Étude de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière

Le mythe littéraire de Don Juan, revisité dans la pièce moderne d'Eic-Emmanuel Schlmitt, La Nuit de Valognes, est ici mis en scène d'une manière plus qu'originale. Une fois encore dépeint comme un séducteur à part entière, il semble toutefois "sensible" et en détresse : l'amour, qui lui apporte pourtant tant de plaisir, le fait souffrir. Pour mettre en valeur un tel aspect de sa "personnalité", l'auteur use de différents registres, qui permettent au séducteur de se différencier du mythe.

Ainsi, cette pièce est en premier lieu comique, et ce de deux manières : d'abord un comique de mots, puis un comique de situation, qui donnent un peu de légèreté à la pièce. Une dimension comique que l'on retrouve ainsi dans le persiflage(mais également la stichomythie) des victimes de Don Juan. Quelque peu jalouses, elles n'hésitent pas à se dire entre elles "c'est une parole de laide!" ou encore "à votre âge !". Comique également, le refus des anciennes conquêtes du séducteur à avouer leur lien à Don Juan est d'autant plus absurde qu'il existe des preuves de ces liaisons. Puis, l'hyperbole du nombre de femmes fréquentées par Don Juan est plus que comique, ce nombre est improbable, aberrant ! Enfin, le portrait des espagnoles est très comique également et fait ressortir la jalousie de ces femmes " Cent Françaises contre mille et trois Espagnoles moustachues à grosses hanches et au teint vert, c'est vexant". Ensuite, le décalage entre certains personnages et la situation est comique : ainsi, la religieuse, pourtant dévouée à Dieu et à sa foi, est au même titre que ces femmes, une conquête de Don Juan ! la situation est par ailleurs délicate : ces cinq femmes ont toutes aimé le même homme, et apparaissent donc comme des rivales ("comme c'es piquant"). Toutefois, si elles ont aimé le même homme, tout les oppose, elles n'ont véritablement rien pour s'entendre : la "chaste" religieuse et la séductrice comtesse, la noble et la bourgeoise ... Enfin, l'arrivée de Don juan ,fracassante, par un éclair, est également comique.

De ce fait, on observe, et ce dès le début de la pièce, une tonalité dramatique, notamment dans le discours de la duchesse de Vaubricourt. Ainsi, le sérieux de ses propos semblent en décalage avec le thème abordé : la duchesse, déplorant la mort prochaine de son paon, fait de véritables aveux à ses convives : "Oui, je l'avoue, j'ai négligé mon paon". Elle semble très sérieuse, et une ambiance presque dramatique, voire tragique s'instaure.

Puis, les convives de la duchesse comme cette dernière sont arrivées à la fin de leur "vies de femmes", semblent vouloir répondre à certaines questions passées pour mieux envisager l'avenir : "C'est l'heure des comptes, Aglaé. Il faut boucler nos existences. Mon paon agonisant m'indique qu'il est temps pour moi de mettre mes affaires, vos affaires, en ordre". On a l'impression que ces femmes cherchent à "régler des comptes", et apparaît la triste réalité de la fin de leur existence... C'est le sérieux de cette situation qui donne une dimension dramatique à la scène. On note également l'emploi du terme "victime" pour désigner les anciennes conquêtes de Don Juan, également nommées "cadavres" : elles apparaissent comme des femmes blessées, meurtries, détruites : le mot "conquête" trouve ici tout son sens et donne lieu à une situation dramatique. Meurtries, elles déclarent de ce fait : "tout l'amour s'est éteint en nous,

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