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Liberté d'expression

Lettre type : Liberté d'expression. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Mars 2014  •  Lettre type  •  1 084 Mots (5 Pages)  •  601 Vues

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La liberté d’expression n’est pas à géométrie variable. Sans nier l’importance des génocides qui ont marqué le siècle précédent, force est de constater l’aspect dangereux des lois mémorielles : si la parole n’est pas complètement libre, le champ de la parole interdite est laissé en pâture à ceux qui ne savent que miner ou détruire.

Ne défendre la liberté d’expression que de ceux qui sont d’accord avec nous, c’est ne rien défendre du tout. S’il fallait interpeller certains hommes politiques pour défendre la liberté d’expression, la vraie, Jack Lang figurerait sans doute en tête de liste ; il déclarait il y a quelques années, fier de son combat pour la techno parade :

« Quand je sens quelque part des bloqueurs, des censeurs, je m’interpose. Je n’accepte pas que l’on puisse empêcher une idée de s’exprimer. [...] Tout petit déjà, j’étais épris de liberté et passionné par la création. [...] La techno a été maltraitée en France, entravée par des circulaires punitives. »

Et le voici silencieux, alors qu’un ministre de l’intérieur demande l’interdiction de spectacle pour un humoriste pitoyable aux idées nauséabondes. Pour Dieudonné, antisémite notoire qui aime jouer les victimes, les gesticulations de Manuel Valls sont une aubaine : elles confortent son discours victimaire qui le voudrait censuré et malaimé du pouvoir et lui permettra d’affirmer que ceux qui le font taire, les hommes du système, sont manipulés en coulisse par un complot juif ; complot dont l’idée n’a pas disparu quand les supposés détenteurs du pouvoir occulte n’ont pas pu empêcher le froid génocide de 6 millions de leurs coreligionnaires.

Dieudonné trouve donc, comme le Front National, des ennemis assez sympathiques pour bien vouloir faire de lui un repoussoir et lui donner l’occasion de tenir ses propos malsains dans un cercle plus intime, restreint à ceux qui n’ont pas peur d’être du mauvais côté de la barrière non seulement du politiquement correct, mais aussi du politiquement admissible.

Le soi-disant humoriste peut donc tenir un double discours : d’une part, affirmer que ses idées sont censurées par le système car trop franches et dérangeantes et qu’il est contraint de se rebeller, se cacher ; d’autre part, travestir son discours en tentant de rendre l’antisémitisme fun. En maquillant son antisémitisme en contestation du système, en transformant son salut nazi en quenelle, comme il travestissait déjà son antisémitisme en antisionisme, Dieudonné parvient à rassembler les illuminés qui comprennent son discours et les sombres crétins qui ne le comprennent pas. En rendant politiquement correct un discours politiquement incorrect, Dieudonné brade la bravade ; la censure et les interdictions aident à la diffusion de son antisémitisme de supermarché.

Mais alors qu’on défend la liberté d’expression des amateurs de musique techno lorsque le mouvement émerge, il se trouve bien peu de voix pour défendre la liberté de tenir un discours antisémite qui, aussitôt tenu, s’épuise ; la censure est en réalité la seule façon pour ce discours de ne pas révéler sa vacuité. Ne pas pouvoir s’exprimer permet d’affirmer qu’on avait beaucoup à dire. Il faut laisser même les idiots s’exprimer pour que leur discours, désormais entendu, cesse d’être écouté ; et pour que tous ceux qui avaient un doute se rendent compte que certains discours sont pire que rien.

Dieudonné est un sot qui sait maquiller un discours creux, qu’il

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