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La Conscience De Soi Implique T'elle Une Connaissance De Soi

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Par   •  18 Décembre 2012  •  2 772 Mots (12 Pages)  •  2 488 Vues

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  La conscience est un pouvoir de représentation permettant à l’homme d’avoir la connaissance des choses et de lui-même. Il sait qu’elles existent et il a la connaissance immédiate de sa propre existence ainsi que de ses états et de ses actes. Le terme signifie étymologiquement « avec la connaissance de ». La conscience est un savoir accompagnant la vie, les pensées et les actes d’une personne. C’est même, si l’on en croit Locke, la conscience de soi qui fonde la possibilité de se savoir une seule et même personne tout au long de sa vie. En ce sens il semble y avoir une équivalence entre la conscience de soi et la connaissance de soi.

 

  Pourtant suffit-il de s’apercevoir, de se donner la représentation de soi-même pour prétendre avoir une véritable connaissance de soi ?

La notion de connaissance connote en effet l’idée d’un savoir obéissant à une exigence de lucidité et d’objectivité. Connaître en ce sens consiste à déjouer les puissances trompeuses promptes à abuser l’esprit dans sa recherche de la vérité. La notion connote aussi celle d’un effort d’intelligibilité. Connaître consiste à rendre raison des choses par l’intelligence des causes, celles-ci n’étant jamais données mais découvertes par un exigeant travail de recherche.

  Si l’on donne à la notion de connaissance, son sens fort, il ne va donc plus du tout de soi que la conscience de soi soit une connaissance de soi. Le doute s’impose, par ailleurs, car nous faisons souvent l’expérience de l’opacité de notre être. Nous sommes tristes mais nous ne comprenons pas pourquoi, nous sommes traversés par un désir mais il nous étonne. Nous soupçonnons, dans telle situation, qu’il y a en nous quantité de choses dont nous ignorons l’existence et nous découvrons parfois dans la stupéfaction, l’écart existant entre l’image que nous nous faisons de nous-mêmes et celle que les autres nous renvoient. Pire, nous nous surprenons à nous mentir et à mentir aux autres comme s’il était impossible d’assumer certaines dimensions de notre être. Et il faut souvent la médiation d’autrui ou de certaines épreuves pour nous dessiller et comprendre que nous ne sommes pas ce que nous avions l’illusion d’être. 

Il apparaît donc que la conscience de soi, qui est une condition nécessaire de la connaissance de soi, n’en est pas une condition suffisante. La question est alors de savoir pourquoi il en est ainsi. Qu’est-ce qui expose la conscience de soi à l’illusion et la condamne souvent à être une méconnaissance de soi ?

   Pour autant, le terme de connaissance est-il approprié pour désigner l’opération permettant de se saisir dans son identité humaine et dans son identité personnelle ? Car le propre d’un sujet est de ne pas avoir la consistance et la permanence des objets. Si la connaissance implique des procédures d’objectivation, n’est-elle pas par principe condamnée à manquer l’identité d’un sujet ? Et qu’est-ce que le sujet ou le moi en dehors de la conscience qu’il a de lui-même ? Une fiction peut-être comme le montre Hume, auquel cas la conscience de soi n’aurait pas d’objet et si elle en a un, elle est disqualifiée par la réflexion précédente dans toute prétention à l’objectivité.

  Alors faut-il renoncer à la connaissance de soi-même ou bien faut-il comprendre que l’identité humaine et l’identité personnelle sont plus un projet qu’une donnée ; une décision qu’un être ; une destinée qu’un destin? Si c’est bien ainsi qu’il faut interpréter le « connais-toi toi-même » socratique, cela signifie que seule la conscience d’être un esprit ou une liberté est une véritable connaissance de soi. Mais cette connaissance est une tâche à assumer, non le savoir objectif d’un supposé objet.

        

I)                   La conscience de soi est une connaissance immédiate de soi-même et du monde.

 

  La conscience est la modalité d’existence de l’être humain. Dès que la conscience s’éveille c’est le monde qui surgit avec moi et autrui situés en lui. Impossible d’échapper au savoir de sa propre existence, à l’intuition de ses états et de ses actes. Je fais tel geste et même si c’est sous une forme confuse j’en ai conscience. Je m’ennuie dans ce cours et je le sais. Certes la conscience peut être vague, engluée dans les automatismes, reste que dès qu’il y a conscience il y a connaissance. Il y a même sentiment d’être une seule et même personne tout au long de sa vie car étant toujours présent par la conscience à moi-même, je vis la multiplicité et la diversité de mes états comme miens.

  La conscience est donc une forme immédiate de connaissance or une connaissance immédiate peut-elle être une véritable connaissance ? Sous sa forme spontanée, la conscience n’est-elle pas exposée au préjugé, à l’illusion, à la naïveté, aux pièges des fausses évidences ? Platon a pointé dans l’allégorie de la caverne les risques d’un rapport au réel non médiatisé par la réflexion et l’ascèse de notre part sensible. Le danger est toujours de confondre l’apparence des choses avec les choses elles-mêmes.  

  Par exemple, pour ce qui concerne notre question, est-il possible pour un sujet d’entretenir avec lui un rapport soucieux  d’objectivité ? N’est-il pas beaucoup trop intéressé à construire une image gratifiante de lui-même pour être le meilleur placé pour se connaître ? Ce soupçon invite à poser la question du statut de l’introspection et à comprendre que sans la distance de l’extériorité et de l’objectivité, il est vain de prétendre à une connaissance objective de quoi que ce soit. Or dans le cas de la connaissance de soi, il est impossible de disjoindre le sujet et l’objet de la connaissance.

  De même, peut-il entrevoir que ce moi qu’il a conscience d’être est peut-être introuvable dès lors qu’on se mêle de le chercher sérieusement ? Chacun parle, en effet, spontanément de lui comme s’il était un être ayant une consistance et une permanence propres. Et les illusions intimistes sont monnaie courante. On invoque un « moi profond », qui serait à retrouver derrière les multiples visages que chacun est pour chacun comme si la personne était quelque chose en dehors des rôles sociaux qu’elle incarne, des actes qui la révèlent ou des métamorphoses qu’elle subit.  Or la réflexion pascalienne sur le moi nous affranchit de cette naïveté. Le moi est inassignable car tout ce qui le caractérise dans sa singularité

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