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Supplément au Voyage de Bougainville, Diderot (1772)

Fiche de lecture : Supplément au Voyage de Bougainville, Diderot (1772). Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Septembre 2020  •  Fiche de lecture  •  1 573 Mots (7 Pages)  •  714 Vues

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Supplément au Voyage de Bougainville, Diderot (1772) - Lecture analytique n° 1 EAF

Introduction

-Conte philosophique écrit par Diderot en 1772 comme une suite imaginaire au récit du navigateur Bougainville, Voyage autour du monde (1771). Dans ce récit, Bougainville, qui a réalisé un voyage à Tahiti, avait exprimé son sentiment de supériorité d’homme blanc .

-Diderot est un philosophe des Lumières, il prône l’égalité entre les hommes, montre son hostilité à l’esclavage.

-Diderot recourt au regard éloigné pour critiquer les Européens esclavagistes. Il délègue ici son opinion à son personnage pour éviter la censure et amener ses lecteurs à la réflexion.

-Dans cet extrait, le vieux Tahitien prend la parole pour blâmer Bougainville et lui demander de quitter sa terre qu’il a, avec ses hommes, corrompue, tout comme ses habitants.

Problématique guidant l’analyse linéaire : Comment Diderot procède-t-il pour dénoncer le comportement esclavagiste des Européens à travers les paroles véhémentes du vieux Tahitien ?

Analyse linéaire

Mouvement 1 (du début à « caractère » (l.4) : un discours exigeant le départ de Bougainville

L.1 : invective pour débuter le discours : « Et toi.. » suivi de la périphrase « Chef des brigands » pour s’adresser à Bougainville : met en avant la cupidité de Bougainville et de ses hommes, leur volonté de piller les terres tahitiennes mais aussi leur absence de morale

L.1 et 2 : phrases structurées par l’opposition entre les pronoms personnels répétés « tu » et « nous »Les Tahitiens ne s’envisagent qu’en communauté (« nous ») alors que Bougainville est représenté par la 2ère personne du singulier  « tu » (individu mis en avant →individualisme) + parallélisme « nous sommes innocents, nous sommes heureux » : lien de cause- conséquence montrant un état de bonheur grâce à la simplicité de la vie naturelle

L. 3 : « nous suivons le pur instinct de la nature » (exact opposé des mœurs européennes)

Mouvement 2 (de la l. 4 à la l. 8) : de l’idéal de partage à la violence de la propriété

L.4 et 5 : « tu nous a prêché … (connotation religieuse – critique car comportement des Européens opposé aux valeurs chrétienne de partage et de communauté) .. . « je ne sais quelle (notion visiblement inconnue pr le Tahitien, péjoratif) … « distinction du tien et du mien » : absence de la notion de propriété chez les Tahitiens (renforcé par l’utilisation de l’italique). « Tout est à tous » : présent + allitération en [t] qui marque l’unité (ignorance de la propriété)

L.5 : répétition et insistance du déterminant possessif « nos » + pronom personnel « nous » : le vieux Tahitien souhaite parler au nom de sa communauté pour la protéger. « Nos filles et nos femmes nous sont communes » : phrase saturée en pronoms et adjectif exprimant l’état de communauté et des mœurs très libres

L.5 à 8 : champ lexical de la violence « féroce, haïr, égorgés, sang » montrant les conséquences des actions des Européens sur la communauté tahitienne (remise en cause de leurs principes de partage, de l’absence d’individualisme ». On remarque une gradation au sein du champ lexical de la violence « importante, fureurs, folles, féroces » : destruction progressive de la communauté paisible des Tahitiens par l’intervention des Européens. Allitération en [f]  « fureurs, folles, féroce » : escalade de la violence qui aboutit un dernier mot de la phrase « sang » résumant bien ce qu’ont provoqué les Européens. On remarque aussi des verbes de processus « allumer , sont devenues , tu es devenu » : indique un changement d’état, une aliénation, une transformation des femmes tahitiennes à l’image de Bougainville et de ses hommes → pour exiger le départ des Européens, le Vieux Tahitiens fait le récit de leurs méfaits, des dégâts qu’ils ont occasionnés (« se haïr » - état d’esprit, « égorgés » - acte, « teintes de votre sang » - résultat)

Mouvement 3 (de la l.9 à la L.19) : la dénonciation de la volonté de conquête et de l’esclavage

L.9 : la phrase débute par l’affirmation de la liberté des Tahitiens « nous sommes libres », la liberté est pour eux le bien suprême, cette liberté est indestructible. La pratique de l’esclavage est exprimé explicitement « notre futur esclavage » (l.9), « esclaves » (l.10) et plus loin, « asservir » (l.18)

L.10 : « Tu n’es ni un dieu, ni un démon : qui es-tu donc pour faire des esclaves ? » : double négation qui sous-entend que Bougainville n’est qu’un homme et de ce fait, il n’a aucun droit sur les autres hommes (dénonciation de l’affirmation de supériorité des Européens qui expliquerait leur droit de mettre les autres peuples en esclavage : représentations de l’époque de Diderot), la question que le Vieux Tahitien adresse directement à Bougainville est directe et accusatrice (montre sa détermination et sa révolte)

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