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Étude de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière

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Par   •  6 Avril 2015  •  Analyse sectorielle  •  2 215 Mots (9 Pages)  •  893 Vues

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Introduction :

Dom Juan, pièce de Molière, dramaturge français contemporain du début du siècle de Louis XIV, publiée en 1682 sous le titre Dom Juan ou le Festin de pierre, est une tragi-comédie en cinq actes inspirée du dramaturge espagnol Tirso de Molina.

Elle met en scène un aristocrate libertin et débauché, qui ne vit que pour le plaisir de séduire et dont l'existence est un perpétuel défi à la morale et à Dieu.

Pièce où se mêlent tous les registres, elle fut accueillie avec enthousiasme par le public parisien, mais fit l'objet d’une violente attaque au lendemain de sa création et ne fut jamais reprise ni imprimée du vivant de son auteur.

Don Juan vient de demander à son valet Sganarelle ce qu'il pense de sa conduite envers les femmes. Sganarelle lui ayant exprimé, non sans embarras, sa désapprobation, Don Juan lui répond par une brillante apologie de l'infidélité.

Quelle idée cette tirade donne-t-elle de la personnalité de Don Juan et de sa vision de l'amour ? Nous étudierons tout d'abord l'argumentation de Don Juan, puis l'assimilation que fait Don Juan de l'amour à la guerre et du langage à une arme.

I. L’argumentation de Don Juan

1) La critique de la fidélité

Le spectateur ne connaît jusqu’à présent Don Juan qu’à travers ce qu’en a dit Sganarelle à Gusmann, le domestique de Dona Elvire, dans la scène 1 de l’acte I : « un grand seigneur méchant homme », « un vrai Sardanapale », « un épouseur à toutes mains »

La tirade de Don Juan est une réponse aux reproches embarrassés que lui fait Sganarelle, mais en vertu de la double énonciation théâtrale, elle est avant tout destinée au public. Elle permet donc de comprendre, pour ainsi dire « de l’intérieur », les motivations profondes de sa conduite. La tirade renseigne le spectateur, non sur des événements (il n’apprend rien sur les relations entre Don Juan et Dona Elvire), mais sur la psychologie de Don Juan.

Don Juan a demandé à Sganarelle ce qu’il pense de sa conduite et son valet lui a répondu qu’il ne l’approuvait pas. La ponctuation expressive au début et à la fin du texte : « Quoi ! », « …et d’être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux ! » exprime la révolte de Don Juan. Elle s’adresse moins à Sganarelle qu’à ce qu’il représente : la morale commune qui fait de la fidélité une vertu et qui condamne l’infidélité.

On remarque chez Don Juan la parfaite maîtrise de l’art oratoire, notamment de la "période" avec la symétrie de la structure ternaire des deux phrases qui composent le début de la tirade, comme s’il lisait une sorte de sermon préparé à l’avance ou appris par cœur. Contemporain de Bossuet, Molière attribue à son personnage les talents de l’évêque de Meaux, talents qui ne sont pas mis au service des valeurs chrétiennes, mais qui exaltent le péché.

La tournure interrogative : « Quoi ? tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend… et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ? » est purement oratoire. Don Juan ne s’attend pas à ce que Sganarelle réponde à sa question.

Don Juan dépeint la fidélité sous un aspect peu engageant : être fidèle, c’est s’attacher au premier objet qui nous prend, c’est renoncer au monde pour lui, c’est n’avoir plus d’yeux pour personne. C’est non seulement un « faux honneur », par opposition au vrai qui est une valeur aristocratique, mais encore un état comparable à la mort ("s’ensevelir pour toujours", « être mort dès sa jeunesse »)

Les termes qui servent à désigner les femmes : « objet », « beautés » est significative de la façon dont il les considère.

2) L’éloge de l’inconstance

Le temps le plus employé dans la tirade est le présent : présent de description : « La beauté me ravit partout où je la trouve », présent de vérité générale ou présent « gnomique ».

Délaissant la forme du sermon, Don Juan a recours cette fois à la maxime, « La constance n’est bonne que pour les ridicules. », « Les inclinations naissantes (après tout) ont des charmes inexplicables et tout le plaisir est dans le changement. », « Toutes les belles ont le droit de nous charmer, et l’avantage d’être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu’elles ont toutes sur nos cœurs. »

Note :

Le mot « maxime » vient du latin maxima propositio, la majeure du syllogisme en logique et en rhétorique. C’est à partir du XVIème siècle que les maximes prennent le sens de préceptes, de règle morale ou de jugement général. Elles tendent ensuite à prendre le sens de vérité générale. La maxime est un genre littéraire illustré par les œuvres de Bossuet, La Rochefoucauld et Vauvenargues.

La maxime se caractérise par sa visée moraliste, par laquelle l’auteur jette un regard critique sur le monde, sans prétendre le changer. Comme l’a montré Roland Barthes, Cette forme littéraire privilégie la concision du fragment et la discontinuité.

L'emploi de la maxime au présent gnomique permet à Don Juan de donner une légitimité à sa thèse : l'inconstance vaut mieux que la fidélité (l'assimilation de l'inconstance à la vie et de la fidélité à la mort). Don Juan passe du présent de description : "La beauté me ravit partout où je la trouve." au présent de vérité générale : "La constance n'est bonne que pour les ridicules" et de la troisième personne du singulier (on) ou à la première personne du pluriel (nous) à la première personne du singulier ("pour moi", "je"), assimilant son cas personnel à une généralité. Si l'on veut bien se souvenir que, par le jeu de la double énonciation, Don Juan s'adresse à Sganarelle, mais aussi au public, on peut dire que Don Juan prend les spectateurs masculins pour confidents, voire qu'il cherche à en faire des complices.

Les connecteurs argumentatifs : "et", "quoi qu'il en soit", "mais", "si", "enfin" n'ont pas de caractère réellement argumentatif. Ils jouent le rôle de "lubrifiants". Le procédé dominant est l'asyndète,

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