LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Étude du roman Bel-Ami de Guy de Maupassant: comment Maupassant parvient-il à travers cette déambulation totalement anodine à susciter l’intérêt de son lecteur ?

Rapports de Stage : Étude du roman Bel-Ami de Guy de Maupassant: comment Maupassant parvient-il à travers cette déambulation totalement anodine à susciter l’intérêt de son lecteur ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Avril 2015  •  3 156 Mots (13 Pages)  •  907 Vues

Page 1 sur 13

 Généralités sur le roman, les incipits de romans, le roman réaliste et naturaliste, Maupassant, sa vie et son œuvre, Bel-Ami si l’on a lu le roman.

 La présentation du texte : il s’agit de l’incipit (qui a donc pour fonction d’informer, de séduire et aussi de donner des pistes sur la suite du roman). Le passage mêle les notations descriptives au récit nous « jetant » d’emblée dans une rue parisienne pour y voir évoluer celui dont on suppose d’emblée qu’il est ce Bel Ami annoncé par le titre. On y suit le personnage dans une rue pleine de monde : le narrateur nous offre ainsi une scène d’une grande banalité.

Problématique : comment Maupassant parvient-il à travers cette déambulation totalement anodine à susciter l’intérêt de son lecteur ?

I-Un incipit de roman réaliste marqué par un certain dynamisme

Maupassant se situe ici dans la veine du roman réaliste ou naturaliste, certes, mais cette entrée dans le roman se démarque aussi de la manière de Balzac, Flaubert ou Zola

1-L’évocation du cadre spatio-temporel se fait par touches tout au long du passage, ce qui évite les descriptions liminaires susceptibles d’entraver la dynamique du récit.

 un cadre spatial qui constitue un topos du roman réaliste : Paris, évoqué par « la rue Notre-Dame- de Lorette » qui crée un effet de réel.

 La mention du « restaurant », de la « gargote », du « boulevard » esquisse un cadre banal.

 Le cadre temporel indique une date précise : « 28 juin » mais ne précise pas de quelle année.

 L’originalité de Maupassant est de ne pas s’appesantir sur la description du décor (voir Balzac ou Zola) auquel il s’agirait de donner une portée symbolique. Les notations arrivent au gré des déplacements du personnage : ainsi passe-t-on du « restaurant » à « sur le trottoir » et à la rue. Maupassant joue sur le passé simple dès le départ qui donne de la vivacité puis l’imparfait, notamment dans le dernier § consacré plus particulièrement au portrait.

2-Le caractère réaliste de cet incipit est visible dans les thématiques et les descriptions :

 L’omniprésence du thème de l’argent traité en détail grâce à ce qui peut être considéré comme le discours intérieur du personnage retranscrit au discours indirect libre de « Cela représentait…au choix » ou au discours indirect (voir plus loin).

Le champ lexical de l’argent : « francs », « sous » « centimes » allié à la multiplication des chiffres renforce cette impression. Même les détails vestimentaires donnent lieu à une évaluation : « un complet de soixante francs »...

 On notera que cette thématique réaliste de l’argent est également liée à une autre thématique réaliste : celle des appétits du corps : ce que manifeste le lexique de la nourriture : le « pain » le « saucisson » les « bocks » nous placent dans un univers populaire habituel dans le roman naturaliste.

 La façon dont les personnages sont appréhendés est aussi significative :

-chaque personnage est caractérisé selon sa fonction professionnelle : « caissière » « ouvrières » « maîtresse de musique » ou son statut social : « bourgeoises avec leurs maris»

-les détails descriptifs qui servent à esquisser les personnages donnent une indication sur leur statut social: ainsi l’accumulation qui peint la maîtresse de musique : « mal peignée, négligée, coiffée d’un chapeau toujours poussiéreux et vêtue toujours d’une robe de travers ». L’adverbe « toujours », répété, souligne l’aspect négligé de la femme, peut-être son manque de moyens. On notera que les personnages ne sont pas décrits de façon méliorative : le roman réaliste n’a pas pour vocation d’embellir la réalité.

3-Sur ce « fond », Maupassant met en relief son personnage par différents moyens :

 Il est le seul à être nommé alors que les autres demeurent des silhouettes ; il est le seul à être individualisé alors que les autres forment des groupes : les « dîneurs », « les femmes », « trois petites ouvrières etc. ». Plus loin, les autres personnages ne forment qu’une masse indistincte désignée par le nom collectif « monde » (dans « une rue pleine de monde ») ou « les gens » et sont même désignés par « les épaules » par simple synecdoque.

Les indications sur son passé de militaire servent aussi à lui conférer un statut particulier. Le lexique insiste sur cet aspect : « sous-officier » « uniforme des hussards », « soldat ». Pourtant l’ironie qui semble percer sous la plume du narrateur à travers la répétition de « grand » et « grande » dans « grande dépense » « grand plaisir » tout comme le chapeau « défraichi » constituent les indices d’une situation financière peu florissante.

Enfin le personnage est évoqué à travers un portrait itinérant qui donne son dynamisme à la scène : il est associé aux verbes de mouvement : « sortit », il « marchait », il « avançait », « il se mit à descendre ».

Son regard lui-même est qualifié de « rapide ». Cette mise en action contribue à créer un incipit in medias res qui nous jette immédiatement dans l’action sans long discours descriptif ou explicatif. C’est évidemment un élément propre à séduire le lecteur.

 Il est également le seul à être caractérisé de manière précise :

-le narrateur adopte, certes, un point de vue omniscient : il sait ainsi que la gargote est « à prix fixe », que les « bourgeoises » sont des « habituées » et que la robe de la maîtresse est « toujours » poussiéreuse. Il a donc connaissance du passé.

-toutefois, on voit comment il se focalise sur Duroy au fil du texte : il évoque son passé par de brefs effets d’analepse : il signale ainsi son passé d’ « ancien sous-officier » ou le temps « où il portait l’uniforme des hussards ». Il nous fait également pénétrer à l’intérieur de ses pensées, ce qui est signalé par les embrayeurs : « se demandant » ou « il réfléchit ». Maupassant utilise à la fois le discours indirect et le discours indirect libre probablement dans un souci de variété. Le DIL tout particulièrement donne au lecteur le sentiment de glisser dans la conscience du personnage.

Transition : Maupassant nous offre ainsi un incipit attrayant car dynamique ; il y néglige les descriptions qui ont tendance à peser sur les débuts de romans

...

Télécharger au format  txt (19.1 Kb)   pdf (182 Kb)   docx (16 Kb)  
Voir 12 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com