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Autrui et le moi

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Par   •  9 Janvier 2013  •  Cours  •  2 659 Mots (11 Pages)  •  1 286 Vues

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Définition : autre que moi et autre moi. Ce n’est pas le sujet que je suis, mais sans être pour autant un objet, une chose, il s’agit d’un « moi » que je reconnais comme tel.

 

Si tout autrui est un autre, l’inverse n’est pas vrai. L’autre, ce peut être un autre homme mais ce peut-être aussi Dieu, un animal, voire un objet matériel tandis qu’autrui est toujours un individu humain. Plus encore, c’est cet individu humain envisagé comme alter ego. La question fondamentale qui est à la source de la problématisation d’autrui est la suivante : Comment se peut-il qu’existe un autre que moi que je découvre parmi les choses et qui pourtant, comme moi, est un ego (un sujet) ? Comment peut-il y avoir un ego qui ne soit pas mon ego. On ne doit pas se masquer les fondements d’une telle formulation de la question car celle-ci ne peut être posée ainsi que dans la mesure où le sujet est pensé comme point de départ absolu de la pensée philosophique. C’est parce qu’est mise en doute l’existence des choses qui me sont extérieures et que « je » suis la seule chose certaine qu’autrui devient un problème et ce d’autant plus que lui aussi doit être une chose pensante. La question de l’altérité entre les hommes se posait avant tout pour les Grecs dans les termes de la vie sociale et politique (cf. l’exemple classique de l’étranger, du non-Grec considéré comme « barbare »). L’autre avait bien une dimension « humaine » bien qu’elle ne soit jamais celle de l’individu isolé. 

 

Le solipsisme et sa critique

  

            C’est avec Descartes qu’est formulé pour la première fois le problème de l’existence d’autrui à partir de la constitution fondamentale du sujet, du « je pense ». Répétons-le, Descartes, dans l’épreuve du doute, met en question l’existence de toute chose dans la mesure où ceci pourrait n’être qu’illusion. Mais il y a quelque chose qui résiste au doute et dont nous pouvons être tout à fait certain, c’est l’ego cogitans (le sujet pensant) car dès que je pense, je ne peux manquer de savoir que c’est bien moi qui pense. Il y a donc bien un sujet, une substance pensante (qui s’oppose à la substance étendue dont l’existence demeure incertaine). De plus, l’expérience de la pensée étant profondément individuelle, la seule substance pensante dont je puisse avoir la certitude est la mienne. La philosophie ne peut donc se fonder que sur le moi. Comment alors est-il possible qu’existe un alter ego, un autre moi qui ne soit pas moi ? C’est ce qu’on a appelé le problème du solipsisme. Si le « je » se donne dans une intuition, autrui (tout comme les objets extérieurs) ne m’est connu que par l’intermède de la perception et celle-ci pourrait se révéler entièrement trompeuse en raison par exemple de la présence d’un malin génie qui ferait que tout ce que je crois vrai soit faux sans que je puisse le savoir.

  

Le sujet et autrui

 

« C’est-à-dire que l’homme n’est humain que dans la mesure où il veut s’imposer à un autre homme, se faire reconnaître par lui. Au premier abord, tant qu’il n’est pas encore effectivement reconnu par l’autre, c’est cet autre qui est le but de son action, c’est de cet autre, c’est de la reconnaissance par cet autre que dépendent sa valeur et sa réalité humaine, c’est dans cet autre que se condense le sens de sa vie. »

 Kojève, Introduction à la lecture de Hegel. 

 

            Sartre a voulu montrer que l’homme n’est jamais enfermé dans son intériorité et qu’au contraire, il est toujours livré à autrui. L’expérience du regard est en ce sens essentielle car c’est celui-ci qui témoigne de l’existence d’autrui. Suivons l’exemple de Sartre : je suis dans un jardin où il y a une pelouse, des chaises, etc. Un homme passe. Je ne le remarque pas comme une chose parmi les choses mais le différencie en tant qu’homme car, à la différence des choses, je sais qu’il perçoit lui aussi cette même pelouse, cette même chaise. Ce que j’appréhendais alors comme étant mon monde, ce monde dont j’étais le centre apparaît alors comme étant également le monde d’autrui. En ce sens, ce dernier me décentre et me « vole mon monde ». Mais le regard devient plus puissant encore quand c’est moi-même qui suis regardé par l’autre. Je deviens alors objet du regard, c’est-à-dire que je me retrouve sur le même plan que les objets du monde. De là naît le sentiment de honte qui ne me fera plus agir qu’en fonction de l’autre. C’est ce que Sartre appelle aliénation, illustrée par cette célèbre pensée : « L’enfer, c’est les autres ». Étant objet pour l’autre, celui-ci ne peut donc être que sujet et par là même il n’appartient pas au monde et est infiniment libre. L’espoir ne peut donc plus résider que dans une ressaisie de moi-même en tant que sujet et donc dans l’enfermement de l’autre dans l’objectivité. Il y a ainsi une lutte des consciences qui ne peut être apaisée.

 

            Sartre se référait également à la pensée de Hegel. C’est la dialectique du maître et de l’esclave qui synthétise la pensée hégélienne de l’altérité. Autrui est absolument nécessaire à la conscience de soi en ce sens que celle-ci n’est qu’en tant qu’elle se différencie de l’autre. Le moi se pose en s’opposant. Le moi est en tant qu’il n’est pas autrui. Cependant, dans ce mouvement, la reconnaissance de l’autre est une nécessité. Essayons de résumer brièvement la dialectique hégélienne. Dans un premier temps, l’homme est un être naturel, immergé dans la nature ou réalité. Peu à peu, il va distinguer l’en-soi (la réalité) du pour-soi (la réalité telle qu’elle est pensée). Puis vient le moment de la prise de conscience de soi qui suppose l’action. L’homme, par le désir et le travail, cherche alors à s’approprier les choses extérieures. Le monde est alors l’autre qu’il faut faire sien et transformer (ex : la nourriture est transformée par l’action de manger). Mais le désir va être également désir d’être reconnu par l’autre, ou encore désir d’être l’objet du désir de l’autre. La conscience ne peut être pleinement conscience de soi que si l’autre la reconnaît comme conscience. Or, dans un premier temps du moins, la reconnaissance ne peut être réciproque, elle suppose qu’au terme d’une lutte

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