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L'Apologie de Socrate

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Par   •  8 Avril 2013  •  2 456 Mots (10 Pages)  •  1 392 Vues

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L'Apologie de Socrate (Πλάτωνος Ἀπολογία Σωκράτους, sous-titrée Genre éthique) est un ouvrage du philosophe grec Platon.

Dans l'Apologie de Socrate, Platon rapporte les plaidoyers de Socrate lors de son procès en 399 avant J.-C. à Athènes qui déboucha sur sa condamnation à mort. Cette défense se déroule en trois parties, ayant toutes un lien direct avec la mort. Socrate se défend devant les juges, mais aussi devant toute la cité d’Athènes (composant le Tribunal de la Cité). Il répond aux trois chefs d'accusation déposés contre lui : corruption de la jeunesse, non-reconnaissance de l'existence des dieux traditionnels athéniens, et introduction de nouvelles divinités dans la cité. Il y eut 30 jours d'intervalle entre la condamnation de Socrate et sa mort, pendant lesquels il resta enchaîné dans sa prison. Ses amis lui rendaient visite et s'entretenaient avec lui quotidiennement.

Personnages : Socrate et son accusateur Mélétos, un poète athénien ; d'autres assistent encore aux plaidoyers : Platon, Apollodore de Phalère, Criton d'Athènes et quelques autres auditeurs de Socrate, cités mais muets.

I/ Première lecture cursive

À l'exception de quelques mots énoncés par Mélétos lors du contre-interrogatoire (24d-27d) et du brouhaha dans le prétoire mentionné épisodiquement (par exemple 30c), Socrate parle seul. Ce très long monologue constitue, le lecteur en est averti dès la première phrase, une défense judiciaire dans un procès. Que dit l'accusé pour se défendre ?

1) Divisions du texte

Deux phrases permettent de découper le texte en trois parties d'inégale longueur. Pendant tout le début du texte, Socrate nie être coupable des accusations portées contre lui. En 35e, cependant, il fait tout à coup mention d'un "jugement" que les Athéniens viennent de rendre ; à partir de ce moment, il tient sa condamnation pour acquise et plaide, cette fois, non plus pour prouver son innocence, mais pour une peine alternative à la sentence de mort réclamée par les accusateurs. En 38c, enfin, nouveau changement de thème : "Pour n'avoir pas eu la patience d'attendre un peu [...] vous avez fait mourir Socrate." L'accusé porte un ultime regard sur le procès qui vient de s'achever et en tire les leçons.

On comprend que, dans un premier affrontement, l'accusation et la défense visent à déterminer la culpabilité ou l'innocence du prévenu (comme aujourd'hui en France, l'accusation parle d'abord, puis la défense) ; les juges se prononcent une première fois à ce stade ; l'accusé reconnu coupable, un second affrontement cherche à déterminer la peine applicable : à la sentence réclamée par l'accusation, le prévenu répond par une sentence alternative. Une nouvelle fois, les juges se prononcent. À tous points de vue juridiques, la procédure pénale proprement dite s'interrompt à la fin de la page 38b, après ce second vote des juges : les derniers mots de Socrate se présentent comme une péroraison extrajudiciaire.

Cette procédure athénienne diffère sensiblement de la procédure pénale applicable aujourd'hui en France ; aussi mérite-t-elle quelques précisions.

2) Le procès athénien (agôn) : quelques données juridiques

"Il n'aurait fallu que trois voix de plus pour que je fusse absous" déclare Socrate au moment où il apprend que les juges l'ont reconnu coupable (36a). Cette traduction paraît extrêmement contestable d'autant qu'elle porte sur un moment capital du procès : les traductions plus récentes (notamment celle de Luc Brisson, chez Garnier-Flammarion) évoquent plutôt trente voix que trois.

Trente voix, et Socrate parle d'une "faible majorité" : combien de juges siègent donc dans cette affaire ? Les recherches historiques permettent de retenir le chiffre de cinq cents magistrats (Socrate aurait donc été condamné par deux cent quatre-vingt voix contre deux cent vingt). Qui sont ces juges ? De simples citoyens volontaires, âgés d'au moins trente ans. Leur rémunération s'établit, nous apprend Aristophane dans les Cavaliers, à trois oboles par journée d'audience, soit le salaire d'une demi-journée de travail d'un ouvrier. Cette faible somme ne pouvait convenir qu'à des citoyens âgés, pour qui elle correspondait à une pension de retraite, ou à des jeunes gens désœuvrés ou inaptes au travail. Le coût pour l'administration athénienne n'en est pas moins considérable : ce procès revient à payer une journée de travail à deux cents cinquante ouvriers.

On n'aurait pas déployé pas un tel appareil, ni engagé de telles dépenses, pour une affaire secondaire. Très grave, le procès de Socrate intéresse toute la Cité : c'est une affaire d'État. Les juges, d'ailleurs, s'engagent sous serment formel à "voter conformément aux lois et aux décrets du peuple athénien" explique Démosthène dans son Contre Timocrate (Socrate fait allusion à ce serment en 35c). Cette gravité manifeste n'empêche cependant pas une procédure menée tambour battant : l'ensemble des débats devait être bouclé dans la journée (Socrate regrette d'ailleurs cette précipitation à de nombreuses reprises, par exemple en 19a, 24a et 37b).

Chaque partie doit, du fait de cette brièveté, s'empresser de réfuter les allégations de l'adversaire. Le litige ne peut se résoudre qu’à l’avantage du plaideur capable de produire des preuves rapidement convaincantes - surtout des vraisemblances et des témoins. Pourtant, il convient de le remarquer tout de suite, Socrate recourt bien plus au raisonnement qu'aux simples vraisemblances et surtout, il n’appelle aucun témoin à la barre : il se contente de mentionner des gens qui pourraient déposer en sa faveur (notamment 32e et 34a). Curieux accusé que ce Socrate : il paraît ignorer les ressorts de la procédure, alors qu'il joue sa tête ! Il commence même sa première plaidoirie (17c) en annonçant qu'il n'emploiera pas les "artifices

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