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Médiation excessive des sociétés modernes

Commentaire de texte : Médiation excessive des sociétés modernes. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Décembre 2013  •  Commentaire de texte  •  1 427 Mots (6 Pages)  •  878 Vues

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L'élargissement démesuré et la surmédiatisation dont il fait l'objet dans les sociétés contemporaines ont à ce point bouleversé l'impact du sport dans sa relation aux institutions fondamentales, qu'une question se pose : n'est-il pas devenu l'ennemi de la morale ? Tel est l'enjeu de ce corpus. Le premier document est extrait d'un essai paru en 1976 sous le titre L’Équilibre et l’harmonie, dans lequel le philosophe Gustave Thibon voit dans la survalorisation du sport l'échec même de sa démocratisation. Rédigé la même année par l'écrivain Jean Giono, le deuxième document provient de chroniques journalistiques : Les Terrasses de l’île d'Elbe. Dans cet article intitulé « Le Sport », l'auteur s'en prend de façon très polémique au statut de champion sportif. Cette transformation de l'exploit sportif en phénomène médiatique constitue pour Jean-Marie Brohm un vecteur d’aliénation sociale, comme le mentionne explicitement le titre de son essai paru en 2006, La Tyrannie sportive : théorie critique d'un opium du peuple. Quant au dernier document, il s'agit des paroles d'une chanson intitulée « Les champions / Tennis métaphore » (1997) dans laquelle Charlélie Couture met à mal, à travers l'exemple du tennis, le mythe moderne du héros sportif.

Comme nous le voyons, tous les documents amènent à interroger moralement cette surmédiatisation et les dérives qu'elle entraîne. Nous étudierons cette problématique selon trois axes : après avoir rappelé dans quelle mesure pour les auteurs l'avènement du sport contemporain comme phénomène de masse en détourne les finalités, nous verrons à travers le corpus comment les spectacles sportifs sont devenus la face obscure de l'élitisme et l'un des paramètres de la manipulation politique des foules. Enfin, le dossier nous invitera, sous un angle plus épistémologique, à développer une réflexion quant à la nécessaire redéfinition du champ sportif et des enjeux qui lui sont associés.

L'avènement du sport contemporain comme phénomène de masse a transformé le spectacle sportif en un phénomène de société à l'échelle planétaire. Tel est tout d'abord le constat qui se dégage de la confrontation des différents documents de ce corpus. Gustave Thibon analyse cette importance démesurée du sport en montrant que l'émotion suscitée par les "dieux du stade" s'apparente à une véritable religion qui a dénaturé l'esprit du sport. De façon plus sarcastique, le chanteur Charlélie Couture montre à travers l'exemple du tennis combien les moyens de communication de masse ont contribué à l'édification du mythe des idoles sportives, soumises au dictat de la victoire à tout prix. Pour Jean-Marie Brohm, cette massification du sport est à mettre en relation avec ce qu'il appelle l'unanimisme des sociétés modernes, dans lesquelles l'individu est désormais enserré dans le collectif. Enfin, l'écrivain Jean Giono, au nom d'une morale humaniste du bonheur, condamne sans ambiguïté le sport de masse en illustrant son propos par le cas du football.

La conséquence de ces dérives médiatiques est qu'elles ont travesti les valeurs du sport. Certes, comme s'en justifie Jean Giono, le sport n'est pas condamnable intrinsèquement, et peut légitimement susciter un intérêt. Gustave Thibon va même jusqu'à concéder que le sport, grâce en particulier aux dispositifs d'égalisation de la performance, peut être porteur de valeurs et d'un principe éthique exigeants. Mais à quel prix ? Comme le suggère Charlélie Couture, la logique même de la compétition sportive conditionne la réussite et la notoriété aux entraînements et aux sacrifices incessants. Quant à Gustave Thibon et Jean Giono, leur critique à l'encontre de la médiatisation croissante des épreuves sportives, les amène à relativiser les performances du sport actuel de haut niveau : soit elles sont largement inférieures à celles du règne animal, soit les exploits passés avaient d'autant plus de valeur qu' on pratiquait alors le sport sans qu'il s'accompagne de cette surexploitation médiatique.

On voit ici tout l'enjeu du corpus : en dépendant de l'effet de masse, le spectacle sportif n'est-il pas devenu la face obscure de l'élitisme et l'un des paramètres de la manipulation politique des foules ? En premier lieu, il faut reconnaître que la performance sportive déshumanise les corps. Gustave Thibon montre par

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