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Teddy Bear. Poulin

Fiche de lecture : Teddy Bear. Poulin. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mai 2014  •  Fiche de lecture  •  970 Mots (4 Pages)  •  669 Vues

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Que Teddy Bear, le personnage principal des Grandes marées, soit, comme la plupart des personnages de Poulin, un homme doux, dépourvu d’agressivité, au point de paraître passif et même peu viril, se passe de démonstration. La douceur, comme la tendresse, est une des caractéristiques les plus évidentes et les plus ressassées de l’univers de l’auteur, et la critique se fait un devoir de rappeler ce lieu commun inévitable. Or, plutôt que d’être l’expression d’une certaine mièvrerie de la vie sentimentale, la douceur se trouve associée à la mort chez Poulin, comme le dit très explicitement Noël dans Le coeur de la baleine bleue : « [L]a mort c’est la dernière étape de la douceur. La mort, c’est la douceur absolue [1]. » La mort révèle que la douceur est bien plus qu’une simple disposition de sentiment, plus qu’un trait de caractère ; elle est surtout un état d’esprit, une manière d’être dans le monde, un enjeu d’ordre existentiel duquel peut surgir le désespoir le plus grand. De tous les personnages doux de Poulin, seul Teddy Bear en vient à mourir ; il est le seul à expérimenter ce passage de la douceur à la mort représenté allégoriquement par le refroidissement progressif et irréversible de son corps qui l’amène à ressembler à la statue de pierre de l’île aux Ruaux où il échoue à la toute fin du roman — il est le seul à entrer dans la mort, à laquelle on l’accule par le moyen d’un meurtre symbolique, en raison d’une douceur trop constante et trop entière pour être tolérée par autrui.

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Encore faut-il, pour pouvoir saisir comment la douceur mène à la mort, et pourquoi la mort survient sous la forme d’un lynchage dans Les grandes marées, en savoir un peu plus sur la douceur elle-même. Son aire sémantique est plutôt vaste, qui va du domaine concret des sens à celui plus abstrait des qualités et des valeurs.

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Dérivé du vieux mot dulz (doux), provenant étymologiquement du latin dulcis, le terme douceur concerne d’abord le sens du goût, puis les quatre autres sens. Ce qui est doux est apparenté à ce qui est sucré, comme le miel, et s’oppose ainsi à ce qui est amer, acide, fort ou piquant ; au toucher, il désigne le lisse, le souple, le soyeux, comme peuvent l’être la peau ou un tissu ; à l’ouïe, il renvoie à quelque chose de peu sonore, d’harmonieux ou de mélodieux ; à la vue, il est associé à une lumière peu intense, tamisée ; à l’odorat enfin, il se rapporte à ce qui est peu prononcé ou suave. Le doux est immanquablement agréable, donne un plaisir modéré et délicat, s’oppose à toute sensation forte ou excessive. La douceur de vivre est une forme de bonheur, essentiellement un bien-être, un état de satisfaction dont on peut jouir de façon mesurée et paisible.

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Si la douceur appliquée aux choses renvoie à une qualité ou à une propriété d’ordre physiologique, elle définit une qualité ou une propriété d’ordre psychologique lorsqu’elle est appliquée aux personnes. La douceur est ainsi un trait de caractère, une manière d’être et de réagir qui détermine la personnalité psychologique d’un individu : on est doux de tempérament quand on ne heurte ni ne blesse personne, quand on n’impose rien à quiconque, quand on ne se

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