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Témoignage Et Littérature

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Par   •  25 Mars 2013  •  2 433 Mots (10 Pages)  •  1 301 Vues

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L’œuvre de Primo Levi, Si c’est un homme, est l’une des plus grandes œuvres littéraires du 20e siècle. En témoignant sur la plus grande expérience criminelle de l’histoire, l’auteur s’est inscrit dans la lignée des plus grands. A travers notre étude, nous verrons en particulier l’importance du témoignage, et sa dimension dans la littérature. Nous organiserons notre réflexion en quatre parties. Nous verrons dans une première partie que témoigner fut une nécessité pour Primo Levi, puis dans une seconde partie nous étudierons les difficultés du témoignage, ensuite dans une troisième partie nous parlerons de l’écriture du témoignage et enfin, dans une quatrième et dernière partie, nous étudierons les conséquences de ce témoignage.

Si c’est un homme a été tout d’abord pour Primo Levi une nécessité afin de se libérer intérieurement, mais nous verrons que le témoignage avait aussi un but moral et pédagogique.

Ecrire a été pour Primo Levi, comme pour d’autres, une nécessité, afin de se libérer de ses souvenirs trop lourds et horribles tels que ceux du Lager. Ce qu’a vécu Primo Levi est inconcevable, et être porteur d’un souvenir aussi marquant, aussi terrible, est pesant. Mettre noir sur blanc ces souvenirs est un moyen pour l’auteur d’extérioriser et de se purifier en quelque sorte. Comme l’a dit Primo Levi dans la préface : « Le besoin de raconter aux ‘‘autres’’, de faire participer les ‘‘autres’’, avait acquis chez nous, avant comme après notre libération, la violence d’une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les autres besoins élémentaires ; c’est pour répondre à un tel besoin que j’ai écrit mon livre ; c’est avant tout en vue d’une libération intérieure. » Témoigner est donc bien une nécessité pour le rescapé du Lager, car il est porteur d’une mémoire atroce.

Si Primo Levi a publié son témoignage, c’est pour lui une manière de donner corps aux souvenirs, pour les survivants, afin que les autres hommes aient conscience de ce qui s’est passé dans les camps de concentration. Ceux qui témoignent des atrocités de la guerre ont une volonté de transmettre, de faire savoir, pour que de tels événements ne se reproduisent plus jamais. Pour celui qui témoigne, il est important de mettre en garde les hommes, de montrer ce que l’homme peut faire à son prochain. Primo Levi le dit lui-même dans la préface : « Puisse l’histoire des camps d’extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d’alarme. » Témoigner est aussi un moyen de mettre aux yeux de tous les crimes commis par les Nazis, pour ne pas oublier, car ces derniers ont tenté de dissimuler leurs méfaits aux yeux du monde entier. N’oublions pas que le livre a été publié en 1947, soit deux ans après la fin de la guerre, et qu’à cette époque, il est important de faire savoir aux autres, de dénoncer, et de rétablir la vérité. De plus, ce livre est également un hommage à ceux disparus dans les camps d’extermination.

Enfin, ce livre a aussi une visée pédagogique. A travers une grande clarté d’écriture, Primo Levi a voulu instruire ses lecteurs, leur montrer la réalité du camp d’Auschwitz. Ce qui a pu être assimilé à de la froideur ( La quasi inexistence d’expression de sentiments personnels de la part de l’auteur ) est en fait une manière de susciter l’indignation chez le lecteur dans le but de transmettre l’horreur vécue dans les camps. C’est une manière implicite de faire comprendre le lecteur. Ce dernier, au lieu d’être devant le fait accompli, devant une constatation « C’est abominable » est amené à réfléchir, et à tirer de lui-même cette conclusion. Par ailleurs, Primo Levi est très précis dans sa description du camp, de ses détenus, de son fonctionnement. Cela permet aux lecteurs de situer les événements, de comprendre. Nous avons par exemple à partir de la page 42, une longue description de la topographie du camp : « Le camp se compose de soixante baraques en bois, qu’ici on appelle Blocks, dont une dizaine sont en construction ; à quoi s’ajoutent le corps des cuisines, qui est en maçonnerie, une ferme expérimentale tenue par un groupe de Häftlinge privilégiés, et les baraques des douches et des latrines, une tous les six ou huit Blocks. ( … ) ». A travers une forme de maïeutique, l’auteur amène ses lecteurs à la réflexion. Le lecteur ‘‘participe’’ en quelque sorte au récit, et c’est ainsi qu’il est amené a réfléchir. C’est pourquoi nous pouvons dire que Si c’est un homme est une œuvre pédagogique.

L’écriture du livre a donc bien été déclenchée par un besoin de s’exprimer, de se libérer, et ce dans un but autant moral que pédagogique. Cependant, l’auteur a pu se heurter à certaines difficultés.

En effet, témoigner d’une horreur telle que la vie dans un camp de concentration Nazi peut être difficile. L’auteur se doit d’être le plus objectif possible et il doit d’imposer des limites : On ne peut pas tout raconter. De plus, afin d’être compris et entendu, il a choisi d’être la plus clair possible.

Ainsi même si l’auteur veut révéler toute la vérité sur les camps, s’il veut rapporter les faits tels qu’ils ont été, il doit être le plus objectif possible. Cependant un témoignage ne sera jamais totalement objectif. Ayant lui-même vécu toutes ces horreurs, il ne peut pas toujours cacher ses émotions : Ce n’est pas un travail d’historien. Primo Levi a voulu dénoncer le système concentrationnaire et c’est pour cela que son livre n’est pas écrit dans un ordre chronologique. Les chapitres n’ont pas été rédigés selon un déroulement logique, mais « Par ordre d’urgence » p.8. Ecrire était un besoin, donc l’auteur n’a pas pu rester totalement objectif.

De même, Primo Levi fut contrait de s’imposer certaines limites. Il savait que tout ne pouvait être dit, et que tout ne pouvait être compris par ses lecteurs. Ceux qui n’ont pas eux-mêmes vécu l’expérience du camp ne pourront jamais s’identifier aux déportés ni à l’auteur. Ce dernier en est conscient et l’accepte : « Nous savons, en disant cela, que nous serons difficilement compris, et il est bon qu’il en soit ainsi ». Les mots n’ont également pas la même signification pour les déportés que pour les ‘‘autres’’. Primo Levi le dit à la page 132 : « Nous voudrions dès lors inviter le lecteur à s’interroger : que pouvaient bien justifier au Lager les mots comme « bien » et « mal », « juste » et « injuste » ? ». Les sentiments et perceptions ne sont pas les mêmes pour des hommes libres et pour ces esclaves à qui il ne reste plus que des sensations quasi-animales.

Enfin, afin de se faire entendre et comprendre,

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