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Naissance de la pensée politique moderne selon Machiavel

Fiche de lecture : Naissance de la pensée politique moderne selon Machiavel. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  2 Avril 2014  •  Fiche de lecture  •  2 112 Mots (9 Pages)  •  1 112 Vues

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I) Naissance de la pensée politique moderne selon Machiavel

a. Le Prince

Machiavel a toujours été interprété de deux manière différentes : comme le fondateur du machiavélisme et comme fondateur du républicanisme.

On résume cette dimension de la pensée politique comme étant le « moment machiavélien » : il y a la pensée machiavélienne et machiavélique.

Une pensée machiavélique est une pensée ambigu, compliqué, cela se dit d’un homme politique qui cache ses vrais objectifs, qui est manipulateur, pratiquant l’art du complot et des manœuvres. Le problème est que la pensée de Machiavel ne se réduit pas à ça, elle est très complexe, on peut brosser le portrait d’un tout autre Machiavel, théoricien de la « vertu publique », de « l’action finalisé au bien commun ». Machiavel est devenu un classique presque de son vivant mais au fil de l’histoire il a fait l’objet d’idéalisation et de stigmatisation. Le machiavélisme s’identifie à la raison d’Etat, le moment machiavélien s’identifie à l’humanisme politique.

Le Prince, 1513 et les Discours sur la première décade de Tite-Live, 1531

Machiavel n’était pas qu’un penseur politique mais aussi un homme politique, dans la République de Florence qui était une république, jusqu’en 1512, où il était chancelier. En 1512, il y a la restauration du pouvoir de Médicis à Florence, Machiavel est banni de Florence puisqu’il est identifié à la République. Il rédige le Prince, comme un manuel politique à l’usage du prince Laurent de Médicis à qui il l’envoie afin de pouvoir revenir à Florence jouer un rôle politique. Cette expérience qu’il a accumulée dans la république de Florence il l’utilise afin de conseiller un prince, quelqu’un qui ne dirige pas du tout une république, qui est revenu au pouvoir par la force, ce qui pose une contradiction. Certains pensent que la pensée de Machiavel n’est pas explicitement posée dans le Prince, qu’il faut lire entre les lignes.

Certains pensent que le vrai problème de Machiavel est comment unifier, fédérer une péninsule comme l’Italie, dans une Europe où prennent forme de grandes monarchies absolues.

Dans les Discours, il promeut la participation citoyenne et le bien commun dans la politique d’un Etat, comment ce bien commun doit primer, et comment les citoyens doivent protéger l’Etat. Cette contradiction est réglée par un principe donné par Machiavel, aujourd’hui présent en politique, le réalisme politique. Machiavel a théorisé la République mais il est réaliste, après la Restauration, il pense qu’il faut s’adapter aux nouvelles circonstances par pragmatisme, il préfère aider à construire une bonne monarchie c’est comme ça qu’il rédige le Prince. Sa force tient dans le fait qu’il est le premier à penser la politique en terme laïque, en quelque sorte il théorise l’autonomie du politique à une époque où religion et politique sont imbriquées. Bossuet un siècle plus tard parle encore d’un monarque régnant par la grâce de Dieu. Machiavel est le premier à briser ce schéma. Le prince peut réussir ou échouer en fonction de ses capacités, mais ce n’est pas par une volonté supérieure qu’il réussira ou échouera. C’est à partir de cela qu’il va fixer un certain nombre de principe.

La sécularisation signifie une entrée dans un siècle présent, réel. Si on pense ainsi la politique, c’est une pensée sur comment conquérir et garder le pouvoir, gouverner, comment être soutenu par les citoyens, penser le pouvoir avec des formes et structures qui lui appartiennent. Machiavel est un penseur politique qui est le produit d’une époque de grandes mutations historique, comme par exemple la découverte de l’Amérique, l’apparition d’un monde occidental, ou la révolution du livre de Gutenberg qui a marqué une rupture. C’est aussi l’époque de la réforme protestante. C’est le début de la sécularisation de la séparation de l’Eglise et de l’Etat qui va continuer pendant des siècles, l’Homme devient maître de son destin, il est au centre de l’histoire.

Au centre du Prince, il y a les concepts de fortune et de vertu, empruntés aux classiques.

Le concept de fortune est un concept repris chez les classiques latin notamment Tite-Live, il signifie le destin, alors que pour Dante, la fortune est la providence, dans la Divine Comédie. Il lui donne un autre sens, qui n’est pas du tout le verdict inéluctable de Dieu, pas une fatalité à laquelle il faut se soumettre ou se résigner mais une situation objective d’un point de vue strictement matérielle, quelles sont les circonstances de l’agissement politique. C’est cette connaissance qui nous permet d’agir efficacement. Dans l’Art de la Guerre, Machiavel explique qu’il faut connaître l’adversaire et les circonstances de la lutte. Cela explique que la situation objective peut être favorable ou défavorable, mais elle peut être modifié, on peut y intervenir. Il n’y a pas de résignation comme devant la Providence qui nous dépasse, nous sommes toujours susceptibles de la modifier. L’Homme politique qui fait preuve d’intelligence peut modifier la fortune, c’est l’art de maîtriser la fortune.

L’occasion c’est le moment d’intersection entre la fortune et la vertu. Il y a aussi la vérité effective, au chapitre 15 du Prince qui est la politique qui découle de l’analyse des situations concrètes, la politique est toujours le produit d’une analyse politique, c’est les prémices d’une politique efficace.

La vertu est la capacité de modifier la fortune. Machiavel reprend encore ce concept chez les classiques en donnant un contenu nouveau à ces classiques. Ce concept a une forte connotation morale. Chez Cicéron la vertu est la sagesse, la justice, la modération, la fermeté d’esprit et l’honnêteté. Au moyen âge, pour les chrétiens, la vertu est la soumission patiente à la volonté de Dieu. Cela peut être aussi l’acceptation stoïque de la réalité. Machiavel le délaisse de toute sa charge éthique, pour lui la vertu c’est l’action, la volonté, la capacité d’action des Hommes politiques. Le réalisme de Machiavel devient du positivisme. La vertu peut être morale ou immorale. Machiavel y dit ouvertement que la cruauté, le meurtre, et le mensonge ne peuvent être érigé comme moral néanmoins on peut les utiliser en politique sans que cela soit qualifier d’illégitime. Pour certains, il fait preuve d’un cynisme flagrant et inadmissible. La cruauté, la violence parfois impitoyable, la tromperie peuvent parfois devenir des vertus

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