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Satire d'une famille bourgeoise stéréotypée

Fiche de lecture : Satire d'une famille bourgeoise stéréotypée. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Avril 2015  •  Fiche de lecture  •  2 052 Mots (9 Pages)  •  786 Vues

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Problématique :

Nous analyserons comment l'originalité de cette double satire réside dans la dérision et les jeux langagiers.

Axe 1 : la satire d'une famille bourgeoise stéréotypée

- La satire d'une famille bourgeoise stéréotypée :

Petite phrase d'intro : Le titre « Familiale » inscrit le texte dans un microcosme, celui de la famille. Le terme comporte généralement des connotations positives (union, amour, cohésion, cocon, réconfort), autant de stéréotypes que Prévert vient bousculer, voire anéantir.

A - Une famille bourgeoise décomposée :

Le terme « affaires », qui scande le poème renvoie cette famille au monde des affaires, de la finance ; la mère semble au foyer et on peut reconnaître dans cette présentation un modèle de famille bourgeoise.

Cette famille quoique restreinte puisqu'elle ne compte que trois membres (père, mère et fils) semble désunie.

- la façon dont les noms et les pronoms qui les désignent sont généralement mis en relief à l'initiale du vers contribue à isoler chaque protagoniste ex : « Lui des affaires » au v 8

- la multiplication des emplois de la conjonction de coordination « et », loin d'unir deux personnes dans une activité similaire souligne, exhibe au contraire au point de non rencontre. Ex v 4 « Et le père »/ v 10 « Et le fils et le fils »

- absence de toute évocation de sentiment même face à la mort du fils qui ne semble pas perturber le reste de la famille : paradoxe des vers 19 et 20 : « Le père et la mère vont au cimetière/ Ils trouvent ça naturel le père et la mère ». Ce point trouve son paroxysme dans l'antithèse du dernier vers (comble du paradoxe, antithèse) : « La vie avec le cimetière ». Le cimetière, pourtant, évoque la disparition de l'un des membres et donc la véritable décomposition de la famille. Il convient du reste de remarquer que c'est le seul moment du poème où deux personnages partagent la même activité.

- A noter l'exclusion progressive du fils, d'abord éloigné physiquement et géographique du cercle familial, puis tué qui n'apparaît jamais lié aux autres même dans les reprises pronominales au pluriel.

- V 10 « Et le fils et le fils » l'isole/ vers 20 « Ils trouvent ça naturel le père et la mort » : fils réduit définitivement au silence.

B - une existence banale et monotone :

Chacun semble donc œuvrer dans son coin dans la plus grande indifférence (mondes cloisonnés) et mener une existence particulièrement ordinaire et routinière, totalement conformiste.

- le verbe « faire », passe partout, imprécis, désigne une activité quelconque. Ce terme signifie toute la banalité de la vie et sa répétition incessante, qui génère un effet de rengaine, contribue à traduire une grande monotonie. Ce jeu de répétitions, renchéri par le recourt au présent itératif, suggère une vie assez mécanique et présente les parents comme des automates englués dans leurs habitudes. Il en est de même avec les reprises du verbe « continuer », qui inscrit en outre cette monotonie dans la durée et la renforce, ou du verbe « trouver ».

- Cet emploi du verbe « trouver » dans le sens de considérer, penser, estimer contribue en outre à leur ôter toute capacité à la réflexion et au ressenti. Le terme déshumanise les individus et souligne leur indifférence.

- L'absence de ponctuation accentue le phénomène de simple juxtaposition des phrases et imitent ainsi la juxtaposition de ces individus qui ne se rencontrent pas, excepté au cimetière

- La banalité est également soulignée par des effets d'accélération aux vers 7 et 8 par exemple, qui reprennent les mêmes termes que les verbes précédents moins les verbes.

- La répétition du terme « naturel » exhibe également la banalité et l'absence de réflexion réelle chez les parents (esprits et cœurs comme aseptisés).

Phrase de transition entre l'axe 1 et l'axe 2 : On peut alors s'interroger sur le lien entre l'expression de cette banalité de l'existence et la dénonciation d'une certaine banalisation de la guerre.

II - Une dénonciation originale de la guerre :

Phrase d'intro : Pour mieux sensibiliser le lecteur, le poète inscrit donc sa dénonciation dans le cadre du microcosme familial, qui renvoie à une situation plus intime susceptible de faciliter l'adhésion du lecteur. Cette situation reflète ce que vivent de nombreuses familles au sortir de la guerre. Il convient d'ailleurs de remarquer que le présent qui peut avoir une valeur itérative, peut aussi s'interpréter comme un présent de généralité puisque le texte ne comporte aucune indication temporelle précise.

A - la critique de la banalisation de la guerre :

Prévert fonde une grande partie de sa dénonciation de la guerre sur une opposition constante entre l'évocation d'activités ordinaires, anodines et la guerre, activité à priori moins ordinaire qui se trouve cependant banalisée par l'attitude de cette famille.

- le verbe « faire », répété 8 fois, trouve un écho sonore dans le nom affaires dont on dénombre 10 occurrences. Cette insistance sur le terme « affaires » peut signifier le lien entre guerre et économie et donc dénoncer une éventuelle responsabilité des milieux bourgeois (motif économiques des guerres, + personnes qui profitent des conflits pour s'enrichir). La rencontre à la rime des termes « guerre » et « affaires » vers 7 et 8 le traduit également. On peut aussi signaler le polyptote « il fait des affaires ». Mais le recourt au verbe « faire » dans l'expression « faire la guerre », correspond à la reprise d'une expression lexicalisée, figée, et cherche à souligner combien on tend à concevoir la guerre, avec fatalisme, comme une banalité. La banalité du quotidien tend à absorber la guerre et ainsi à la dédramatiser. La mort se trouve banalisée de la même façon.

- Importance à ce titre de l'adjectif « naturel », renchéri par les anaphores des vers 4, 9 et 20 : la guerre ne vient jamais inquiéter les parents, ni les émouvoir.

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