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Stendhal Interet

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Par   •  5 Mai 2014  •  3 910 Mots (16 Pages)  •  720 Vues

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Intérêt littéraire

Si Stendhal puisa sa documentation dans “La gazette des tribunaux”, il s'astreignait aussi à lire chaque jour une page du Code civil qu'il prenait pour modèle contre le drapé un peu flou de la phrase romantique : «Je fais tous les efforts possibles pour être sec. Je veux imposer silence à mon cœur qui croit avoir beaucoup à dire. Je tremble toujours de n'avoir écrit qu'un soupir quand je crois avoir noté une vérité». S'il voulut échapper à l'emphase romantique, avoir un style sec, c'est qu'il était resté un homme du XVIIIe siècle, tendant à retrouver la sécheresse nerveuse de Voltaire, étant amateur, comme M. de La Mole, du «style sautillant mis à la mode par Voltaire» (page 439). En effet, pour lui, la forme était seconde par rapport à l'idée, à «l'âpre vérité» qu'il revendiqua dans son épigraphe. Il déclara aussi que «le naturel dans les discours est son beau idéal». Il avait horreur du pur pittoresque.

Son lexique est évidemment marqué par des mots ou expressions en usage au XIXe siècle et qui ne le sont plus aujourd'hui :

- «apprêter à rire à ce fripon» (page 515) : lui en donner l’occasion ;

- «avoir de belles façons» (page 365) : « de belles manières » (l’expression est encore en usage au Québec) ;

- « le bien dire de Julien » (page 207) : l’éloquence, l’habileté ;

- «de même» (page 28) : « aussi » (expression encore en usage au Québec) ;

- « être en commerce » : «ma pauvreté est en commerce avec leur richesse» (page 84) : « en lutte » ;

- «grivelé» (page 156) : le verbe « griveler » est employé ici dans le sens vieilli de « faire des profits illicites dans un emploi, dans une charge ;

- «haut mal» (page 188) : l’épilepsie ;

- «incidenter» (page 33) : « élever un incident dans le cours d’un procès, chicaner, faire des objections peu importantes » (Littré) ;

- « irréussite » (page 205) : « échec », « défaite » ;

- « jouer à croix ou pile » (page 368) : aujourd’hui, « à pile ou face » ;

- « lévite » : «un jeune lévite» (page 59) : « prêtre », « clerc », « séminariste » ;

- «roguerie» (page 326) : « morgue », « arrogance », « hargne » ;

- « scie » (page 35) : « on le vit constamment, dans la scie de son père, occupé à apprendre par cœur une bible latine » : c’est évidemment une scierie ;

- «tenir le dé» (page 47) : «diriger la conversation».

Stendhal employa aussi parfois des mots de la langue populaire :

- « faraud » (page 162) qu’il explique ainsi : « une espèce d’un naturel effronté et grossier ».

- «lisard» (page 31) : terme péjoratif, déformation de «liseur» ;

- «sur la brune» (page 32) : « au crépuscule » (au Québec, on dit «à la brunante») ;

- «bombardé» (page128) : « parachuté » dirait-on aujourd’hui ;

- «faire bouquer quelqu'un» (page 343) : « le contraindre à faire ce qui lui déplaît » ;

- « c’est du chenu ! » (page 530) : « c’est excellent ! », c’est fameux ! ».

On trouve des expressions latines dont certaines ne sont pas traduites : «Intelligenti pauca» (page 189 : «pour qui sait comprendre peu de mots suffisent») - «Vale et me ama» (page 189 : «Porte-toi bien et aime-moi») - «Adsum qui feci» (page 256 : «C'est moi qui l’ai fait») -« si fata sinant » (page 451 : « Si le destin le permet », hémistiche de Virgile [I, 19]) ; tandis que d’autres sont suivies de leur traduction (pages 190, 227, 260, 359).

On lit aussi de l'italien : «mezzo-termine» («moyen terme», «compromis» [page 55]) - «tutti quanti» (« tous tant qu’ils sont » [page 331]) - «disinvoltura» (« désinvolture » [page 342]) ; de l'anglais : «partner» (page 307) - «From this time forth I never will speak word» («À partir de maintenant, je ne dirai plus un seul mot.» qui est une citation d’”Othello” de Shakespeare [page 483]).

Contrairement à celui des écrivains romantiques en général et de Balzac, en particulier, le style de Stendhal est (du fait de la lecture quotidienne du Code civil?) si sobre qu’il se fait la plupart du temps oublier dans cette oeuvre qui est d’ailleurs, sans doute, son roman le plus dépouillé. Il se moquait du «style de roman» (page 102), du «style emphatique» (« tel est l’avantage du style emphatique : Mme de Fervaques n’était point étonnée du peu de rapport des réponses avec ses lettres » [page 443]), de «la harpe éolienne du style» (page 434). Quand, à son avocat, Julien recommande : « Pas de phrases » (page 512), c’est Stendhal qui parle.

Il conserva la grâce suprême de la discrétion, en particulier dans l’expression des réalités sexuelles :

- les pointillés qui, dans l’édition du Livre de poche, devraient se trouver page 102, entre «il fondit en larmes» et «Quelques heures après, quand Julien sortit de la chambre de Mme de Rênal, on eût pu dire, en style de roman, qu’il n’avait plus rien à désirer.» ; ceux de la page 383 qui sont suivis de cette question : « Qui pourra décrire l’excès du bonheur de Julien? Celui de Mathilde fut presque égal. » ;

- «Ainsi, après trois heures de dialogue, Julien obtint ce qu’il avait désiré avec tant de passion pendant les deux premières» (page 240) ;

et surtout dans l’évocation de l'exécution : «Tout se passa simplement, convenablement, et de sa part sans aucune affectation.» (page 539).

Dans la même volonté de discrétion, il utilisa souvent :

- des tours allusifs ;

- des raccourcis (les «etc. etc.», page 511 ; les points de suspension qui interrompent la défense de Julien au tribunal, page 514) ;

-

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