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Sur La route de Cormac Mc Carthy

Commentaire d'oeuvre : Sur La route de Cormac Mc Carthy. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Juin 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  937 Mots (4 Pages)  •  268 Vues

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Devoir de français – TSPVL

Texte 1

Dans les premières années les routes étaient peuplées de fugitifs disparaissant sous leurs habits. Portant des masques et des lunettes de plongée, en guenilles, assis au bord de la route comme des aéronautes en détresse. Leurs brouettes encombrées de tout un bric-à-brac. Remorquant des charrettes ou des caddies. Leurs yeux luisant dans leurs crânes. Coquilles sans foi de créatures marchant en titubant sur les levées le long des marais tels des vagabonds sur une terre en délire. La fragilité de tout enfin révélée. D'anciennes et troublantes questions se dissolvant dans le néant et dans la nuit. L'ultime expression d'une chose emporte avec elle la catégorie. Eteint la lumière et disparaît. Regarde autour de toi. C'est long jamais. Mais le petit savait ce qu'il savait. Que jamais c'est à peine un instant.

Cormac McCarthy, La route, 2007.

Texte 2

Longtemps après un terrible cataclysme, une panne d’électricité généralisée ayant engendré le chaos, des survivants choisissent le retour à la terre, au travail rural. Mais un jour, un individu fait irruption à bord d’une machine à vapeur. Un vieillard l’interpelle.

Insensé ! Crie le vieillard. Le cataclysme qui faillit faire périr le monde est-il déjà si lointain qu'un homme de ton âge ait pu en oublier la leçon ? Ne sais-tu pas ne vous l'ai-je pas appris à tous, que les hommes se perdirent justement parce qu'ils avaient justement voulu épargner leur peine ? Ils avaient fabriqué mille et mille et mille sortes de machines. Chacune d'elles remplaçait un de leurs geste, un de leurs efforts. Elles travaillaient, marchaient, regardaient, écoutaient, pour eux. Ils ne se savaient plus se servir de leurs mains. Ils ne savaient plus faire, plus voir, plus entendre. Autour de leur os, leur chair inutile avait fondu. Dans leurs cerveaux, toute la connaissance du monde se réduisait à la conduite de ces machines. Quand elles s’arrêtèrent toutes à la fois, par la volonté du Ciel, les hommes se trouvèrent comme des huîtres arrachées à leurs coquilles. Il ne leur restait qu’à mourir…

René Barjavel, Ravage, 1943.

Texte 1

  1. Quels procédés d’écriture (vocabulaire, tournures de phrases, images) l’auteur utilise-t-il pour souligner l’affaiblissement et la perte d’humanité des survivants ? Justifiez chaque élément de réponse par un passage du texte. (6 points)

  1. Quels éléments du texte peuvent apparaître absurdes ? Expliquez en vous appuyant sur une référence mythologique abordée en cours. (4 points)

Texte 2

  1. Quel regard le vieillard porte-t-il sur les innovations technologiques ? Quels procédés d’écriture utilise-t-il pour souligner leurs impacts sur l’humanité ? (4 points)

Texte 1 et 2

  1. Rédigez un paragraphe visant à présenter le corpus, son unité et les principales différences entre les textes dont vous mentionnerez les références et le genre littéraire. (6 points)

CORRECTION

Texte 1

  1. Quels procédés d’écriture (vocabulaire, tournures de phrases, images) l’auteur utilise-t-il pour souligner l’affaiblissement et la perte d’humanité des survivants ? Justifiez chaque élément de réponse par un passage du texte. (6 points)

  • Champ lexical de l’effacement : « disparaissant », « se dissolvant », « emporte », « disparaît » /
  • Phrases nominales, sans verbes : de « portant » (ligne 2) à « la nuit » (ligne 7).
  • Animalisation : « coquilles sans foi de créatures » qui souligne le durcissement des survivants mais aussi leur bestialité et leur sauvagerie.

  1. Quels éléments du texte peuvent apparaître absurdes ? Expliquez en vous appuyant sur une référence mythologique abordée en cours. (4 points)

Deux passages expliqués attendus parmi ceux-ci :

  • « Portant des masques et des lunettes de plongée, en guenille » : l’absurdité découle d’abord de l’opposition entre la misère de leur accoutrement et les accessoires techniques dont ils se sont affublés, probablement pour supporter les poussières omniprésentes dans ce monde de cendres. Elle est aussi générée par le caractère inadapté de ces objets.

  • « Leurs brouettes encombrées de tout un bric-à-brac. Remorquant des charrettes ou des caddies. ». Pousser un caddie alors que la société de consommation et les supermarchés ont disparu apparaît absurde. Ceci rappelle aussi le mythe de Sisyphe, condamné à pousser éternellement un rocher jusqu’en haut d’une montagne pour avoir offensé les Dieux. Or, Sisyphe est considéré comme un héros de l’absurde…
  • « Mais le petit savait ce qu'il savait. Que jamais c'est à peine un instant. ». Ici l’absurdité découle du rapprochement improbable entre « jamais » et « un instant », soit un moment précis. Ici ce qui est absurde, c’est l’espoir de l’enfant considérant que cette apocalypse, fatale pour l’humanité, ne constitue probablement qu’un court moment dans l’histoire de la Terre.

Texte 2

  1. Quel regard le vieillard porte-t-il sur les innovations technologiques ? Quels procédés d’écriture utilise-t-il pour souligner leurs impacts sur l’humanité ? (4 points)

  • Il reproche l’omniprésence de la machine. Celle-ci est appuyée par une énumération : « Elles travaillaient, marchaient, regardaient, écoutaient, pour eux ».
  • Il dénonce la passivité des hommes, l’effacement de leurs activités souligné par la répétition de la formule négative « Ils ne savaient plus ».

Texte 1 et 2

  1. Rédigez un paragraphe visant à présenter le corpus, son unité et les principales différences entre les textes dont vous mentionnerez les références et le genre littéraire. (6 points)

Le corpus comporte deux extraits de romans d’anticipation, de genre post-apocalyptique ; chacun met l’accent sur l’absurdité du comportement des hommes. Néanmoins, dans l’extrait de La route de Cormac Mc Carthy (2006), l’absurdité évoquée concerne le sort des survivants, condamnés à errer sur les routes en poussant leurs maigres affaires dans des caddies, vestiges d’une société de consommation à jamais révolue. Dans Ravage de Barjavel (1943) ce qui est présenté comme absurde, c’est la passivité des hommes qui se sont laissés remplacés puis dépassés par les machines avant l’apocalypse.

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