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Les valeurs et l'education : exemple de la lecture

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Par   •  25 Novembre 2013  •  1 805 Mots (8 Pages)  •  687 Vues

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LES VALEURS ET L'ÉDUCATION : EXEMPLE DE LA LECTURE

L'apprentissage de la lecture, autant que son enseignement sont un bon terrain d'observation de l’importance des valeurs dans l'éducation et de leur application tant par les formateurs que par les apprenants concernés. Les uns et les autres étant d'ailleurs "intégrés" dans le système culturel de leurs sociétés.

Ainsi, à l'époque des druides, l'imprimerie n'a pas encore facilité la diffusion des savoirs, et l'écriture est un art difficile qui se pratique sur des parchemins ou sur des supports rigides comme la pierre, le métal, l'argile, le bois… Il était sans doute à cette époque comme aujourd'hui plus difficile d'écrire que de lire, bien que pour d'autres raisons.

Les druides étaient pourtant des gens instruits, et comme le rapporte César, bien capables d'écrire. Il a eu l'occasion d'être en rapport avec eux avec ce moyen de communication. Mais il se trouve que s'ils l'acceptaient pour gérer leurs rapports avec l'ordre civil et public, ils refusaient de mettre par écrit leur savoir en lien avec leur fonction, leur rôle et le statut que leur reconnaissait leur peuple. Ils gardaient intégralement le pouvoir du secret et de la transmission dans ce domaine essentiel de connaissances de la nature, des dieux et de l'univers, parfois perçues comme magiques.

La première cause en était sans doute que ce savoir était un secret qui ne pouvait se transmettre que de bouche à oreille, comme si la parole et tout l'être qui transmettait étaient seuls capables, ou dignes de porter ces connaissances. Comme si la qualité du savoir tenait aussi à son mode de transmission. Il fallait que s'établisse la confiance entre le maître et le disciple, et la volonté de transmettre d'une génération à l'autre pour que l'apprentissage puisse avoir lieu exclusivement par la parole. Passer à l'écrit aurait fait courir trop de risque de divulgation ou de "piratage" en mettant le savoir à portée de personnes incapables de l'utiliser, voire malveillantes. En se banalisant, il en aurait perdu sa qualité de sagesse à portée universelle. Ce que nous connaissons de la nature humaine permet aussi de penser que garder le secret était garder le pouvoir et que déjà à cette époque, l'information était une clé du pouvoir. Savoir lire était bien loin d'un savoir neutre et sa banalisation aurait pu faire basculer l'ordre social.

Nous découvrons ici en même temps un aspect du fonctionnement de la société gauloise qui reconnaît que le savoir n'a pas à être un bien public. Les druides sont le lien entre le peuple qui vit son quotidien de travail pour vivre, et la nature dans laquelle il le vit jusque dans sa dimension universelle. C'est bien là une valeur, c'est à dire une qualité fondamentale de la structuration de cette société, une de ces qualités qui font que la société peut s'organiser et vivre harmonieusement en donnant et en reconnaissant à chacun de ses membres la place qu'il doit avoir. Chacun vivait à son niveau et vouloir en sortir pouvait être dangereux.

Dans notre langage contemporain, quand on travaille sur la notion de projet, c'est à dire dans une perspective d'avenir, on utilise aussi le terme de "finalités" pour nommer des "valeurs". Elles sont ces qualités que l'on voudrait voir développées pour que la société atteigne un plus haut niveau de réalisation, de "finalisation". Quelques unes sont citées par Kerlan : le lien social, l'humanité, la culture, l'enfance, le sacré, l'égalité… La connaissance par tradition orale en était une. Elle n'a d'ailleurs pas disparu aujourd'hui. En effet, Reboul relève le fait que l'écrit introduit une distance dans la mémoire en faisant du savoir un objet, qui peut être figé , et qu'on ne peut s'approprier. Dans de nombreux pays la tradition orale est valorisée dans les contes portés par les griots, comme ils le sont encore par certains de nos chanteurs ou artistes de scène. Dans notre occident demeure aussi la possibilité de s'approprier des textes et le message qu'ils portent en les apprenant par cœur, particulièrement tous les textes littéraires poétiques dont nous pouvons penser que pour l'esprit humain ils font partie de ces choses les plus importantes que les gaulois estimaient devoir être retenues par cœur.

La deuxième raison pour les druides de ne pas passer par l'écrit était , nous dit Reboul, le souci de ne pas laisser la capacité de mémoire se dégrader. C'est donc qu'elle était aussi appréciée comme une capacité supérieure pour les humains. Voilà qui peut bien se comprendre, précisément en un temps où la possibilité de garder des traces durables était loin d'être accessible à chacun. C'est la mémoire et non les manuels qui permettait de garder la connaissance des méthodes de culture, des fabrications d'objets de toutes sortes, des risques naturels, de crues des rivières, des recettes en tous genres, des médecines, des généalogies et liens familiaux, des routes à suivre … C'est à dire , pour chacun, de posséder et de retenir et de transmettre ce dont il avait besoin et dont avaient besoin la société pour exister. Une mémoire insuffisante pouvait être un obstacle à la succession d'un druide.

Aujourd'hui, notre culture occidentale moderne est structurée autour d'autres "finalités" et a donc développé d'autres valeurs. Cette évolution a pu commencer avec l'invention de l'imprimerie. Elle s'est amplifiée avec l'accélération, aujourd'hui plutôt vertigineuse, des progrès techniques en matière de communication

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