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La conscience de soi suppose-t-elle autrui?

Dissertation : La conscience de soi suppose-t-elle autrui?. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  22 Novembre 2017  •  Dissertation  •  1 959 Mots (8 Pages)  •  7 836 Vues

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Dissertation de philosophie : la conscience de soi suppose-t-elle autrui ?

                

Avoir une conscience de soi, c’est le fait de pouvoir réfléchir sur soi-même, juger ses propres idées et ses propres actes. Un être ayant une conscience réfléchie est considéré comme un sujet, un être qui se distingue des objets grâce à conscience. Autrui, quant à lui, est un être qui est similaire à moi en tant que sujet et qui en même temps possède une intériorité et une subjectivité qui lui est propre, et qui, en conséquent, le différencie de moi.

La conscience est subjective et personne d’autre que moi ne peut connaître mes pensées, mes réflexions. L’idée d’avoir besoin d’autrui pour acquérir et développer ma conscience peut donc paraître paradoxale. Peut-on alors acquérir une conscience de soi sans autrui, par simple voie d’introspection ? Le fait qu’autrui, possédant aussi une conscience, puisse réfléchir sur moi exprimerait-il une certaine nécessité de cet autrui pour construire ma conscience et ma connaissance de moi-même ?

Dans un premier temps, nous montrerons qu’on peut très bien avoir conscience de soi sans l’intervention d’autrui, par la voie de l’introspection et du solipsisme. Ensuite, nous affirmerons qu’au contraire, autrui est essentiel à la construction et au développement de notre conscience, puis enfin, nous nuancerons les précédents propos en prônant l’intersubjectivité.

        

        Tout d’abord, relier les notions de conscience de soi et d’autrui peut paraître incohérent : je suis le seul à pouvoir accéder à ma conscience, à connaître mes pensées, personne d’autre ne peut les atteindre, ce qui suppose une liberté totale d’agir et de penser. Si autrui ne peut pénétrer ma conscience, cela devrait signifier que je n’ai pas besoin de lui pour la construire. De plus, si l’on part du principe que c’est autrui qui forge notre conscience de soi, on ne peut expliquer le fait que nous soyons tous si différents et que, par exemple, certains enfants soient le radical opposé de leurs parents, alors qu’ils ont supposément été influencés par eux plus que par quiconque. Cela prouve donc que notre conscience réfléchie n’a aucun rapport avec autrui.

Par ailleurs, j’imagine qu’autrui a également une conscience de lui-même parce qu’il me ressemble (dans le sens corporel du terme) et je me persuade donc qu’il est pareil à moi. Ainsi, je crois qu’autrui a les mêmes capacités de conscience que moi, et qu’il s’interroge de la même manière que moi. Or, je ne peux pas être sûre qu’autrui a une conscience réfléchie, car en réalité, c’est moi qui projette ma conscience sur les autres, en raisonnant par analogie.

En réalité, ma propre conscience est la seule chose dont je sois entièrement sûr, c’est la preuve indubitable que j’existe. Comme l’a démontré Descartes, philosophe français du XVIIème siècle dont le but était de reconstruire le savoir sur la base de la métaphysique (l’étude des réalités immatérielles) et en classant les connaissances, « je pense, donc je suis ». Selon Descartes, ce qu’il appelle le cogito, c’est-à-dire la conscience de soi, le fait de pouvoir réfléchir sur soi-même et sur le monde est la première vérité connue, la seule dont je sois certain, et tout le savoir, qu’il veut classer, doit se baser sur cette vérité. Descartes lui-même pense qu’on peut se connaître soi-même et avoir une conscience de soi sans avoir besoin de passer par autrui, seulement grâce au solipsisme.

En effet, le solipsisme (du latin solus « seul » et ipse « soi-même ») est une thèse selon laquelle la conscience n’a pas d’ouverture sur le monde extérieur, et donc pas non plus sur autrui. Je suis le seul à pouvoir accéder à ma conscience, qui se constitue en étant « seul avec soi-même » comme l’étymologie le sous-entend.

Cette thèse du solipsisme démontre donc que la conscience de soi ne nécessite pas autrui pour se construire ou se développer.

        Cependant, la solitude prolongée mène à une déshumanisation, et à une perte de sens de sa propre existence. Dans le roman « Vendredi ou la vie sauvage » de Michel Tournier, Robinson Crusoe, après avoir passé plusieurs années sur une île déserte sans aucun contact humain, est à la limite de la folie : il se force à imaginer qu’il n’est pas seul, parle tout haut pour ne pas perdre l’usage de la parole…De même, dans le film « Seul au Monde », Chuck, dont l’avion s’est crashé et qui est le seul survivant, dessine un visage sur un ballon de volley qu’il nomme Wilson et finit par lier une sorte d’amitié avec cet objet, qu’il utilise pour ne pas sombrer dans la folie. La présence d’autrui semble alors indispensable.

En outre, notre rapport à autrui est déterminant dans la constitution de notre conscience de soi. Kant pense que l’Homme passe de l’unique conscience sensible à la conscience réfléchie quand il commence à dire « je », ce qui impliquerait nécessairement autrui car c’est lui qui nous apprend à parler. Certaines langues ne contiennent pas le mot « je », mais une notion personnelle existe toujours.  On a besoin qu’autrui nous questionne et nous donne son point de vue pour qu’on se pose nous-même des questions. On commence alors à se penser soi-même. A contrario, quelqu’un qui, comme l’enfant sauvage, n’a jamais été en contact avec autrui et n’a pas été éduqué par l’Homme ne semble pas avoir de conscience réfléchie. Il se contente alors d’une conscience sensible, et ne commence à développer sa conscience réfléchie qu’avec la présence d’autrui.

De surcroît, notre personnalité même, nos goûts sont inspirés par ceux d’autrui : dès notre plus jeune âge, nos parents nous inculquent des valeurs, comme par exemple une religion ou des idées politiques, qui sont acceptés et intégrées, et ont la plupart du temps tendance à rester toute notre vie. Quand ce n’est pas le cas, c’est car une nouvelle influence nous vient de quelqu’un d’autre. Toute notre personnalité s’inspire donc d’autrui, on est donc en droit de penser qu’on ne serait rien sans lui.

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