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Vouloir avoir raison semble légitime

Étude de cas : Vouloir avoir raison semble légitime. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Mai 2015  •  Étude de cas  •  2 832 Mots (12 Pages)  •  769 Vues

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Nota bene : les titres des parties et sous-parties ne sont mentionnés que pour mettre en évidence la structure du raisonnement du devoir et permettre à l’élève de comprendre la nécessité d’avoir réalisé un plan détaillé préalable à la rédaction au propre. Ils ne doivent en aucun apparaître dans le devoir final.

Introduction

Pour le scientifique comme pour le philosophe, pour tout homme qui recherche la vérité, « vouloir avoir raison » semble légitime. Mais, à travers l’usage de cette expression dans le langage courant, on manifeste souvent le reproche d’une volonté pervertie en un désir tyrannique ou désespéré d’imposer coûte que coûte son point de vue à son auditoire ou de s’en persuader soi-même. Alors « vouloir avoir raison » est-ce critiquable ?

La délimitation de l’acte volontaire ne va pas de soi. En effet, les motifs qui justifient une volonté se confondent parfois avec les mobiles cachés et moins rationnels du désir. A quelles conditions alors peut-on accepter cette volonté d’avoir raison ? Est-elle légitime ? Est-elle efficace ? N’a-t-on pas intérêt à conserver une prudence critique devant cet effort polymorphe, raisonné ou passionné ?

Pour répondre à ce questionnement, nous nous efforcerons de savoir si cette volonté d’avoir raison peut, de bout en bout, des intentions aux conséquences, se plier aux exigences de la raison ou si elle n’est que le voile ou le masque de mobiles sans doute avouables mais peu scrupuleux à l’égard de la vérité.

L’enjeu de cette question est multiple : il s’agit de la préservation de la liberté d’opinion d’autrui et de sa liberté de penser mais il s’agit aussi de la difficulté qu’a l’être humain de maintenir dans le cadre de la raison, son invocation de la raison.

I. Vouloir avoir raison semble légitime.

Introduction

« Vouloir avoir raison » manifeste d’abord une intention, celle de faire triompher le point de vue qui me semble légitime, soit parce que j’estime que les motifs rationnels que j’ai de le soutenir rendent cette thèse universalisable, c’est-à-dire acceptable par tous, soit parce que la conviction que j’attache à ce point de vue me semble justifier qu’il soit partageable par tous. Toutefois, entre cette présomption ou cette prétention de mon point de vue à l’universalité et les moyens mis en œuvre pour l’imposer à tous, se joue une volonté ou un désir voire une passion dont il convient d’interroger les causes autant que les effets. Etudions d’abord les intentions qui animent cette volonté d’avoir raison puis nous en examinerons les effets.

1) Les intentions.

Si l’on considère l’expression littéralement, dans la neutralité de son sens littéral dénué de connotations, une telle volonté d’avoir raison semble difficilement critiquable. Critiquer consiste à évaluer les raisons d’une pensée ou d’un acte. Or la volonté est une inclination qui, par opposition à l’impulsion sensible du désir, repose sur une ferme résolution délibérée, c’est-à-dire motivée par des raisons. C’est donc au nom même de l’esprit critique que l’on veut avoir raison, que l’on cherche la vérité et aucun soupçon ne peut peser sur cette intention tant que les moyens mis en œuvre restent justement subordonnés à l’objectif que je me suis fixé : avoir raison qui suppose donc garder raison. A cette condition, il semble donc légitime de vouloir avoir raison.

2) De la légitimité de l’intention à l’efficacité des effets.

Cette volonté par ailleurs se distingue d’une simple velléité parce qu’elle s’efforce de tenir la règle, l’engagement qu’elle s’est fixée et qui consiste à vouloir rendre raison de la réalité. Or la vérité que l’on s’efforce d’atteindre par sa représentation rationnelle supporterait mal d’être velléitaire car elle a à affronter la force d’inertie des préjugés, la force de séduction de la propagande et de la démagogie, la ruse de la persuasion qui oppose à l’effort de convaincre des arguments irrationnels comme la flatterie, les sophismes, la menace, la promesse. Il faut ainsi à Socrate (dans le Gorgias de Platon, 427-347) beaucoup de ténacité pour affronter Calliclès et son refus d’entendre raison qui va jusqu’à qualifier son interlocuteur de « grenouille coassante ».

3) Cette intention justifie une débauche d’efforts.

Si cette volonté d’avoir raison conduit celui qui soutient une thèse à la fermeté, voire à l’irascibilité, nous pouvons encore saluer cet effort parce que du conflit rationnel et dialogique qu’il engendre contre la thèse adverse, il peut venir à bout de tenaces réticences de la part de celui qui ne veut pas entendre raison. Ainsi, tel qu’il est mis en scène dans l’œuvre de Platon, Socrate n’hésite pas à recourir à l’ironie non pour vaincre ses adversaires mais pour les faire accoucher d’une vérité qu’il prétend ne pas détenir. Remarquons toutefois que Socrate justement ne veut pas avoir raison mais met en œuvre la raison pour faire surgir la vérité dans l’esprit de son interlocuteur : il ne possède pas la sagesse mais l’aime et veut la faire advenir.

4) A armes égales contre la force de l’opinion infondée.

Dans une perspective plus moderne, celle de la liberté individuelle, « vouloir avoir raison » apparaît comme l’effort d’une revendication légitime de la liberté de penser contre les dogmes et les idéologies dominantes. Tenir à la thèse que l’on s’est efforcé de construire rationnellement apparaît comme un souci légitime contre les tentations de céder aux pensées préfabriquées qui s’enracinent dans la force des préjugés. Ainsi Descartes (1596-1650) à la fin de la première étape de ses Méditations Métaphysiques n’hésite pas à opposer à la force des préjugés l’excès de son doute, comme pour combattre à armes égales l’opinion et la confiance naïves dans les préjugés. Sans la ténacité de Galilée (1564-1642), l’héliocentrisme aurait-il été si convainquant contre des siècles du géocentrisme et l’autorité scientifique et religieuse de son temps ?

Conclusion-transition

Ainsi nous avons vu que « vouloir avoir raison » manifeste une intention légitime qui, pour affronter la mauvaise foi et

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