : en effet, si l’inconscient par définition échappe à la conscience, s’il est nécessairement caché, masqué, dérobé à la conscience thétique, positionnelle d’objet, il ne peut être qu’une hypothèse commode pour la conscience, purement théorique sans qu’on puisse affirmer que quelque chose de réel correspond effectivement à cette idée. Affirmer l’inconscient ne serait possible paradoxalement qu’en le niant comme réalité car si la conscience constate effectivement son existence, il ne s’agit plus d’une instance inconsciente. Mais raisonnement et expérimentation ne pourraient-t-ils assurer le passage de l’hypothèse à la certitude de l’existence de l’inconscient dont, cependant, par définition, la conscience ne peut rien savoir ? Peut-on prendre conscience de l’inconscient sans pour autant le nier ?

Freud à partir de faits qui selon lui témoignent en faveur de l’existence de l’inconscient, raisonne et conclut à l’existence de celui-ci. Quels sont ces faits ? Quel est son raisonnement et est-il correct ? Les raisons proposées qui militent en faveur de l’existence d’un inconscient psychique sont-elles solides ? De manière générale, peut-on prouver une existence ? Prouver suppose un raisonnement. Or, l’existence semble bien échapper au raisonnement.Ne doit-on pas néanmoins conserver l’existence de l’inconscient comme idée féconde et hypothèse éclairante ? Mais que vaut cette hypothèse elle-même ? Est-elle bien nécessaire, rationnelle et rigoureuse ? N’aurait-on pas raison et intérêt à lui substituer le concept de mauvaise foi ?

** Plan :

intro :

L’identité du sujet ne ferait guère problème si le sujet se possédait entièrement et de manière continue. Mais n'avons-nous pas des moments d'absence? Sommes-nous toujours conscient? Même dans la vigilance, nous sommes de toute manière d’avantage conscient du monde que de nous-mêmes. N’entre dans la conscience que les contenus vers lesquels elle veut bien se tourner. N’y entre pas ce qu’elle n’a pas clairement en vue et peut-être aussi ce qu’elle se refuse à voir. Y a-t-il donc dans l’esprit une part qui reste obscure ?

C'est ce qui est désigné par le terme d'inconscient. Mais qu'est-ce que ce mot veut dire? La question n’est pas simple parce que l’inconscient ne peut-être posé comme un objet d’expérience, il est une manière de considérer de façon détournée ce qui a effectivement lieu dans le champ de conscience. Quelle importance accorder à l’hypothèse de l’inconscient ? Faut-il voir dans le recours à l’inconscient un effet de mode issu de la psychanalyse ou bien cette hypothèse a-t-elle de sérieuses raisons pour s’imposer?

I - Le paradigme de la conscience et l’inconscient

En occident Freud est vénéré comme celui qui a révolutionné le paradigme de la psychologie. Il y a la psychologie "avant" et la psychologie "après" Freud dit-on. En quoi l’hypothèse de l’inconscient a-t-elle été à ce point de vue révolutionnaire ?.

Est-ce à dire que l'inconscient n'avait jamais été décrit avant? Bien avant que la psychanalyse freudienne n’apparaisse, il y avait déjà des théories de l’inconscient. Jung, disciple de Freud, s’est même rendu compte en étudiant des cultures traditionnelles en dehors de l'Occident, que l'inconscient avait été décrit à plusieurs niveaux. Les Tantras de l’Inde par exemple contiennent une théorie de la sexualité qui, par comparaison, fait penser que la théorie freudienne ne recoupe qu'une partie de l’inconscient[1]. L’humanité n’a pas attendu la psychanalyse pour développer des systèmes d’interprétation du rêve. Quelle est donc l’importance de la découverte de l'inconscient par la psychanalyse ?

1) L’hypothèse de d’inconscient est d’une importance capitale au sens où elle intervient comme un changement d'orientation dans l’histoire de la psychologie occidentale en provoquant une rupture de paradigme - du modèle - de la psychologie, telle qu’on la concevait depuis Descartes. En effet, la psychologie classique était une psychologie de la conscience. Si nous suivons les indications contenues dans le modèle cartésien de la conscience, nous n’aurons en effet guère de possibilité de rencontrer l'idée de l’inconscient. Descartes pose que l’âme est conscience et il définit cette conscience comme une saisie immédiate de la pensée. La psychologie, comme son nom l’indique, étant une étude de la psyché, de l’âme, cela veut donc dire, suivant le modèle de Descartes, qu’elle l’étude de la conscience comme pensée. Si l’âme est une substance pensante, cela veut bien dire qu’elle est de part en part une pensée en acte. Comment se pourrait-il qu’il y ait en elle quelque chose dont elle n’ai pas conscience ? Comment pourrait-il y avoir une « pensée inconsciente » ? Cela semble contradictoire. La pensée est consciente

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