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Merleau Ponty

Rapports de Stage : Merleau Ponty. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Mars 2015  •  1 930 Mots (8 Pages)  •  1 110 Vues

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« Qu’est-ce donc que la liberté ? Naître, c'est à la fois naître du monde et naître au monde. Le monde est déjà constitué, mais aussi jamais complètement constitué. Sous le premier rapport, nous sommes sollicités, sous le second nous sommes ouverts à une infinité de possibles. Mais cette analyse est encore abstraite, car nous existons sous les deux rapports à la fois. Il n'y a donc jamais déterminisme et jamais choix absolu. Jamais je ne suis chose et jamais conscience nue. […]

On torture un homme pour le faire parler. S'il refuse de donner les noms et les adresses qu'on veut lui arracher, ce n'est pas par une décision solitaire et sans appuis, il se sentait encore avec ses camarades, et, encore engagé dans la lutte commune, il était comme incapable de parier ; ou bien, depuis des mois ou des années, il a affronté en pensée cette épreuve et misé toute sa vie sur elle; ou enfin, il veut prouver en la surmontant ce qu'il a toujours pensé et dit de la liberté. Ces motifs n'annulent pas ta liberté, ils font du moins qu'elle ne soit pas sans étais dans l'être. Ce n'est pas finalement une conscience nue qui résiste à la douleur, mais le prisonnier avec ses camarades ou avec ceux qu'il aime et sous le regard de qui il vit, ou enfin la conscience avec sa solitude orgueilleusement voulue, c'est-à-dire encore un certain mode du Mit-Sein. Et sans doute c'est l'individu, dans sa prison, qui ranime chaque jour ces fantômes, ils lui rendait la force qu'il leur a donnée, mais réciproquement, s'il s'est engagé dans cette action, s'il s'est lié avec ces camarades ou attaché à cette morale, c'est parce que la situation historique, les camarades, le monde autour de lui lui paraissaient attendre de lui cette conduite-là. On pourrait ainsi continuer l'analyse sans fin. Nous choisissons notre monde et le monde nous choisit. »

Merleau Ponty, Phénoménologie de la perception , p 517

Qu’est-ce donc que la liberté ? Est-ce un pouvoir absolu de choisir qui s’oppose à tout déterminisme ? Tel est le problème auquel Merleau-Ponty répond dans cet extrait de sa Phénoménologie de la perception.

L’auteur décrit une liberté qui est certes choix mais qui s’insère dans le monde.

Reste qu’on peut se demander si, en faisant de la liberté de l’homme un être au monde, on n’est pas conduit finalement à nier la possibilité de s’arracher au monde. N’est-ce pas alors nier sans le vouloir la liberté.

L’auteur commence par poser la question de savoir ce qu’est la liberté. Or, il commence sa réponse en expliquant ce qu’est naître. Voilà qui est pour le moins étrange. Et ceci d’autant plus qu’il explique la naissance par un double caractère. Naître c’est avoir le monde pour origine – et non simplement les parents et c’est naître au monde. Dans le premier sens, il faut comprendre la totalité de ce qui existe comme condition de la naissance, y compris donc la société dans laquelle on se trouve. Par la seconde, il faut comprendre que celui qui naît est en relation avec le monde, en rapport avec lui, un peu comme on dit de quelqu’un qu’il est au café et non simplement qu’il est dans un café comme l’est une table. C’est dire qu’il a conscience d’être dans ce lieu qui est un café et qu’il se comporte en fonction de ce lieu que ce soit positivement ou négativement.

Merleau-Ponty précise qu’en tant que nous naissons du monde, nous sommes sollicités. C’est dire que ce monde déjà préfigure ce que nous avons à faire ou à ne pas faire. Par contre, en tant qu’être au monde, nous avons devant nous une infinité de possibles. Comprenons qu’en tant que nous naissons du monde, ce que nous faisons est déjà déterminé et qu’en tant que nous naissons au monde, nous pourrions choisir comme nous l’entendons. Bref, nous serions soumis à des causes d’un côté et doué d’un libre arbitre absolu de l’autre.

Or, comment nos choix pourraient-ils s’insérer dans le monde ? Dès lors, la liberté serait absurde et seul notre être du monde aurait un sens.

Toutefois, ne peut-on pas penser que la liberté n’est pas une sorte d’absolue et qu’elle n’exige pas de penser que l’homme est « un empire dans un empire » selon la formule critique de Spinoza dans l’Éthique ?

Aussi Merleau-Ponty a-t-il raison de considérer que la première analyse qu’il fait est abstraite, c’est-à-dire qu’elle considère comme séparée ce qui en réalité est uni. Il soutient donc que les deux aspects qu’il a distingués sont les deux modalités sous lesquelles nous existons en même temps. Il déduit de ce double mode d’existence qui n’en fait qu’un qu’il n’y a jamais déterminisme. C’est-à-dire qu’aucun aspect de notre existence ne peut être ramené simplement à des causes dont il serait l’effet. Si tel était le cas, nous serions seulement du monde.

Mais il n’y a pas non plus de choix absolu, c’est-à-dire un choix que rien ne précèderait et qui tomberait dans le monde. Sans quoi nous serions au monde, voire même hors du monde. Il précise chacune des thèses qu’il nie. Si je me considère comme déterminé par un aspect, alors je me pense comme une chose. Ainsi, ni en tant que vivant, ni en tant qu’être social ne suis-je chose. Mais je ne suis pas non plus « une conscience nue », celle que Descartes atteint par le doute méthodique dans la seconde de ses Méditations métaphysiques, c’est-à-dire en rejetant précisément l’existence du monde.

Certes ainsi je puis remarquer que si je doute de tout et si partant de là j’émets l’hypothèse que tout est faux, je

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