Socrate

INTRODUCTION

Socrate est aux yeux de tous le père de la philosophie grecque. Il n’a lui-même rien écrit, mais nous avons hérité de sa pensée grâce aux dialogues et textes de ses disciples le mettant en scène. Sa pensée rationnelle et sa grande sagesse lui ont valu d’innombrables ennemis, au point même où il a été traduit devant un tribunal populaire d’Athènes, en 399 avant notre ère. Deux types d’accusations pesaient contre Socrate : les accusations anciennes, qui l’accusaient d’être physicien et sophiste et les accusations récentes, qui l’accusaient de corruption de la jeunesse et d’impiété. Toutes ces accusations ont conduit les Athéniens à condamner Socrate à mort. Une fois en prison et du jour final, Socrate reçoit la visite de Criton, un ami qui lui propose de s’en fuir, donc d’enfreindre la loi.

Une question relevant de la philosophie pratique est dès lors posée. Doit-on toujours obéir aux lois? Cette question peut être à la fois d’ordre moral puisqu’elle relève du devoir, éthique puisqu’elle relève des valeurs ou politique puisqu’elle relève de la loi. Elle fait appel ici au concept du devoir. Cependant, le cas de Socrate est particulier, car il a été accusé ici injustement. Le concept de justice rentre donc aussi en cause. Socrate refuse de s’en fuir, même s’il ne mérite pas de mourir. Selon lui, les lois sont là pour être respectées, et sous aucun prétexte il ne faut s’y déroger. Nous sommes d’avis, comme Socrate, qu’il faut toujours obéir aux lois. Plusieurs arguments viennent étayer cette thèse, mais tout en glissant certains de ces arguments dans notre raisonnement, nous ne nous attarderons que sur : la dette envers les lois (qui fera appel aux concepts du devoir), cette argumentation parlera de l’obéissance des lois en général. Nous nous baserons aussi sur certains arguments de Criton pour constituer une opposition à ceux de Socrate, puis nous les réfuterons en réaffirmant notre thèse.

ARGUMENTATION

Avant de continuer plus loin, il y a lieu de se demander ce qu’est une loi. Le Larousse nous la définit comme une ‘prescription établie par l'autorité souveraine de l'État, applicable à tous et définissant les droits et les devoirs de chacun ’ Le problème avec cette définition est qu’elle est trop générale. Elle s’applique aux cas généraux, mais pas aux cas particuliers. Le cas de Socrate est un cas particulier. Pourtant, il soutient que même dans son cas, il faut obéir aux lois. Dans la mesure où la différence spécifique dans la définition du mot ‘loi’ est qu’elle est applicable à tous, nous sommes d’accord avec Socrate. La loi s’applique donc à la fois pour les cas généraux et pour les cas particuliers.

Maintenant que le concept de loi est défini, il y a lieu de se demander pourquoi il faudrait les respecter. La philosophie morale, celle qui relève du devoir est le principal fondement de cette démarche argumentative. Nous sommes d’avis qu’il faut toujours obéir aux lois, car nous avons une dette envers elles. C’est d’ailleurs ce que Socrate a expliqué à Criton quand celui-ci lui a demandé de s’évader. Socrate a utilisé plusieurs arguments pour convaincre son ami. Il a d’ailleurs ‘dialogué avec les lois’ pour mieux faire comprendre à son ami son point de vue. Premièrement, les lois créent, façonnent, guident l’être humain : « Ne reconnais-tu pas d’abord que c’est nous qui t’avons donné naissance, que c’est par notre entremise que ton père a pris la main de ta mère et qu’il t’a engendré ? […] Mais peut-être as-tu quelque chose à reprocher aux lois qui ont à voir avec le soin des enfants et avec l’éducation, cette éducation qui t’as toi-même formé ? » Ces arguments sont tout à fait légitimes, car peu importe l’époque dans laquelle on se trouve, les lois sont à l’origine de la personne que nous sommes. Prenons par exemple un contexte plus moderne :- C’est grâce aux lois que nous pouvons être reconnus légalement par nos parents, par exemple. Ou mieux ! C’est grâce aux lois que nos parents ont le droit de nous concevoir. (Il est vrai qu’au Canada ce n’est pas toujours le cas, mais dans d’autres sociétés, ce sont les lois sur le mariage qui permettent l’union de deux personnes et donc la procréation.) En ce sens, les lois nous créent. -Ensuite, ces mêmes lois nous façonnent. C’est grâce aux lois que nous sommes obligatoirement instruits jusqu’à l’âge de seize ans minimalement (Québec). Elles nous permettent l’éducation. Et à Athènes à l’Antiquité, comme le mentionne Socrate, ce sont les lois qui permettaient aux enfants d’avoir une éducation. Les lois nous éduquent et nous façonnent.Socrate fait donc comprendre à Criton qu’il est redevable aux lois. Il nous montre par là qu’une des valeurs qui lui tient à cœur est la loyauté. Le concept de devoir rentre donc en compte ici. Il faut donc se demander ce qu’est le devoir. Le Larousse définit le devoir comme suit : ‘Obligation particulière imposée par la morale, la loi, un règlement, les conventions sociales, etc. Cette définition permet de constater que le genre prochain de ce concept est ‘obligation’ mais que la différence spécifique est que cette obligation est imposée par une loi. Socrate a donc le devoir de respecter les lois, car ce sont ces lois qui ont fait de lui ce qu’il est. C’est en ce sens que nous pensons qu’il faut toujours obéir aux lois. En tant qu’êtres, nous leur devons tellement que ce n’est que naturel de leur obéir.

OBJECTIONS

En partant du début, la thèse dit : ‘Il faut toujours obéir aux lois’. Le mot ‘toujours’ porte problème ici, car cette thèse s’applique aux cas généraux, mais il y a toujours des cas particuliers qui y dérogent, que ce soit au temps de

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