Étude de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière

DOM JUAN

Une pièce subversive qui défie toutes les règles

Rappel des règles du théâtre classique :

• Vraisemblance

• Bienséances

• Unité de ton

• Unité de lieu

• Unité de temps

• Unité d’action

Unité de temps

La pièce se déroule sur 36 heures (deux jours)

1ère journée de l’Acte I à l’Acte IV

2ème journée Acte V

De nombreuses ellipses.

La première journée est le temps de l’inconstance, de la discontinuité. Le temps de l’accumulation et non de la dynamique. Les conquêtes, les aventures du héros se répètent, sans progression, ni finalité. Ce temps n’a pas de profondeur. Don Juan oublie le passé et ne songe pas à l’avenir. Il vit dans un permanant immédiat.

Unité de ton et d’action

Une dramaturgie « monstrueuse » : farce, comédie, pastorale, tragi-comédie et tragédie.

Seize personnages, plus deux suites, plus deux spectres.

Des scènes intimes et des scènes de groupes

• Personnages principaux : Don Juan, Sganarelle, Don Louis. Done Elvire et ses frères Don Alonse et Don Carlos.

• Personnages secondaires : Gusman. Charlotte, Mathurine, Pierrot. M. Dimanche. Le pauvre. Le spectre.

• Nombre de scènes par personnage :

o Sganarelle : 26

o Don Juan : 25

o Elvire : 2 (son abandon sert de fil conducteur à 15 scènes)

o Charlotte : 5

o Mathurine et Pierrot : 2

o Don Carlos : 3

o Don Alonse : 1

o Don Louis et Gusman : 1

o Spectre et statue : 2

• Une machinerie complexe :

o Machines pour faire mouvoir la statue et le spectre et celles qui figuraient les enfers engloutissant le héros.

o Feux d’artifice et de Bengale simulant les feux de l’enfer.

Unité de lieu

Une « superproduction ». Six décors de Jean et Simon Prat (peintres connus)

• Acte I : un palais et sa façade, avec un jardin en arrière-plan.

• Acte II : un « hameau de verdure », une campagne, avec une grotte à travers laquelle on voit la mer.

• Acte III : une forêt. Puis, au fond de celle-ci, un temple, le mausolée du Commandeur. A la fin de l’acte, changement de décor à vue, à l’intérieur du mausolée dans une salle ornée de colonnes.

• Acte IV : Appartements de Don Juan.

• Acte V : une rue discrète située devant la grande porte de la ville.

Vraisemblance

De nombreuses ellipses. Des scènes « accrochées » très artificiellement.

Un spectre et une statue qui parlent. Punition finale. Hasard des rencontres.

Construction en creux des personnages.

Fausses pistes.

Bienséance

Thèmes, souvent entremêlés, de la religion, de l’argent, de la séduction, de l’honneur.

Un noble libertin. Un valet insolent.

L’hypocrisie du siècle.

Thèmes : Question d’argent dispersées (le pauvre, M. Dimanche, les gages). Scènes autour de la médecine. Discussions sur la religion (10 sc.) où les duettistes ont la part belle, même si le pauvre, le spectre et la statue y jouent un rôle nettement plus important. Scènes de séduction. Scènes de conflits verbaux. Scènes d’actions…

Une pièce éminemment politique.

L’insolence et la provocation de Molière.

La parodie de gens et de genres connus.

Une réponse à la censure de Tartuffe.

Monstruosité, irrégularité et hybridation dominent toute la pièce.

Une scène d’exposition « originale » et provocante, qui donne de suite le ton.

Des éloges paradoxaux qui remettent en cause les préjugés du public.

Provocation de Molière contre la Compagnie du Saint-Sacrement

Démesure, subversion et ubris.

Farce bouffonne qui interroge : qui est le farceur ? qui sont les bouffons ? ce qui motive chaque personnage est-il bien avouable ? où est le scandale ?

Un personnage principal insaisissable.

Un Sganarelle fort stupide, défenseur de la foi.

Une Done Elvire sans mesure.

Un rire ambigu (« castigat ridendo mores »)

Une permanente double énonciation, lourde de sous-entendus très clairs pour les contemporains.

ACTE I

Résumé :

Sc.1

Sc.2

Sc.3 Eloge burlesque du tabac

Sganarelle s’entretient avec Gusman à propos de Don Juan et en fait un portrait à charge

Dialogue Don Juan / Sganarelle

Eloge de la conquête amoureuse

Tentative d’argumentation

...