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De Quoi L'expérience Nous Instruit-elle?

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Par   •  17 Mai 2015  •  1 912 Mots (8 Pages)  •  1 089 Vues

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Introduction

Le marché du travail semble accorder beaucoup d'importance à l'expérience : la personne à embaucher doit, en plus de son niveau d'étude, avoir une solide expérience professionnelle. Instruction et expérience ne se confondent donc pas. Si pourtant l'expérience semble porteuse d'une certain savoir, l'expérience nous instruit-elle ?

Il semblerait que l'expérience soit la condition de possibilité de toute ­connaissance, dans la mesure où pour connaître quelque chose il faut sortir de ses représentations et rencontrer le réel. Mais si l'expérience nous instruit du réel, une expérience demeure toujours singulière et, à ce titre, ne peut prétendre à l'universalité du savoir. Comment la science peut-elle alors s'ériger en détentrice d'une vérité à partir de l'expérience ?

Il conviendra pour développer ces trois moments de montrer que l'instruction portée par l'expérience n'est pas tant celle d'une réalité singulière que celle d'un sujet qui paradoxalement reconstruit le réel pour mieux le déterminer.

1. L'expérience est la condition de possibilité du savoir

A. Le savoir, pour être objectif, doit bien porter sur un objet extérieur au sujet

Certaines vérités sont purement formelles, comme un raisonnement logique ou un calcul mathématique (2+2=4). Si elles s'appliquent à des objets du réel, elles ne disent rien en revanche sur eux, mais seulement sur les rapports qui existent entre eux. La vérité dans ce sens est entendue comme cohérence interne d'un système.

Si l'on veut établir une vérité « sur » des objets du réel, une vérité matérielle, il faut alors sortir de ses représentations, du travail de sa raison pour « rencontrer » le réel, autrement dit en faire l'expérience. Une vérité de fait est entendue ici, non pas comme simple cohérence logique, mais comme « correspondance » de ce que l'on dit avec le réel, ou encore selon la définition de Thomas d'Aquin comme « adéquation entre les idées et les choses ».

Faire une expérience serait donc rendre possible cette adéquation, c'est-à-dire établir une vérité, permettre la transmission d'un savoir, autrement dit « instruire ».

B. L'expérience fonde la connaissance selon la thèse empiriste

Une réflexion aussi riche et rigoureuse soit-elle semble impuissante à établir certaines lois scientifiques. Il a fallu attendre que Newton, par exemple, « montre » avec un prisme triangulaire que la lumière blanche se décompose en faisceaux de couleurs différentes. De même, c'est grâce à de nouveaux instruments de mesure comme la lunette astronomique que Copernic a pu « prouver » l'héliocentrisme. Ainsi l'évidence sensible est un critère de vérité prouvant que l'expérience nous instruit de ce qu'est le réel dans la mesure où celle-ci nous permet de le rencontrer à travers des sensations perçues.

Pour Locke l'expérience n'est pas seulement une manière de rencontrer le réel, mais c'est la seule façon d'acquérir des connaissances. En ce sens, Locke est un empiriste (du grec empeiros qui signifie « expérience »). Selon lui, l'esprit n'a pas d'idée innée ; il est au départ comme une feuille blanche, une tabula rasa, une table rase, qui n'acquiert de pensées qu'à partir de la seule expérience. Les premières idées viennent donc de la sensation qui est « une impression (ou mouvement) appliquée à une partie du corps de telle manière qu'elle produise une perception dans l'entendement » dans son Essai sur l'entendement humain.

Les impressions seraient donc le premier matériau des perceptions, des souvenirs, ou même des réflexions, dans la mesure où, une fois que l'on a formé dans son esprit les premières idées grâce aux sensations fournies par l'expérience, on peut combiner ces idées entre elles pour produire alors des « idées de réflexion ». Aussi, que ce soit de manière directe ou indirecte, l'expérience est la condition nécessaire de toute connaissance.

Ainsi, l'expérience ne serait pas seulement la condition pour établir une vérité de fait en nous permettant de rencontrer le réel, mais aussi toute forme de savoir. En étant à l'origine de toutes nos idées, l'expérience nous instruit aussi de nous-mêmes en étant à l'origine de toutes nos représentations. Mais si l'expérience s'appuie sur la perception singulière qu'un sujet a du réel, comment peut-elle établir une vérité qui par définition devrait être universelle ?

2. Mais l'expérience toujours singulière n'atteint pas une connaissance universelle

A. L'homme d'expérience connaît le « comment » mais non le « pourquoi » d'un phénomène

L'expérience pour instruire passe par la sensation d'un sujet. Celle-ci produit bien une connaissance mais c'est un savoir individuel, non universel puisque l'impression reçue, et donc la connaissance qui l'accompagne, ne rencontre le réel qu'à un instant précis et dans un espace déterminé. Ainsi, pour Aristote dans Métaphysique Alpha, 1, l'homme d'expérience, aussi expérimenté soit-il, sera toujours moins savant que l'artiste ou l'artisan qui lui a un véritable « savoir-faire ».

Celui-ci ne connaît pas seulement le « comment » mais aussi le « pourquoi ». En effet, on peut par expérience savoir que tel médicament ou telle plante aura tel effet sur telle pathologie mais on ne saurait l'expliquer. Seul le médecin qui possède la « théorie » de son art (et en ce sens il s'agit bien d'un « savoir-faire ») peut dire pourquoi il y a une relation de cause à effet entre un médicament et une maladie. La marque distinctive du véritable savoir est donc de pouvoir être enseigné.

B. La connaissance empirique ne peut être universelle (scepticisme)

De ce fait Hume, qui soutient que la connaissance ne peut venir que de l'expérience, va malgré son empirisme, critiquer la possibilité pour l'expérience d'atteindre à une véritable connaissance scientifique. En effet, une loi scientifique s'établit grâce à une méthode inductive : il s'agit de conclure, à partir d'observations répétées d'un même phénomène dans les mêmes conditions, à une loi générale. La science procéderait donc par généralisation à partir de l'expérience.

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