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Discours

Commentaire de texte : Discours. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  31 Décembre 2013  •  Commentaire de texte  •  393 Mots (2 Pages)  •  547 Vues

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Des mots. Ce ne sont que des mots. Ils ne font que parler. C’est le sentiment qui m’animait lorsque j’écrivais mon premier livre sur l’évolution des relations entre les États-Unis et la montée du mouvement indépendantiste. Des conversations, des mots dans les mémos, les transmissions diplomatiques, les négociations, les discours. Les mots reflétaient des rapports de force, des promesses, des mensonges et exagérations, peut-être. Toutefois l’activité politique, lorsqu’elle ne s’exprime pas par les mouve- ments de troupes, est celle qui, avec l’activité religieuse, comporte la plus forte com- posante de mots, contrairement à l’activité industrielle, commerciale, scientifique et artistique, où l’empreinte humaine est physique, tangible, tridimensionnelle.

Le pouvoir des mots m’est d’abord apparu, adolescent, à travers le théâtre. La capacité qu’a eu Iago de convaincre, à partir de rien, Othello de la déloyauté de sa belle Desdémone et de le conduire au meurtre constitue le plus grand avertissement lancé par Shakespeare contre le pouvoir des mots. Orwell en a démontré le méca- nisme dans son roman 1984, puis le sénateur McCarthy l’a appliqué en salissant une génération de créateurs et de diplomates par la pure accumulation d’insinuations. L’évocation de ce côté sombre de la force des mots permet de mesurer son pouvoir.

Une école historique veut que l’aventure humaine ne soit que l’implacable expres- sion de l’évolution des intérêts et des rapports de force. Les vies et les discours d’in- dividus, si remarquables soient-ils, ne seraient que la pointe des icebergs. Il est vrai qu’aucun chef de mouvement ou d’État n’a, à lui seul, la capacité d’enclencher un cours historique complètement absent de la trame du présent. Mais les discours réu- nis dans cet ouvrage illustrent la faculté qu’ont eue des hommes et des femmes hors du commun de conduire leurs sociétés dans un des chemins possibles, à l’exclusion de tous les autres. Sans Hitler, la volonté de revanche allemande aurait pu s’exprimer autrement. Sans son habileté à convaincre, sans son talent à trouver le ton, la cadence, qui allait rassembler les Allemands derrière son funeste projet, l’Europe n’aurait pas subi un sort aussi extrême. De même, les mots qu’a trouvés, devant l’immense foule rassemblée devant lui à Washington, Martin Luther King, mots d’affirmation des Noirs mais de rassemblement des races, ont-ils fait plus pour changer le cours de l’opinion américaine que s’ils en avaient utilisé d’autres, plus ancrés dans la colère que dans l’espoir.

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