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L'Etranger, Albert Camus

Dissertation : L'Etranger, Albert Camus. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Octobre 2020  •  Dissertation  •  2 865 Mots (12 Pages)  •  1 985 Vues

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TEXTE N°3

«L'Étranger »

« Alors ,je ne suis pas pourquoi...à l'enterrement de sa mère? » 

I/ PRÉSENTATION

Ce texte est un extrait de l'épilogue du roman d'Albert Camus (1913-1960),  L’Étranger  publié en juillet 1942 par les éditions Gallimard, dans la France occupée. L'auteur est inconnu du grand public, mais l'oeuvre reçoit aussitôt un immense succès qui ne s'est jamais démenti. Grand écrivain du XXème siècle, qui accède à la célébrité, grâce à cette œuvre. Camus a obtenu le prix Nobel en 1957.

( Il faut donner quelques éléments de sa biographie ) Camus est né en Algérie à Mondovi, le 7 novembre 1913. Orphelin de père, vit avec sa mère, dans la misère dans les faubourgs populaires d'Alger. Goût pour la philosophie, dès l'âge de 17 ans, pour le théâtre, il fonde le Théâtre du Travail. Journaliste à Alger républicain, se rend à Paris au début de la guerre et entre dans la résistance en 1942. Deviendra rédacteur en chef de « Combat » Camus a écrit L’Étranger en pleine Seconde Guerre mondiale. Beaucoup de ses œuvres seront marquées par cette guerre et par les sentiments nés de l’absurdité du monde et du besoin de révolte face aux crimes commis par les hommes.

L’Étranger fait partie de ce que Camus appelle « le cycle de l’absurde » qui explore et expose les divers aspects de l'absurde . ( pour ton info, ouvrage essentiel : « Le mythe de Sisyphe » , un essai qui peut être considéré comme un commentaire de l'Etranger)

Il met en scène Meursault, le personnage principal accablé par son quotidien, refusant de jouer le jeu du conformisme social, il vit au jour le jour.

L'Étranger retrace une partie de la vie de Meursault, petit employé de bureau qui tient une sorte de journal de bord à travers lequel le lecteur plonge dans le quotidien de cet individu. Meursault se retrouve livré à la justice des hommes pour avoir commis un crime dont , jusqu'au bout, il se sent innocent.

Le passage que nous étudierons se situe dans les dernières pages du roman :

Alors que le condamné vient de rejeter son pourvoi, arrive dans la cellule de Meursault, l'aumônier qui lui demande de « faire appel » à Dieu. Dans ce dernier face à face, Meursault s'explique, jette le masque et crie ses convictions à la face de l'aumônier qui est le dernier avatar des figures sociales avides d'explications. Ce moment est un moment important parce que c'est la seule fois dans le roman que Meursault a quelque chose à dire. La colère de Meursault sera aussi le prétexte d'un véritable résumé des thèses de la philosophie de l'absurde.

 Au cours de cette scène,  Meursault a une terrible révélation : tout homme naît pour mourir, d'une façon ou d'une autre nous sommes tous destinés à mourir.

 C’ est un long monologue à la fois pathétique et tragique où s'opposent la croyance et la réalité, la révolte, et les pensées enfouies. Deux subjectivités s'affrontent : celle du condamné et celle de la condition humaine.

Nous nous demanderons, Comment la mort qui approche permet au héros de se libérer et de comprendre que la vie est absurde ?

Dans un premier temps des lignes 1 à 5, nous étudierons la révolte de Meursault.

Puis dans un deuxième temps, des lignes 6 à 9, l’affirmation de soi de Meursault.

Et enfin dans un troisième temps, des lignes 10 à 20, l’ultime prise de conscience de Meursault.

II/ ANALYSE

Le premier mouvement : ligne 1 à 5

L'adverbe « alors » qui amorce la première phrase introduit la conséquence de ce qui a pu être dit précédemment par l'aumônier et en même temps la libération de ce qui était contenu en lui : « quelque chose qui a crevé en moi ». Le cri involontaire comme l'indique la forme négative : « je ne sais pas pourquoi » submerge Meursault.

Meursault répond aux cris par des cris, que ce soit les cris de l'aumônier dans les lignes qui précèdent «  il s'est écrié avec une sorte d'éclat » ou des cris qui le rattachent ainsi au reste de l'humanité. La locution « à plein gosier » accentue encore la violence physique de ce cri. Violence qui s'exprime aussi dans la nature des propos : « je l'ai insulté » Violence aussi avec l'agression du collet : « je l'avais pris par le collet de sa soutane »

L'aumônier devient ici l'incarnation de tous ceux qui ont jugé et condamné Meursault. Ce qui explique donc qu'il réponde aux cris par des cris, à la vilence par la violence. ( symboliquement l'agression du « collet » de la soutane vaut pour la décapitation de Meursault « pris au collet » de la justice et de la société ) ( comme Julien Sorel improvisant lors de son procès )

Meursault libère une parole longtemps contenue, avoue tout ce qui lui tient à cœur. La métaphore du torrent «  je déversais sur lui tout le fond de mon coeur » montre bien que l'accès à une nouvelle forme de conscience passe par l'expression de soi-même comme en témoigne l'omni présence du pronom « je » et l'extériorisation : paroles, cris, gestes.Le monologue du narrateur s’effectue au discours indirect libre.L'utilisation récurrente de propositions juxtaposées et coordonnées : « et je l'ai insulté et je lui ai dit de ne pas parler,et je lui ai dit de ne pas prier » contribue à rendre  La prose vive, percutante et impulsive .

L'emportement verbal de Meursault est visible dans ses répétitions : « je» , ses interrogations « il avait l'air si certain n'est-ce pas ? » , dans ses antithèses « mêlés de joie et de colère »

 La colère de Meursault prend pour cible l’aumônier, mais, à travers lui, ce sont la religion, la société et la morale qui sont visées. Il s’agit non seulement d’une révolte contre la « vie absurde », mais aussi contre les fausses croyances qui prétendent l’expliquer et lui donner un sens.

L'aveu passionné sinon désordonné de Meursault commence par le refus de l'illusion. La certitude céleste de l'aumônier ( cad la foi, la croyance en l'existence divine) ne « valait pas un cheveu de femmme ». Autrement dit, Meursault parie pour la chair, pour la terre. ( il y a inversion du pari pascalien : le pari de Pascal est un argument philosophique mis au point par Blaise Pascal, philosophe et physicien français du XVIIème siècle. L'argument tente de prouver qu'une personne rationnelle a tout intérêt à croire en Dieu, que Dieu existe ou pas ).L'espoir d'une  « autre vie » ne peut équilibrer la certitude d'une vie terrestre ( ou on peut y voir une variation métaphysique sur le proverbe : « un tiens vaut mieux que deux tu l'auras »

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