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Le Desir De L'impossible

Cours : Le Desir De L'impossible. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Septembre 2014  •  Cours  •  545 Mots (3 Pages)  •  585 Vues

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Au moins depuis Aristote, on a coutume de distinguer possible, réel et nécessaire : le nécessaire, c'est ce qui ne peut pas ne pas être ; le réel, c'est ce qui est ; le possible, c'est ce qui peut être. De ce point de vue, l'impossible, c'est ce qui ne peut pas être, ce qui n'est pas à présent réel, qui ne l'a jamais été et ne le sera jamais : l'impossible, ce n'est pas simplement l'irréel voire l'improbable, ce n'est pas seulement ce qui n'est pas, c'est ce qui n'a aucune possibilité d'être. Or comme l'affirmait Leibniz, ce qui ne peut pas être, c'est le contradictoire : un cercle carré est une contradiction dans les termes, et donc une impossibilité absolue. Tel est le principe fondamental de la logique, le principe de contradiction selon lequel l'être ne se contredit pas, et le contradictoire est impossible. Cette porte ne peut pas être à la fois uniformément grise et non grise ; cet animal ne peut pas être à la fois un oiseau et un mammifère : quand nous attribuons à un même sujet deux prédicats contraires qui s'excluent l'un l'autre, nous formons un jugement contradictoire, lequel est nécessairement faux, parce que l'objet qu'il décrit ne peut pas exister. Du seul point de vue logique donc, l'impossible est toujours absurde, c'est-à-dire qu'il n'a aucune signification véritable : l'impossible est le contradictoire et le contradictoire ne peut jamais avoir le moindre sens ni la moindre valeur de vérité. Pourtant, lorsque nous quittons la seule sphère de la pensée rationnelle, tout se passe comme si l'impossibilité reprenait tous ses droits : qui n'a pas fait l'épreuve de la déchirure entre deux désirs, exigeant pareillement satisfaction, mais dont les satisfactions réciproques s'excluent mutuellement ? Je veux réussir mes examens, mais je ne veux pas fournir les efforts nécessaires pour y obtenir un succès certain ; je veux qu'il ou elle n'aime que moi, mais demeurer libre d'en aimer d'autres ; je veux être riche, sans consentir pour autant à travailler. Si tous nous sommes pétris de désirs contradictoires, alors l'expérience du désir est bien celle d'un contentement qui ne pourra jamais être réel, en sorte que la question se pose : est-il absurde de désirer l'impossible ? Comment en effet concevoir que l'on puisse désirer ce que par définition l'on n'obtiendra jamais, comment ne pas voir de l'absurdité dans une vie qui, elle-même et d'elle-même, se voue à la souffrance de l'insatisfaction ? Peut-être alors ne désirons-nous jamais l'impossible comme impossible : la contradiction entre nos désirs ne nous apparaîtrait justement pas comme telle, en sorte qu'il suffirait à la raison de la rendre manifeste pour nous détourner de l'absurdité. À moins toutefois que la satisfaction ne soit pas là où on le pense : si le désir contenté s'avère toujours décevant, n'est-ce pas en fait parce que le plaisir se trouve dans le fait de désirer lui-même ? Mais dans ce cas, désirer l'impossible, ne serait-ce pas le moyen le moins absurde pour rencontrer un vrai bonheur ? N'est-ce pas aussi ce qui nous pousse, contrairement aux animaux qui n'ont que des besoins, à transformer le réel par notre travail, à l'aménager

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