La divulgation de l'information

Depuis les dernières années, la multiplication des scandales financiers, la faillite de plusieurs

grands groupes (Enron, WorldCom, Nortel, etc), l’apparition des investisseurs institutionnels et

l’arrivé des fonds de pension dans le capital de plusieurs grandes sociétés ont orienté les

entreprises à rechercher un équilibre des pouvoirs entre les dirigeants, les administrateurs et les

actionnaires et ont permis une plus grande transparence dans leur fonctionnement et la

transmission de l’information aux utilisateurs externes (Parrat, 1999). Le besoin d’information

chez les investisseurs et les différentes parties externes vient de l’avantage informationnel qu’ont

les gestionnaires par rapports à ces derniers. Dans cette recherche de transparence, les dirigeants

d’entreprises rivalisent dans les moyens utilisés pour divulguer le plus d’informations, et la

divulgation volontaire en est un.

Dans la divulgation de l’information, on retrouve deux composantes : l’une obligatoire mandatée

par les lois et les réglementations, certifiés par les vérificateurs externes et l’autre volontaire. La

composante obligatoire est supposée satisfaire des normes de qualité et de fiabilité applicables à

toutes les entreprises, et est donc comparable entre les entreprises, surtout celles listées sur le

marché boursier et appartenant à un même secteur. Quant à la composante volontaire de la

divulgation de l’information, c’est-à-dire celle non-mandatée par les lois et qui dépasse les

exigences des normes, son étendu, sa qualité, sa pertinence et sa fiabilité sont inhérentes à

chaque entreprise. La divulgation volontaire représente donc un choix indépendant de la part de

l’entreprise, et ce, en vue de fournir les informations jugées pertinentes pour satisfaire les besoins

différents utilisateurs (Meek et al., 2005).

En effet, la divulgation volontaire s’inscrit dans le cadre d’une politique de divulgation axée sur

la transparence. Étendre les limites de la divulgation au-delà de la divulgation financière permet

de concilier la rigidité des états financiers et les besoins en information des différents utilisateurs

(Cormier et al., 2004). Plusieurs chercheurs se sont intéressés aux déterminants du recours de

l’entreprise à la divulgation volontaire. Malgré la multitude des recherches consacrées à l’étude

3

des différents facteurs qui affectent la pratique de la divulgation volontaire de l’information de la

part des entreprises (Wiseman, 1982; Scott, 1994 ; Cormier et Magnan, 1997,1999; Ho et Wong,

2001; Eng et Mak, 2003; Gul et Leung, 2004), on retrouve peu d’études relatives au rôle de la

gouvernance dans le choix de la divulgation. Le choix du niveau de la divulgation est non

seulement fonction des avantages et des coûts associés mais aussi des différents mécanismes de

gouvernances en place pour discipliner les dirigeants lors de leur prise de décision (Ho et Wong,

2001, 2003; Gul et Leung, 2004; Qu et Leng, 2006; Barako et al. 2006). De plus, les recherches

qui ont montré les liens entre la gouvernance des entreprises et leurs pratiques de divulgation

volontaire (Noe, 1999; Miller et Piotroski, 2000; Aboody et Kasznik, 2000; Ho et Wong, 2001;

Eng et Mak, 2003; Barako et al., 2006) ont obtenu des résultats qui ne présentent pas un

consensus et ne vont pas dans la même direction.

Le mécanisme de gouvernance qui a été le plus controversé comme déterminant de divulgation

volontaire est le conseil d’administration (CA). En effet, certaines études démontrent une relation

négative entre l’indépendance du conseil et le niveau de divulgation (Eng et Mak, 2003;Barako et

al., 2006) alors que d’autre ne mettent en évidence aucun lien (Ho et Wong, 2001,2003).Or, le

CA est considéré comme l’un des éléments les plus importants de la gouvernance d’entreprise et

le plus défendu par l’activisme des actionnaires (Johnson et al., 1996). Dans cet article, nous

analysons le rôle du CA (à travers ses caractéristiques telles que sa taille, son leadership et son

indépendance) dans le recours à la divulgation volontaire des résultats effectuée par les

entreprises canadiennes sur leurs sites web.

De nos jours, l’importance du web comme moyen de communication est indéniable. Par exemple,

Lakhal (2005) nous apprend qu’entre 1998 et 2001, 117 sur 207 firmes (non financières)

françaises cotées en bourse ont effectué au moins une divulgation volontaire des résultats sur leur

site web. L’avènement des sites web a une influence importante sur les stratégies de

communication des entreprises. Étant un moyen rapide, flexible et direct de communication entre

l’entreprise et ses parties prenantes (Cormier et al., 2004), le site web apparaît être efficace dans

un contexte de globalisation et de compétitivité internationale. Le souci de compétitivité

internationale et la nécessité de vouloir accéder à d’autres marchés

...