LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Étude du roman Ceux qu'on jette à la mer de Carl de Souza

Mémoires Gratuits : Étude du roman Ceux qu'on jette à la mer de Carl de Souza. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Mars 2014  •  711 Mots (3 Pages)  •  785 Vues

Page 1 sur 3

Pour son quatrième roman, Carl de Souza aborde un sujet peu traité par les écrivains : le sort pathétique des immigrants clandestins et, plus précisément, de ceux que l'on surnomme depuis la fin des années 70 - qu'il s'agisse des Cambodgiens ou des Cubains - les boat people. Ce qu'évoque d'emblée le livre, c'est l'expérience du déracinement, moins volontaire que subi. Dans le navire en partance de Kwan Chou en Chine, Tian Sen, le héros de cette histoire, s'adresse - magnifique rappel, entre la veille et le cauchemar - à ses amis qu'il a laissés au pays : "Hoy, Liling, vos noms me passent par la gorge en des filets rares et brûlants alors que je croyais en être réduit au même état que les autres..." Un peu plus loin, les yeux tournés vers le ciel, il décide, faute de connaître le vrai nom des étoiles, de leur donner celui de ses amis.

Carl de Souza suggère que la destination de ce voyage - Haïti ? La liberté ? Une vie normale ? - est une illusion : le pays où l'on n'arrive jamais, comme chez Melville. Mais, pour le romancier américain, l'interminable, l'absence d'issue étaient un enjeu d'ordre métaphysique. Ici c'est du réel qu'il s'agit, des laissés pour compte du système politique : ceux que la vie recrache ou, comme le dit le titre, "jette à la mer". Très vite, la situation se dégrade. Les exilés connaissent la faim, la maladie. Contre un chef aux intentions indéchiffrables, la mutinerie menace. Le voyage est d'une lenteur extrême, comme le sont les pas de ceux qui, chez Dante, patientent au purgatoire.

Parmi les passagers, certains ont des rêves de carrière, d'autres veulent rejoindre les membres de leur famille en Europe. Comme le flou géographique du roman le souligne, c'est de la condition de tous les exilés que Carl de Souza veut témoigner à travers sa fiction. Si le roman de cette interminable et effroyable odyssée échappe aux facilités du pathos comme à cette "pensée binaire", sommairement manichéenne, il y parvient non pas parce qu'il penserait plus loin, mais parce qu'il reconnaît tacitement que le chaos et l'absurde règnent en maître sur le monde.

"Aujourd'hui, qu'y a t-il de vrai sinon les soubresauts du navire ? Les portes de la Chine que nous ne parvenons pas à franchir, ce qui nous attend en Haïti ? Ma propre peur dont je refuse l'existence."

Le Ming Sing est immobile dans la baie. A bord, 150 hommes, affamés, sales et indifférents. Leur regard flou, se perd dans la haute mer. Ce sont des réfugiés, ils ont quitté le sud de la Chine pour une destination qui, au fil des jours, est devenue de plus en plus incertaine.

c'est Tian Sen qui parle, il a quitté Kwan Chou en Chine, il est monté à bord du Ming Sing 23, après avoir payé son dû. Officiellement ce bateau est un chalutier, en réalité il cache dans ses cales près de deux cent passagers clandestins à destination de Haïti . Ces hommes sont des gens meurtris, , humiliés et ballotés, ce sont d'irrémédiables déracinés enfermés dans un trou rouillé et noir ou la promiscuité, la pourriture et la puanteur des malades qu'on finit par jeter par-dessus bord pour ne pas contaminer les autres. Tian Sen fait partie de ces malheureux enfermés

...

Télécharger au format  txt (4.1 Kb)   pdf (66.1 Kb)   docx (9.6 Kb)  
Voir 2 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com